Les pays du Maghreb réunis à Rabat pour donner un nouveau souffle à l’UMA

Stimulés par le vent de changement qui souffle sur la région, les chefs de la diplomatie des pays du Maghreb se sont réunis samedi à Rabat pour redynamiser l’UMA (Maroc, Algérie, Mauritanie, Tunisie, Libye), une organisation restée lettre morte près d’un quart de siècle après sa création.

Le ministre marocain des Affaires étrangères Saad-Eddine El Othamni à Rabat, le 18 février 2012. © AFP

Le ministre marocain des Affaires étrangères Saad-Eddine El Othamni à Rabat, le 18 février 2012. © AFP

Publié le 18 février 2012 Lecture : 3 minutes.

Stimulés par le vent de changement qui souffle sur la région, les chefs de la diplomatie des pays du Maghreb se sont réunis samedi à Rabat pour redynamiser l’UMA (Maroc, Algérie, Mauritanie, Tunisie, Libye), une organisation restée lettre morte près d’un quart de siècle après sa création.

Les ministres ont du notamment examiner l’avenir de cette organisation, destinée à devenir un vaste marché de libre-échange, et à préparer un sommet que la Tunisie souhaite tenir chez elle cette année.

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Le traité constitutif de l’UMA a été signé le 17 février 1989 à Marrakech, dans le sud du Maroc, mais son dernier sommet remonte à 1996. Au fil des années, une cinquantaine de conventions ont été signées entre les Etats membres sans pour autant atteindre les objectifs de ce groupement régional. Les relations difficiles entre les anciens dirigeants de cette région ont longtemps constitué une entrave à l’UMA. Mais, le printemps arabe a insufflé un nouvel esprit.

Un "nouvel ordre maghrébin"

"J’espère que 2012 sera l’année de l’UMA", a déclaré le président tunisien Moncef Marzouki lors d’une tournée la semaine dernière dans la région. "Nous allons oeuvrer cette année à rétablir la cohésion avec nos frères algériens, marocains, libyens et mauritaniens, dans le but de ressusciter le grand rêve de l’Union maghrébine, gelé depuis des années", a-t-il souligné lors de sa visite à Rabat.

Le roi Mohammed VI du Maroc a dit également souhaiter la création d’un "nouvel ordre maghrébin qui tienne compte des changements intervenus en Libye et en Tunisie".

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Le contexte s’y prête et les concertations se sont accélérées ces derniers temps entre les pays du Maghreb pour rapprocher les points de vues et baliser le terrain. D’ores et déjà, Rabat et Alger ont entamé un rapprochement, sans pour autant aboutir à un accord sur l’ouverture de leurs frontières terrestres fermées depuis 1994, ni sur le contentieux autour du Sahara occidental.

Ancienne colonie espagnole, le Sahara Occidental a été occupé en 1975 par Rabat comme partie intégrante de son territoire alors qu’Alger soutient le Front indépendantiste sahraoui Polisario. L’ONU mène actuellement des négociations pour parvenir à une solution internationale.

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Surmonter les problèmes

"Quand vous avez un problème que vous ne pouvez surmonter, il faut le contourner et le mettre entre parenthèse", a plaidé le président tunisien à propos de ce conflit vieux de 35 ans. Ce point de vue semble accepté par Alger et Rabat qui souhaitent mettre leur potentiel humain et économique en commun afin de réaliser avec leurs voisins une meilleure croissance.

Il a en va de même du rapprochement entre la Tunisie et la Libye, malgré les tensions à leurs frontières problèmes provoquées par l’insécurité de l’après-Kadhafi. Symboliquement, M. Marzouki a effectué sa première visite officielle à l’étranger à Tripoli, après sa nomination à la tête de l’Etat en décembre.

Dans ce vaste ensemble qui s’étend sur une superficie de plus de six millions de km2, avec une population de quelque cent millions d’habitants et un patrimoine en commun, chaque pays a des attentes par rapport aux autres alors que le commerce (hors pétrole) intra-régional reste insignifiant. Les échanges commerciaux inter-maghrébins représentaient en 2010 moins de 2% de l’ensemble de leurs échanges extérieurs, un des taux régionaux les plus bas du monde. Toutefois, l’Algérie couvre à 100% les besoins en énergie de la Tunisie.

Face aux attentes légitimes, les écueils restent néanmoins très importants sur la voie d’un nouveau Maghreb. Les nouveaux gouvernement installés à Tripoli et à Tunis connaissent les difficultés de l’après-révolution sur fond d’insécurité. Ce sujet devrait être discuté à Rabat, selon le chef de la diplomatie tunisienne Rafik Abdessalam.

Désormais dans ce nouvel ensemble, tant en Tunisie qu’au Maroc, les gouvernements appartiennent à la mouvance islamiste alors que dans la Libye post-Kadhafi, l’islam politique est une force montante.

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