En Algérie, l’opposition demande des garanties avant la présidentielle

À moins d’un an de l’élection présidentielle prévue en décembre, plusieurs partis montent au créneau pour réclamer des garanties de transparence.

La secrétaire générale du Parti des travailleurs, Louisa Hanoune (à droite) et Zoubida Assoul, présidente du parti l’Union pour le changement et le progrès (UCP). © DR

La secrétaire générale du Parti des travailleurs, Louisa Hanoune (à droite) et Zoubida Assoul, présidente du parti l’Union pour le changement et le progrès (UCP). © DR

Publié le 23 janvier 2024 Lecture : 3 minutes.

Jusqu’à présent, rares ont été les formations politiques qui abordaient ouvertement la question du prochain scrutin présidentiel prévu à la fin de 2024. « C’est comme si le sujet relevait du tabou », dénonçait d’ailleurs mi-septembre Zoubida Assoul, présidente de l’Union pour le changement et le progrès (UCP).

Lors de son discours du 25 décembre 2023 devant les deux chambres du Parlement, même le chef de l’État Abdelmadjid Tebboune, interpellé par un député lui enjoignant de se représenter à un second mandat, est resté évasif sur ses intentions vis-à-vis de cette échéance, laissant seulement entendre que ce rendez-vous électoral se déroulera correctement. « Ça sera positif, si Dieu le veut », répond-t-il ce jour-là au parlementaire.

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Alors, scrutin ouvert ou joué d’avance ? Le président du Rassemblement pour la culture et la démocratie, principal parti d’opposition, Atmane Mazouz, est convaincu que c’est plutôt le deuxième scénario qui se profile. « Je ne crois pas à la volonté des autorités d’organiser une élection ouverte et transparente, développe pour Jeune Afrique le numéro un du RCD. Au sein du parti, il y a aussi de sérieuses et légitimes préoccupations liées à la transparence, la représentativité et la légitimité du processus démocratique dans notre pays. Cela pourrait susciter des inquiétudes quant à l’équité de la compétition politique et à la possibilité pour tous les citoyens de participer pleinement au choix souverain de leur représentant à la fonction suprême de l’État. »

Atmane Mazouz, qui revendique la création d’une structure indépendante pour superviser l’organisation du scrutin présidentiel, pense qu’une élection « fermée en Algérie pourrait entraîner de graves conséquences sur la stabilité institutionnelle et l’image du pays, déjà largement ternie par des décennies de fraudes, de non légitimité et d’autoritarisme, notamment après le processus révolutionnaire de février 2019. »

« Garantir l’égalité des chances »

La secrétaire générale du Parti des travailleurs, Louisa Hanoune, ajoute d’autres exigences. À savoir une ouverture du champ politique et médiatique susceptible « de permettre une confrontation des idées qui offrira aux Algériens la possibilité de faire leur choix librement », ainsi que des mesures d’apaisement. En premier lieu, la libération des détenus d’opinion. Dans le cadre de l’urgence à restaurer « la confiance entre les citoyens et les gouvernants » le Front des forces socialistes (FFS) insiste de son côté sur la nécessaire abrogation de l’article de l’article 87 bis du code pénal, qui constitue selon le plus vieux parti de l’opposition « une épée de Damoclès au-dessus de la tête des partis et personnalités politiques ». Le parti en appelle aussi à « l’arrêt de la cabale judiciaire contre les activistes et militants politiques ».

En sus d’une autorité électorale indépendante dotée de moyens technologiques et médiatiques, Zoubida Assoul, présidente du parti l’Union pour le changement et le progrès (UCP), pense quant à elle que le respect strict de la loi interdisant l’utilisation des deniers publics à des fins électoralistes et une révision du dispositif électoral pourraient « garantir l’égalité des chances entre les postulants à la magistrature suprême, rompre avec les dérives des scrutins précédents et garantir une élection présidentielle reflétant réellement le choix du peuple ». Zoubida Assoul précise toutefois que sa formation politique n’appellera pas « le régime à ouvrir les champs politiques et médiatiques. Nous n’attendons pas cela de sa part. Nous appelons les citoyens à prendre leur responsabilités et à un sursaut démocratique en Algérie avant la présidentielle. »

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Pour l’instant, le pouvoir ne s’est pas prononcé sur ces doléances des partis politiques, s’attelant plutôt à soigner son électorat, à travers la mise en œuvre de multiples mesures visant à améliorer le pouvoir d’achat des Algériens.

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