Aux Comores, des heurts et un mort après la présidentielle

L’opposition a appelé la population à manifester pour contester la victoire du sortant Azali Assoumani à la présidentielle, alors que des affrontements ayant déjà fait un mort et cinq blessés se poursuivaient ce jeudi dans la capitale, Moroni.

Des manifestants opposés à la réélection du président Azali Assoumani détruisent une de ses affiches, lors de protestations à Moroni le 17 janvier 2024. © OLYMPIA DE MAISMONT / AFP

Des manifestants opposés à la réélection du président Azali Assoumani détruisent une de ses affiches, lors de protestations à Moroni le 17 janvier 2024. © OLYMPIA DE MAISMONT / AFP

Publié le 18 janvier 2024 Lecture : 2 minutes.

« Nous lançons l’appel à l’ensemble de la population de nos villes et villages pour faire » de ce vendredi 19 janvier « une journée nationale de protestation et de dénonciation de la mascarade électorale d’Azali [Assoumani] et son pouvoir », ont déclaré ce jeudi 18 janvier dans un communiqué commun les cinq candidats de l’opposition qui s’étaient présentés dimanche au premier tour de la présidentielle.

« La situation est extrêmement grave. Des victimes sont à dénombrer du côté de la jeunesse résistante », ont-ils poursuivi, appelant à manifester « après la prière du vendredi ». Une personne de 21 ans a été tuée « très probablement par balle », a déclaré le Dr Djabir Ibrahim, chef des urgences de l’hôpital Maarouf de Moroni. Cinq autres ont été blessées, dont l’une souffrant d’« un traumatisme thoracique grave avec pronostic vital engagé », a-t-il poursuivi.

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Moroni, épicentre de la contestation

Ce jeudi, des tensions sporadiques entre groupes de dizaines de jeunes et forces de l’ordre se poursuivaient à Moroni, épicentre de la contestation depuis deux jours. Police, gendarmerie et armée sont déployées en nombre. Dans les ruelles du centre, des groupes de jeunes hommes, le visage souvent dissimulé, ont jeté des pierres en direction des forces de l’ordre, qui ont répliqué avec des tirs de gaz lacrymogène.

Mercredi, les heurts s’étaient déjà multipliés dans plusieurs quartiers de la ville. Des bâtiments ont été vandalisés et incendiés : la maison d’un ministre, des locaux d’une entreprise d’État, un entrepôt de riz. Certains manifestants ont déchiré des affiches électorales du président réélu. Des barrages de fortune faits d’amas de pierres et de bouts de bois ont été dressés sur les routes.

Des arrestations

Plusieurs arrestations ont eu lieu, mais aucun détail n’a été rendu public. Un couvre-feu nocturne a été instauré sur les trois îles du pays (Grande-Comore, Anjouan et Mohéli) mercredi soir et jusqu’à une date indéterminée. La connexion à internet est largement perturbée depuis mercredi, l’accès aux réseaux sociaux est notamment réduit.

Azali Assoumani a été réélu dimanche au premier tour avec 62,97 % des voix, mais avec un taux de participation de 16,3 % seulement, selon les chiffres officiels annoncés mardi soir. Cette victoire doit lui permettre de rempiler pour un troisième mandat consécutif et de rester au pouvoir jusqu’en 2029. L’opposition, qui réclame l’annulation du scrutin, a dénoncé des « fraudes grossières » et des « bourrages d’urnes ».

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L’ONU et l’UE appellent au calme

« Nous saluons le courage de ces jeunes », a déclaré le candidat à la présidentielle Daoudou Abdallah Mohamed, précisant qu’il ne s’agit pas d’une « contestation organisée mais nous sommes solidaires du mouvement spontané ». L’ONU a appelé mercredi « au calme », exhortant les autorités comoriennes à protéger le droit de manifester et les « principes démocratiques ». L’Union européenne a appelé « toutes les parties à poursuivre le processus de manière pacifique ».

Arrivé à la tête du pays en 1999 par un coup d’État, Azali Assoumani avait été élu une première fois en 2002. Après s’être un temps éloigné du devant de la scène, il est revenu au pouvoir en 2016. Il est aussi le président en exercice de l’Union africaine, et ce jusqu’en février.

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(Avec AFP)

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