Nigeria : Boko Haram menace d’attaquer Sokoto et rejette le dialogue

Le groupe islamiste nigérian Boko Haram a menacé samedi de lancer à Sokoto (nord-ouest) des attaques semblables à celles menées à Kano qui ont fait 185 morts si des « membres du groupe ne sont pas libérés », et a rejeté le dialogue avec le président Goodluck Jonathan.

Des motocyclistes roulent dans une rue de Maiduguri le 28 juillet 2010. © AFP

Des motocyclistes roulent dans une rue de Maiduguri le 28 juillet 2010. © AFP

Publié le 29 janvier 2012 Lecture : 3 minutes.

Le groupe islamiste nigérian Boko Haram a menacé samedi de lancer à Sokoto (nord-ouest) des attaques semblables à celles menées à Kano qui ont fait 185 morts si des "membres du groupe ne sont pas libérés", et a rejeté le dialogue avec le président Goodluck Jonathan.

Un homme affirmant s’exprimer au nom du groupe a affirmé que l’appel récent du président Jonathan à entamer le dialogue n’était "pas sincère" car le jour où le chef de l’Etat s’exprimait, "un nombre important de nos membres a été arrêté à Sokoto (nord)".

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S’ils ne sont pas libérés, Boko Haram "lancera à Sokoto des attaques semblables aux grandes attaques menées à Kano", a déclaré le porte-parole présumé du groupe, Abul Qaqa, lors d’une conférence audio avec des journalistes à Maiduguri.

Sokoto, capitale de l’Etat éponyme, est notamment le siège du sultan de Sokoto, plus haute autorité religieuse musulmane au Nigeria. La ville compte près de 600.000 habitants.

Vivement critiqué pour avoir échoué à endiguer la vague de violences meurtrières au Nigeria, le président Jonathan a dit dans une interview cette semaine que Boko Haram devait clarifier ses revendications pour un éventuel dialogue. Dans le même temps, les forces armées ont poursuivi leurs opérations contre les extrémistes.

Et la tension reste vive dans le nord du Nigeria où onze membres de Boko Haram ont été abattus samedi par des militaires à Maiduguri, dans l’extrême nord-est du pays. "Lors d’une opération de recherche menée par la Force d’intervention conjointe (JTF), onze membres de Boko Haram ont été tués", a déclaré auparavant par téléphone à l’AFP le lieutenant Colonel Hassan Mohammed, selon qui les forces de l’ordre n’ont subi aucune perte.

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Boko Haram contredit la version de l’armée

Mais le groupe islamiste, qui a revendiqué récemment une série de raids sanglants, a contredit la version donnée par l’armée nigériane. "Il est vrai que des soldats ont tué 11 de nos membres aujourd’hui à Maiduguri. Ils ont été individuellement arrêtés dans leurs maisons dans la banlieue de Shehuri dans des raids menés par la JTF et ont été abattus", a déclaré le porte-parole présumé de Boko Haram, Abul Qaqa. Il a affirmé que les membres de Boko Haram abattus "n’étaient pas armés".

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Capitale de l’Etat de Borno (extrême nord-est du Nigeria), Maiduguri est sous état d’urgence depuis le 31 décembre, sur décision du président Jonathan. Cette ville est généralement considérée comme le berceau du mouvement Boko Haram.

Auteur ces derniers jours de plusieurs attaques sanglantes, notamment à Kano le 20 janvier (185 morts), le mouvement islamiste s’était soulevé dans plusieurs Etats du nord à l’automne 2009 mais avait été décimé, notamment à Maiduguri, lors d’une répression féroce des forces de sécurité fédérales qui avait fait environ 900 morts.

Vendredi, un policier avait été tué à Kano. Des hommes armés avaient tiré sur un commissariat, avant l’entrée en vigueur du couvre-feu décrété à la suite de la tuerie du 20 janvier. Les commissariats avaient déjà été la principale cible des attaques du 20 janvier et un autre poste de police avait été visé mardi, un incident qui avait officiellement fait trois blessés.

Les menaces d’Abubakar Muhammad Shekau

L’attaque de vendredi n’a pas été revendiquée mais tout laisse penser qu’elle était l’oeuvre de militants de Boko Haram: la veille, Abubakar Muhammad Shekau – chef présumé du mouvement – avait menacé dans un message diffusé sur YouTube de lancer de nouvelles attaques en représailles à des raids menés selon lui par des militaires contre des séminaires islamiques de Maiduguri.

Il avait à cette occasion revendiqué les opérations du 20 janvier: "nous sommes responsables" de ces attentats (…) "Je l’ai ordonné et je donnerai cet ordre encore et encore. Dieu nous a donné la victoire". Le groupe veut l’instauration d’un Etat islamique dans le nord du Nigeria, économiquement défavorisé et à majorité musulmane, tandis que le sud, où se trouve également la région pétrolifère du premier producteur d’Afrique, est à dominante chrétienne.

Selon l’ONU, des liens existeraient entre ces islamistes et la branche maghrébine d’Al-Qaïda, Aqmi. Beaucoup soulignent cependant que Boko Haram est la résultante de problématiques strictement nigérianes, politiques notamment.

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