Au Maghreb, les évêques se disent prêts à bénir les couples de même sexe

La dernière Assemblée plénière des évêques d’Afrique du Nord se désolidarise de la fronde subsaharienne contre la déclaration vaticane qui suggère de bénir les couples en situation irrégulière.

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Publié le 17 janvier 2024 Lecture : 2 minutes.

Une nouvelle dissonance s’est fait jour, en ce début 2024, entre l’Afrique méditerranéenne et les pays au sud du Sahara, cette fois sur le terrain de l’Église catholique. Le 18 décembre dernier, dans une déclaration doctrinale intitulée « Fiducia supplicans » (« La confiance suppliante »), le Vatican autorisait, explicitement et pour la première fois, la bénédiction des couples homosexuels.

Le 11 janvier, réunis au Symposium des conférences épiscopales d’Afrique et de Madagascar (Sceam), des évêques africains manifestement outrés estimaient, par communiqué commun, que « les bénédictions extra-liturgiques proposées dans la déclaration Fiducia supplicans ne [pourraient] pas se faire en Afrique sans s’exposer à des scandales ». Et d’invoquer le nécessaire respect de « l’ethos culturel des communautés africaines ».

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Ce niet adressé au pape est-il assumé par tous les prélats africains ? Manifestement pas, si l’on en croit les évêques et vicaires généraux des dix circonscriptions ecclésiastiques d’Afrique du Nord réunis à Rabat du 11 au 15 janvier 2024. L’archevêque d’Alger, Mgr Jean-Paul Vesco, affirme que la position du Sceam n’est pas celle qu’il voulait transmettre à ses diocèses.

Si les autorités catholiques du Nord étaient évidemment conviées à ce symposium d’Afrique et de Madagascar, il se murmure que la conclusion de la rencontre aurait été d’attendre la deuxième quinzaine de janvier pour recueillir toutes les réactions et formuler une réponse commune à la déclaration du pape. L’Afrique du Nord aurait-elle été prise de vitesse ?

Des bénédictions, mais pas de mariage

Depuis le Maroc, les évêques du Maghreb valident, eux, l’invitation du Vatican à évaluer la pratique du discernement et à « approfondir les chemins concrets d’une pastorale de la réconciliation et de la communion ». En se déclarant explicitement ouverts à la bénédiction « des couples irréguliers et ceux de même sexe », ils s’émancipent ainsi du reste de l’Afrique…

Comme les autorités ecclésiastiques de Rome, la Conférence des évêques de la région Nord de l’Afrique (Cerna) s’empresse tout de même de mettre le point sur le « i » du mot « mariage ». L’autorisation de bénir des couples homosexuels consisterait à « implorer l’aide de Dieu » pour les pécheurs concernés, pas à ouvrir la voie à l’union de personnes de même sexe dans l’Église. Le secrétaire de la Cerna, le père Michel Guillaud, affirme d’ailleurs que « dans les sociétés d’Afrique du Nord, les unions homosexuelles sont impensables ».

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Le dimanche 14 janvier, pour la première fois depuis la publication du Fiducia supplicans, le pape François réitérait la nécessité pour l’Église d’accueillir tous ceux qui le souhaitent. Une manière de siffler la fin d’une récréation aux airs de schisme ? L’obéissance est une vertu dans la doctrine chrétienne…

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