Au Sénégal, Karim Wade dans le déni
Alors que le Conseil constitutionnel a écarté sa candidature à la présidentielle du 25 février, le fils de l’ancien président affirme qu’il participera « dans tous les cas » et « d’une manière ou d’une autre » au scrutin.
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Damien Glez
Dessinateur et éditorialiste franco-burkinabè.
Publié le 22 janvier 2024 Lecture : 2 minutes.
Dans la politique africaine, les parcours de « fils de » et les polémiques sur la nationalité des présidentiables se suivent et ne se ressemblent pas. Alors que les enfants de Gnassingbé Eyadéma ou d’Idriss Deby Itno sont installés sur des trônes présidentiels chauffés par leurs pères et que le fils d’Omar Bongo Ondimba a dû lâcher la rampe suprême, l’aîné d’Abdoulaye Wade défend, lui, sa légitimité à devenir chef de l’État sénégalais. Dans son cas, c’est un défaut présumé de « sénégalitude » qui lui barre la route.
En effet, le nom de Karim Wade ne figure pas sur la liste définitive des vingt candidats publiée, ce samedi, par le Conseil constitutionnel du scrutin présidentiel du 25 février. Si l’ancien « super ministre » a officiellement renoncé, le 23 octobre dernier, à sa nationalité française, par une démarche auprès du consul près de l’ambassade de France à Doha, la justice sénégalaise s’est arc-boutée sur la date du 16 janvier, à laquelle la publication d’un décret au Journal officiel français a officialisé le fait qu’il était exclusivement sénégalais.
Réquisitoire et recours
Sur les réseaux sociaux, le quinquagénaire a dégainé l’artillerie rhétorique lourde, évoquant une décision « scandaleuse », une « atteinte flagrante à la démocratie » sous des « prétextes fallacieux », le « viol » d’un « droit fondamental », une « nouvelle atteinte » aux « droits de l’homme » après « une détention arbitraire », un « procès inéquitable devant une cour d’exception », « un exil forcé » de sept ans et un « complot judiciaire ». Il n’entend pas désarmer.
Au niveau national, en même temps qu’il demande à ses « militants », « sympathisants » et « alliés » de rester mobilisés pour engager « le combat contre l’injustice et pour la restauration de l’état de droit », Karim Wade appuie la mise en place, sur demande des députés du Parti démocratique sénégalais (PDS), d’une commission d’enquête parlementaire pour faire toute la lumière sur « des soupçons de conflits d’intérêts et de collusion de certains membres du Conseil constitutionnel ». Sur le plan sous-régional, il annonce saisir la Cour de justice de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao).
Chemins de traverse
Volontariste jusqu’à l’incongruité, le fils d’Abdoulaye Wade affirme qu’il participera « dans tous les cas » et « d’une manière ou d’une autre » au scrutin du 25 février. Les autorités scruteront certainement avec vigilance les chemins de traverse que le quinquagénaire recalé pourrait emprunter.
Cette première élection présidentielle sénégalaise sans candidat sortant pourrait être « hantée » par l’ombre de ceux qui y ont renoncé ou en ont été exclus : Macky Sall, Ousmane Sonko et Karim Wade. Il reste à savoir si l’absence officielle du troisième nom des bulletins de vote émouvra les rues et les réseaux sociaux.
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