Maroc : le boxeur Zakaria Moumni gracié par le roi et libéré
L’ancien champion de boxe light-contact Zakaria Moumni a été gracié et libéré samedi par le roi Mohammed VI, après 17 mois de détention au Maroc, un procès jugé « inéquitable » et une campagne de soutien internationale.
A sa sortie de la prison de Salé, près de Rabat, M. Moumni, marié à une française et qui vivait en France jusqu’à son arrestation, s’est déclaré "très heureux".
"Je sens que je suis né de nouveau. Je suis heureux, très heureux. J’ai été informé il y a quelques minutes", a déclaré à l’AFP l’ex-champion qui devait être libérable en avril 2012.
"Je vais retrouver ma femme et ma famille. Je vais retrouver ma vie de nouveau", a-t-il ajouté, visiblement ému. Son épouse, Taline, qui vit en France où elle n’a pas arrêté de se battre dans les médias et auprès des ONG pour la libération de son mari incarcéré, a été la première à annoncer la relaxe de son mari.
"Il sera libéré aujourd’hui, là, dans quelques minutes. Je suis émue, heureuse, très heureuse. On va reprendre notre vie comme avant", a déclaré Taline, jointe par l’AFP depuis Paris.
"Je ne peux pas dire qui m’a informé de la décision de grâce parce que je lui ai promis la discrétion. Mais Zakaria est libre. Il a été gracié", a-t-elle poursuivi.
Zakaria Moumni, 31 ans, champion mondial de boxe light-contact en 1999, avait été arrêté en septembre 2010 dès son arrivée par avion au Maroc. Il affirme avoir signé sous la torture les aveux selon lesquels il aurait soutiré à deux Marocains 1.200 euros, en échange de la promesse de leur trouver du travail en Europe.
Lors des audiences, il a nié connaître ses accusateurs. Condamné en première instance à 36 mois de prison ferme en octobre 2010, sa peine avait été réduite en appel à 30 mois en janvier 2011. A nouveau condamné en appel en décembre, l’ex-champion devait être libéré en avril.
Des tortures et un procès "inéquitable"
Durant les audiences de son procès, le boxeur a régulièrement mis en cause la Direction de la surveillence du territoire (DST, renseignements), accusant son directeur, Abdellatif Hammouchi, de l’avoir torturé pendant quatre jours dans un centre de détention secret à Témara, près de Rabat.
A sa sortie de prison samedi, M. Moumni a été accueilli par des militants des droits de l’homme. Son père et sa mère, qui vivent au Maroc et qui n’étaient pas au courant de sa grâce, l’ont rejoint.
Sa femme, Taline Moumni, a toujours affirmé que son mari avait été condamné pour avoir "dénoncé la corruption au sein de la fédération marocaine de boxe" et pour avoir réclamé "un poste de conseiller sportif" dans l’administration, "poste auquel il avait droit en application d’un décret royal de 1967", ce que le gouvernement contestait.
Plusieurs ONG avaient qualifié son procès d’"inéquitable".
"On se réjouit de sa libération. Son procès était manifestement inéquitable. Moumni n’aurait jamais dû être en prison", a déclaré à l’AFP Eric Goldstein, le chef adjoint du bureau Maghreb Moyen-Orient de Human Rights Watch (HRW).
"Nous espérons que d’autres personnes condamnées dans des procès injustes bénéficieront de telles grâces", a ajouté M. Goldstein.
En janvier dernier, l’épouse de Zakaria Moumni avait appelé le roi à gracier son mari, lors d’une conférence de presse organisée à Paris par un collectif d’ONG.
Celles-ci avaient déclaré que cette affaire était un "très mauvais signal envoyé par les autorités marocaines, en contradiction avec le discours officiel d’ouverture et de respect des droits de la défense".
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