Manifestation interdite au Sénégal : une dizaine de blessés dans des violences à Dakar

Une dizaine de personnes dont un policier ont été blessées vendredi dans des violences qui ont éclaté à Dakar lors de la dispersion de groupes de jeunes opposants qui tentaient de participer à une manifestation interdite contre un nouveau mandat du président sénégalais Abdoulaye Wade.

Kilifeu (c) l’un des membres Y’en a Marre arrêté par la police le 16 février à Dakar. © Mamadou Touré/AFP

Kilifeu (c) l’un des membres Y’en a Marre arrêté par la police le 16 février à Dakar. © Mamadou Touré/AFP

Publié le 18 février 2012 Lecture : 3 minutes.

Une dizaine de personnes dont un policier ont été blessées vendredi dans des violences qui ont éclaté à Dakar lors de la dispersion de groupes de jeunes opposants qui tentaient de participer à une manifestation interdite contre un nouveau mandat du président sénégalais Abdoulaye Wade.

Pour la quatrième journée consécutive, l’opposition avait appelé à manifester "massivement" dans le centre de Dakar contre la candidature à la présidentielle du 26 février de M. Wade, 85 ans et au pouvoir depuis 2000, candidature qu’elle juge anticonstitutionnelle.

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Tous les accès à la place de l’Indépendance où devait avoir lieu le rassemblement avaient été bloqués et l’esplanade était désertée, à l’exception de policiers à pied ou à bord de véhicules, dont des pick-up, un blindé et un camion anti-émeute. Très vite, dans les rues et avenues adjacentes, de petits groupes de jeunes, au départ des dizaines, puis des centaines, ont affronté à coups de pierre les forces de sécurité qui ont riposté avec des balles en caoutchouc, des gaz lacrymogènes et des canons à eau.

Youssou Ndour pris à partie par la police

Des jeunes ont mis le feu à des barricades de pneus, poubelles et détritus avant d’être dispersés par les policiers. Une foule entourant le chanteur et opposant Youssou Ndour a été prise à partie par des policiers. A un moment, son véhicule, entouré par la foule, s’est arrêté près d’un pick-up de policiers et le chanteur a fait mine de descendre. "Dégagez moi ça, dégagez moi ça!", a crié un policier. Des grenades lacrymogènes ont alors été tirées par la police sur la foule qui a riposté avec des pierres. Un policier a été touché à l’arrière la tête.

Pendant ces incidents, un journaliste de l’AFP a vu un autre policier sortir son pistolet de service et ouvrir le feu. Il a ensuite récupéré une douille de 9 mm au sol ainsi qu’une balle non percutée. La tension semblait retomber quand une grenade lacrymogène a été lancée dans une mosquée du quartier du Plateau (centre-ville), proche du marché Sandaga, provoquant la colère de centaines de fidèles, de jeunes et de badauds qui se trouvaient à proximité. De 200 à 300 personnes excédées criaient "Allahou akhbar (Dieu est grand)" ou encore, à l’adresse des policiers: "Vous dépassez les bornes". Plusieurs centaines de fidèles ont entamé un sit-in devant la mosquée où s’est produit l’incident.

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Parallèlement, des affrontements opposaient des manifestants qui lançaient des pierres aux policiers ripostant avec des balles en caoutchouc et des gaz lacrymogènes et un canon à eau. Des hommes en civil armés de fusils à pompe circulaient à bord de véhicules 4X4 noirs banalisés pour pourchasser les manifestants, a constaté un journaliste de l’AFP. Certains avaient le visage couvert d’une cagoule noire.

Deux journalistes parmis les blessés

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Ces violences ont fait, outre le policier, une dizaine de blessés parmi lesquels deux Occidentaux, dont un reporter-photographe, légèrement touché au bras, selon des journalistes de l’AFP. Une journaliste du quotidien privé L’Observateur, Sophie Barro, a également été blessée, selon son témoignage à l’AFP et Reporters sans frontières (RSF). Un journaliste de l’AFP a vu en début de soirée deux personnes blessées et inconscientes évacuées sur des civières. Des ambulances circulaient sirènes hurlantes dans le quartier de la mosquée.

Trois candidats à la présidentielle membres du Mouvement du 23 juin (M23, opposition et société civile) qui avait appelé à manifester, ont tenté de se rendre Place de l’Indépendance, mais ont été refoulés: l’ex-ministre des Affaires étrangères Ibrahima Fall, le maire Cheikh Bamba Dièye et l’ex-Premier ministre Idrissa Seck. M. Dièye a été brièvement interpellé par les policiers.

Comme pour toutes ses autres manifestations, le M23 a assuré avoir fait toutes les démarches "en bonne et due forme". Les manifestations dans le quartier administratif et des affaires du Plateau à Dakar, où sont situés la Place de l’Indépendance et le Palais présidentiel, sont interdites depuis juillet.

Abdoulaye Wade brigue un troisième mandat à la présidentielle face à 13 candidats d’opposition. Le M23 estime que M. Wade a épuisé ses deux mandats légaux et juge illégale sa nouvelle candidature, validée et confirmée fin janvier par le Conseil constitutionnel.

Quatre personnes ont été tuées en cinq jours dans les manifestations de mécontentement qui ont suivi la décision du Conseil constitutionnel.
 

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