Le Cameroun lance la vaccination systématique contre le paludisme, une première mondiale

Le Cameroun a lancé ce 22 janvier la première campagne de vaccination systématique et à grande échelle au monde contre le paludisme. Une « étape historique », selon l’OMS.

Un nourrisson reçoit sa première dose de vaccin contre le paludisme au centre hospitalier de Soa, au Cameroun, le 22 janvier 2024. © ETIENNE NSOM / AFP

Un nourrisson reçoit sa première dose de vaccin contre le paludisme au centre hospitalier de Soa, au Cameroun, le 22 janvier 2024. © ETIENNE NSOM / AFP

Publié le 22 janvier 2024 Lecture : 3 minutes.

C’est sous les encouragements et les chants des infirmières de l’hôpital de Soa, à 20 km de la capitale Yaoundé, que Noah Ngah, un nourrisson de six mois, a reçu sa première injection du vaccin RTS,S. Ce dispensaire est l’un des nombreux centres de vaccination de 42 districts déclarés « prioritaires » par le gouvernement, qui lançait ce 22 janvier la première campagne de vaccination systématique et à grande échelle au monde contre le paludisme. « Certains parents sont réticents, mais moi je sais que les vaccins sont bons pour les enfants », a confié, soulagée, la mère de Noah, patientant ensuite pour la sœur jumelle de ce dernier, Judith.

Le paludisme, ou malaria, est une maladie transmise à l’être humain par les piqûres de certains types de moustiques. Elle tue plus de 600 000 personnes chaque année, dont 95% en Afrique, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Sur le continent, les enfants de moins de cinq ans comptent pour plus de 80% des décès.

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Vaccination gratuite

Plus de 300 000 doses du vaccin antipaludique RTS,S du groupe pharmaceutique britannique GSK, le premier à avoir été validé et recommandé par l’OMS, avaient été livrés au Cameroun le 21 novembre. Il a fallu deux mois pour organiser le début de cette campagne durant laquelle l’injection antipaludique est proposée gratuitement, selon le gouvernement, et systématiquement à tous les enfants de moins de six mois, en même temps que les autres vaccins classiques.

Le RTS,S a été testé depuis 2019 dans des « programmes pilotes » dans trois pays africains, le Kenya, le Ghana et le Malawi, dans un nombre limité de lieux. Le programme pilote avait « entraîné une baisse spectaculaire de 13% de la mortalité, toutes causes confondues, chez les enfants en âge de recevoir le vaccin, ainsi qu’une réduction substantielle des formes graves du paludisme et des hospitalisations », concluait l’OMS en novembre.

Le Cameroun « est le premier pays au monde à introduire directement la vaccination contre le paludisme », s’est enthousiasmée à Genève (Suisse) Aurélia Nguyen, directrice des programmes de Gavi, qui finance le lancement de cette première campagne coordonnée par l’OMS.

En Afrique, « un enfant de moins de cinq ans meurt du paludisme pratiquement toutes les minutes », souligne l’OMS, qui salue lundi « l’introduction » du vaccin « dans les programmes de vaccination essentiels » et « de routine » dans les pays à risque. Les prochains pays à se lancer dans la vaccination à grande échelle, dans les jours ou semaines qui viennent, après avoir déjà reçu 1,7 million de doses de RTS,S, sont le Burkina Faso, le Liberia, le Niger et la Sierra Leone.

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« La mise en œuvre à grande échelle de la vaccination antipaludique » est « une étape historique » qui « pourrait changer la donne en matière de lutte contre le paludisme et sauver des dizaines de milliers de vies chaque année », estimait l’OMS fin novembre. « Une avancée révolutionnaire » et « une lueur d’espoir », a salué son directeur général Tedros Adhanom Ghebreyesus, à l’occasion de la livraison du RTS,S au Cameroun.

« Cette solution sauve des vies »

Reste la question de l’acceptation du vaccin par les populations. Les données du projet pilote au Kenya, au Ghana et au Malawi ont « montré l’innocuité et l’impact du vaccin RTS,S » et « fourni des éléments sur l’acceptation du vaccin et son adoption » par les populations, ce qui a permis à l’OMS d’en recommander un deuxième le 2 octobre 2023, « le R21, fabriqué par le Serum Institute of India (SII) », écrit l’OMS.

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« La malaria est une telle tueuse que les populations concernées l’ont accepté massivement », assure au Kenya le Dr Willis Akhwale, conseiller spécial du comité kényan du fonds mondial End Malaria, coprésidé par Bill Gates. « Ce n’est pas encore la solution miracle attendue (…) mais même avec une efficacité de 40%, elle sauve des vie ».

« Le vaccin a été largement accepté », renchérit au Malawi Maziko Matemba, nommé par le gouvernement « ambassadeur de la Santé » pour les communautés. « Il y a toujours beaucoup de sceptiques lors de ce genre d’annonces mais, jusqu’à présent, nous n’avons rien eu de tel concernant » le test du RTS,S, ajoute-t-il.

(Avec AFP)

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