Madagascar : l’ex-président Ravalomanana empêché de rentrer au pays

L’ex-président malgache Marc Ravalomanana n’a pas pu rentrer dans son pays samedi après près de trois ans d’exil, l’avion qui devait le ramener à Antananarivo ayant du faire demi-tour et revenir à Johannesburg.

Marc Ravalomanana lors d’une conférence de presse le 20 janvier 2012 à Johannesburg. © AFP

Marc Ravalomanana lors d’une conférence de presse le 20 janvier 2012 à Johannesburg. © AFP

Publié le 21 janvier 2012 Lecture : 3 minutes.

"Le vol n’a pas été autorisé à entrer dans l’espace aérien de Madagascar", a dit à l’AFP Karin Murray, porte-parole de SA Airlink, une filiale de la compagnie nationale sud-africaine SAA.

L’avion est directement rentré à Johannesburg peu après 14H00 (12H00 GMT), d’où il était parti quatre heures plus tôt. Plus d’une heure et demie après avoir atterri, Marc Ravalomanana refusait toujours de quitter l’avion, prétextant qu’il est désormais apatride.

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"En tant que politicien, je dois m’adapter à la vie comme ça… Mais le problème pour moi, c’est le million de personnes qui s’étaient rassemblées pour m’attendre à l’aéroport" d’Antananarivo, a déclaré M. Ravalomanana à un journaliste de l’AFP sur le chemin du retour.

"Rajoelina n’a pas la volonté politique de résoudre la crise à Madagascar. Le monde peut en être témoin!", a-t-il ajouté, mettant directement en cause le président de la Transition malgache, Andry Rajoelina, qui l’a renversé en mars 2009.

"Tout est OK"

M. Ravalomanana, 62 ans, s’était pourtant montré confiant, quelques heures plus tôt, avant d’embarquer. "Je viens de discuter avec le Premier ministre (de transition Omer Beriziky). il a dit que tout est OK", avait-il dit à des journalistes rassemblés dans l’aérogare.

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Marc Ravalomanana a dit à plusieurs reprises qu’il voulait rentrer dans son pays "pour faire la paix, pas la guerre", mais aussi se présenter à une prochaine élection présidentielle, dont la date n’a pas encore été fixée.

Son retour était explicitement prévu par la "feuille de route" signée en septembre par les partis politiques malgaches afin de rétablir l’ordre constitutionnel après environ trois ans d’une crise qui a isolé et affaibli Madagascar.

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Mais une "note explicative" attachée à ce texte –qui a permis la constitution d’un gouvernement d’union nationale tout en reconnaissant l’autorité d’Andry Rajoelina– précise que le retour "sans condition" des exilés auquel appelle le texte ne suggère ni n’implique "une exonération de poursuites judiciaires".

Or, Marc Ravalomanana a été condamné par contumace aux travaux forcés à perpétuité pour la mort d’une trentaine de manifestants, abattus par sa garde devant le palais présidentiel en février 2009.

"Une surprise"

Le général Richard Ravalomanana (un homonyme), responsable de la sécurité pour la province d’Antananarivo, avait en conséquence prévenu dès l’annonce de son retour, vendredi, qu’il serait arrêté dès son arrivée à Antanarivo.

Une foule compacte s’était massée sur la route conduisant à l’aéroport de la capitale malgache, où des dignitaires pro-Ravalomanana attendaient le président déchu, selon un correspondant de l’AFP sur place.

"C’est une foule sage. Nous allons continuer à la gérer comme nous l’avons toujours fait, avec beaucoup de sagesse. Nous sommes convaincu que ça se passera calmement", a commenté Roland Ravatomanga, un proche de Marc Ravalomanana, actuel ministre de l’Agriculture du gouvernement de transition malgache.

"C’est vraiment une surprise!", s’est-il exclamé en apprenant que son champion ne viendrait pas.

"Une fois que l’avion a pu décoller, c’est que tout le monde était d’acord, qu’il y avait une sage décision de la part du président de la Transition" Andry Rajoelina, a-t-il ajouté.

"Nous allons nous réunir, les +trois mouvances+ (de M. Ravalomanana et des anciens présidents Albert Zafy et Didier Ratsiraka, ndlr), pour prendre des décisions. Ce seront des décisions qui vont obliger tout le monde à appliquer la feuille de route, approuvée par tous", a annoncé M. Ravatomanga, précisant qu’il n’avait jamais été question "retrait" de l’autorité de transition.
 

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