Syrie : le régime contesté organise un référendum dans un pays meurtri par la violence

Le régime syrien contesté organisait dimanche un référendum sur une nouvelle Constitution tout en accentuant sa répression sanglante dans de nombreuses villes assiégées et bombardées pour étouffer une révolte qui ne faiblit pas depuis 11 mois.

Un Syrien vote pour le référendum sur la Constitution le 26 février 2012 à Damas. © AFP

Un Syrien vote pour le référendum sur la Constitution le 26 février 2012 à Damas. © AFP

Publié le 26 février 2012 Lecture : 3 minutes.

L’opposition et les militants pro-démocratie, qui exigent le départ du président Bachar al-Assad, ont appelé à boycotter le référendum raillé par l’Occident et dont la tenue a coïncidé avec de nouvelles violences ayant fait sept morts à Deraa, berceau de la révolte dans le Sud, et Idleb (nord-ouest).

La Croix-Rouge internationale devait de son côté reprendre les négociations avec l’opposition et les autorités pour évacuer les victimes, dont des journalistes occidentaux, piégées dans la ville meurtrie de Homs (centre), toujours sous le feu du régime.

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Les bureaux de vote pour le référendum sur une nouvelle Constitution, qui maintient de larges prérogatives au chef de l’Etat tout en supprimant la prééminence au parti Baas au pouvoir depuis un demi-siècle, ont ouvert à 07H00 (05H00 GMT), selon les médias officiels.

Plus de 14 millions de Syriens sont appelés à se prononcer sur le texte dont la mesure la plus spectaculaire est le remplacement de l’article 8 de la Constitution de 1973 -stipulant que le parti Baas "est le dirigeant de l’Etat et de la société"- par une disposition instaurant le "pluralisme politique".

Alors que les journalistes ne peuvent se déplacer librement en Syrie depuis le début le 15 mars 2011 de la révolte, la télévision d’Etat montrait des images de Syriens dans des bureaux de vote en affirmant qu’"un grand nombre" de votants s’y rendaient pour déposer leur bulletin.

"Je vote parce que c’est l’aboutissement des réformes du président et si cela réussit, on aura une démocratie (…)", a affirmé à l’AFP Balsam Kahila, 32 ans, qui votait au ministère des Finances où elle travaille à Damas.

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"Je vote malgré les gangs armés", a dit Mme Kahila. Elle reprend ainsi la version du régime qui, refusant d’admettre l’ampleur de la contestation, se targue de l’appui de son peuple pour venir à bout de la révolte assimilée à du "terrorisme" mené par des "gangs armés à la solde de l’étranger".

"Plaisanterie"

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Le référendum sur le projet de Constitution, qualifié de "plaisanterie" par Washington, s’inscrit dans le cadre des réformes promises par le régime, dont la crédibilité est néanmoins ternie, ayant à chaque annonce de réformes accentué la répression.

Dans la nouvelle loi fondamentale, le président garde d’importants pouvoirs. Il choisit le Premier ministre, indépendamment de la majorité parlementaire, et peut dans certains cas rejeter des lois.

L’article 88 prévoit que le président ne peut être élu que pour deux septennats, mais l’article 155 précise que ces dispositions ne s’appliqueront qu’à partir de la prochaine présidentielle prévue en 2014, ce qui permet en théorie à M. Assad de rester au pouvoir encore 16 ans.

Au moment où s’ouvrait les bureaux de vote, plusieurs obus tombaient sur le quartier antirégime de Baba Amr à Homs, dévastée par plus de trois semaines de pilonnage, au lendemain d’une journée de violences ayant fait près de 100 morts en grande majorité des civils selon l’OSDH.

C’est dans ce quartier que sont bloqués la journaliste française Edith Bouvier et le photographe Britannique Paul Conroy, blessés dans un bombardement mercredi qui a tué la reporter américaine Marie Colvin et le photographe français Rémi Ochlik. Les négociations ont jusque-là ont échoué.

"Il y a des explosions partout. Des snipers qui tirent sur tout ce qui bouge", a indiqué un militant à Baba Amr, Abou Bakr, joint sur Skype par l’AFP. "Les maisons sont détruites (…) Il n’y a pas d’électricité, pas d’eau, pas de communications, pas d’air frais".

Ailleurs dans le pays, les forces de sécurité menaient à Deir Ezzor (est) de nouvelles perquisitions à la recherche de militants antirégime, alors que dans la province de Deraa, des affrontements avaient lieu entre forces régulières et militaires dissidents, faisant cinq morts parmi les soldats, a ajouté l’ONG.

Un civil a en outre été tué par l’armée à Deraa, a ajouté l’ONG. De même à Hama (centre) et Idleb, des explosions et des tirs était entendus.

Le régime met surtout à profit les divisions internationales persistantes pour tenter d’étouffer la révolte, après le refus de Moscou et Pékin de toute ingérence en Syrie où la répression a fait plus de 7.600 morts en 11 mois selon l’OSDH.

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