Sénégal : l’Union africaine propose un compromis à la veille de la présidentielle

L’Union africaine a proposé une « feuille de route » prévoyant que le président sortant Abdoulaye Wade, 85 ans, à la candidature contestée, quitte le pouvoir dans deux ans s’il est réélu, pour mettre fin aux violences au Sénégal, à la veille du premier tour de la présidentielle.

Des partisans du président sortant Abdoulaye Wade, le 24 février 2012 à Dakar. © AFP

Des partisans du président sortant Abdoulaye Wade, le 24 février 2012 à Dakar. © AFP

Publié le 25 février 2012 Lecture : 3 minutes.

Cette proposition survient alors que le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, s’est dit samedi "inquiet" de la situation au Sénégal, espérant que l’élection serait "pacifique et transparente".

Elle a été faite par l’ex-président nigérian Olusegun Obasanjo, chef de la mission d’observation de l’UA et de la Communauté économique et monétaire des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao), selon le Mouvement du 23 juin (M23), coalition de partis d’opposition et d’organisations de la société civile.

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"Le président Obasanjo a introduit un élément nouveau, une feuille de route selon laquelle Abdoulaye Wade ne resterait que deux ans seulement au pouvoir s’il gagne la présidentielle dimanche", a déclaré à l’AFP Abdoul Aziz Diop, un responsable du M23.

La durée du nouveau mandat présidentiel est de sept ans.

Négociations

"Reste à savoir quelles garanties nous aurons pour qu’il parte effectivement dans deux ans. C’est sur ces garanties que vont porter les négociations à venir avec le président Obasanjo", a ajouté Abdoul Aziz Diop.

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La mission d’observation de l’UA n’était pas en mesure de confirmer ces informations, mais Olusegun Obasanjo devait s’exprimer lors d’une conférence de presse samedi soir.

"Nous avons toujours dit que nous étions prêts à la discussion pour qu’il y ait des élections libres et transparentes (…). Nous sommes disposés à discuter de toutes les questions", a répondu le porte-parole de la présidence sénégalaise, Serigne Mbacké Ndiaye, interrogé sur la radio sénégalaise RFM.

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A Paris, le chef de la diplomatie française Alain Juppé a estimé que "la durée excessive de l’exercice du pouvoir peut poser problème" au Sénégal, où Abdoulaye Wade est au pouvoir depuis douze ans, dans un entretien au magazine Jeune Afrique à paraître lundi.

"Il y a dans toute démocratie des moments où il faut bien organiser un passage de générations", a-t-il souligné, précisant que "la décision appartenait au peuple sénégalais".

"Tout sauf Wade" Le M23 n’a pas encore donné de réponse officielle à cette "feuille de route", dans l’attente de consulter ses nombreuses composantes.

"Notre souhait demeure que Abdoulaye Wade perde la présidentielle dimanche. La consigne du M23, c’est que les Sénégalais aillent voter massivement", a souligné Abdoul Aziz Diop.

Le collectif de jeunes "Y’en a marre" a aussi appelé de son côté à voter massivement, sans donner d’autre consigne que "tout sauf Wade".

La nouvelle candidature de M. Wade est jugée "illégale" par l’opposition, pour qui il a épuisé ses deux mandats légaux après son élection en 2000 et sa réélection en 2007. Ses partisans soulignent que des réformes de la Constitution en 2001 et 2008 lui donnent le droit de se représenter.

Violences

Les violences liées à sa candidature ont fait depuis fin janvier au moins six morts et des dizaines de blessés. Le M23 a parlé de "15 morts, 539 blessés".

Plusieurs candidats, dont le socialiste Ousmane Tanor Dieng et l’ex-Premier ministre Macky Sall, ont demandé à leurs militants de "sécuriser" leur vote pour éviter toute fraude avant la publication des résultats, faisant craindre des troubles autour des bureaux de vote.

Le président Wade lui-même a demandé aux jeunes de son parti de "protéger" ses bulletins pour que l’opposition ne puisse pas "saboter le scrutin", pour lequel 5,3 millions de Sénégalais sont appelés aux urnes.

Le camp présidentiel semble convaincu de l’emporter dès le premier tour dimanche, une perspective jugée "mathématiquement impossible" par l’opposition et qui pourrait enflammer les jeunes militants opposés à "Gorgui" (le vieux en wolof).

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