Tchad : opposition unie pour les premières élections locales de son histoire

Un million de Tchadiens sont attendus aux urnes dimanche pour les premières élections locales de l’histoire du pays, où les maires étaient jadis nommés par le pouvoir, et où l’opposition a enfin réussi à s’unir.

Publié le 22 janvier 2012 Lecture : 2 minutes.

L’opposition avait boycotté la présidentielle d’avril 2011 (83,59% au 1er tour), qui avait vu la réélection écrasante du président Idriss Deby Itno, après des législatives contestées en février avec la victoire écrasante du parti présidentiel (Mouvement patriotique du Salut -MPS), présente des listes communes. Cette fois-ci, nul question de boycott.

"On s’est regroupés parce qu’il y a un réel enjeu. Pouvoir contrôler les villes est une étape essentielle avant 2016 (date des prochaines présidentielles et législatives)", affirme Saleh Kebzabo, principale figure de l’opposition.

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Longtemps miné par des rebellions, le Tchad, Etat largement désertique de 11,1 millions d’habitants, compte parmi les plus pauvres du monde, la manne pétrolière ne profitant pas au plus grand nombre, depuis le début de l’exploitation en 2003.

Le principale coalition de l’opposition, la CPDC (Coordination des partis politiques pour la défense de la constitution) qui regroupe 16 partis, présente 32 candidats dans les 42 communes concernées par le scrutin.

"L’opposition a des chances de l’emporter", estime M. Kebzabo. Mais il met en garde contre la fraude électorale. Selon lui, soulignant le MPS a "des gens qui ont plusieurs cartes qui et qui pratiquent le vote multiple".

L’opposant reproche aussi à "l’Etat de ne pas payer nos subventions et le cautionnement des élections précédentes. Ce qui n’est pas peu pour des partis démunis comme les nôtres. On nous a asséché complètement, nous faisant arriver les poches vides aux communales".

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Le parti au pouvoir confiant

"Quand on peur de l’échec, on crie au loup. Nous n’avons pas besoin de fraude pour gagner", affirme Payimi Beubet Kalzeube, haut cadre du MPS. "Nous sommes les seuls à présenter des candidats sur toute l’étendue du territoire. Nous sommes confiants que la victoire sera là comme lors de la présidentielle et des législatives".

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"Le scrutin va bien se dérouler (…) même si certains leaders politiques crient déjà aux fraudes sans apporter de preuves tangibles. Ils ont peur de la défaite", a aussi jugé le secrétaire national du MPS chargé des relations avec les partis politiques, Ali Haroun.

Quatre autres formations de l’opposition, en coalition, présente des listes communes dans deux arrondissements de N’Djaména et dans quelques communes du pays.

Il s’agit de la Fédération action pour la république (FAR) de Ngarlejy Yorongar, du Parti Africain pour la justice sociale (PAP/JS) de Valentin Néatobei Bidi du Mouvement des patriotes tchadiens pour la république (MPTR) de Brice Mbaimon Guedmbaye et de l’Action tchadienne pour l’unité et le socialisme (Actus) de l’ancien Premier ministre Abdelkerim Fidèle Moungar.

Le Coordonnateur national de l’Actus (petit parti d’opposition) François Iré Kertoumar estime: "Nous participons à cette élection tout en émettant des doutes sur la transparence".

Ces élections locales, initialement prévues en juin, ont été annoncées en août, puis fixées au 16 octobre 2011 avant d’être reportées au 27 novembre, puis au 15 janvier et enfin au 22 janvier.

Lors des législatives du 13 février, le MPS a raflé 113 des 188 sièges de l’Assemblée nationale. Idriss Deby qui a été réélu pour un 4e mandat, est arrivé au pouvoir par un coup d’Etat en 1990 après avoir renversé le dictateur Hissène Habré. Il bénéficie du soutien de la France, présente au Tchad presque sans discontinuité depuis 1960.

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