En Algérie, les biens issus de la corruption sous Bouteflika mis aux enchères

Les possessions d’anciens hauts responsables de l’ère Bouteflika condamnés pour corruption vont être vendues aux enchères afin de rembourser au Trésor public une partie des sommes détournées.

L’ancien patron du secteur automobile, Mahieddine Tahkout, doit rembourser 309 milliards de dinars à l’État à la suite de sa condamnation. © DR

L’ancien patron du secteur automobile, Mahieddine Tahkout, doit rembourser 309 milliards de dinars à l’État à la suite de sa condamnation. © DR

Publié le 17 janvier 2024 Lecture : 2 minutes.

C’est une manne potentielle importante pour l’État. Des ventes aux enchères de biens appartenant à d’anciens hauts responsables et hommes d’affaires détenus dans le cadre d’affaires de corruption sont programmées, à partir de dimanche 21 janvier, par la Direction générale des domaines de cinq communes d’Alger. À savoir Zeralda, Cheraga, Draria et Bir Mourad Rais.

La récupération de ces biens, qui s’inscrit dans le cadre de l’exécution des jugements définitifs actés par la Cour suprême, avait déjà été marquée en fin d’année dernière par la mise en vente du centre commercial de Bab Ezzouar appartenant à Ahmed Mazouz, ex-oligarques du régime de Boutflika. Cette fois-ci, ce sont des meubles, des équipements électroménagers, vêtements et objets de luxe qui sont proposés aux enchères.

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Le seuil de valeur de la totalité des saisies est défini en fonction du préjudice causé au Trésor public. L’ancien patron du secteur de l’automobile, Mahieddine Tahkout, l’un des hommes d’affaires le plus influents sous la présidence d’Abdelaziz Bouteklika (1999-2019), doit par exemple un total de 309 milliards de dinars à l’État. C’est le plus gros montant de fonds détournés, estime la justice, à travers l’octroi d’avantages indus et de pots-de-vin qui ont servi à l’achat de véhicules de luxe, d’usines, de lots de terrains, de villas, d’hôtels, de bateaux de plaisance, de bijoux…

30 milliards de dollars recouvrés

Viennent ensuite les frères Kouninef – Réda, Noah-Tarek et Abdelkader-Karim –, proches de la famille Bouteflika, qui ont causé, toujours selon le dossier judiciaire, un préjudice au Trésor public s’élevant à plus de 275 milliards de dinars, suivis de près par Mourad Eulmi, ancien patron de Sovac, qui doit rembourser à l’État un total de 223 milliards de dinars.

Dans un discours prononcé en décembre 2023 devant les deux chambres du Parlement, le chef de l’État Abdelmadjid Tebboune a annoncé le recouvrement déjà effectif de l’équivalent de 30 milliards de dollars, notamment en argent liquide, en unités industrielles et en biens immobiliers localement et à l’étranger. En Algérie, ce ne sont pas moins de 4 200 biens immobiliers, 229 terrains agricoles, 401 lots de foncier industriel , 6 400 comptes bancaires, 99 titres bancaires, 25 yachts et bateaux , 4 203 bus et camions de gros tonnage, 821 véhicules utilitaires, 1 330 gros engins, 236 machines agricoles et 7 000 véhicules touristiques, ainsi que plusieurs dizaines d’usines et complexes touristiques et de sociétés de gestion de télévision qui ont été récupérés, selon un décompte du ministère de la Justice établi en décembre 2022.

Certains de ces biens font partie de ceux qui seront, progressivement, vendus aux enchères. À cela s’ajoutent les propriétés des anciens hauts responsables politiques et hommes d’affaires dont les jugements ne sont pas encore définitifs, ainsi que les biens mal acquis qui n’ont pas encore été débusqués ou ont été transférés à l’étranger, et pour lesquels 220 commissions rogatoires et demandes d’entraide judiciaire ont été délivrées au niveau d’une trentaine de pays.

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