Racisme contre Mike Maignan : le temps du déclic ?
Après des insultes contre le gardien de but français de l’AC Milan ce 20 janvier, le monde du football fait son introspection. Une fois de plus pour rien ?
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Damien Glez
Dessinateur et éditorialiste franco-burkinabè.
Publié le 23 janvier 2024 Lecture : 2 minutes.
Samedi 20 janvier. Le match entre l’AC Milan et l’Udinese Calcio déroule sa dramaturgie sportive, dans le décor du Stadio Friuli et sur une B.O. peu originale : des hurlements de singes pour musique et des dizaines de « noir de merde » en guise de paroles. Dans un sport où les insultes racistes sont monnaie courante, en particulier en Italie, la cible du jour est le gardien de but français de l’AC Milan.
Cette fois, connu pour ses engagements contre les discriminations, Mike Maignan ne se résigne pas à banaliser les saillies racistes des tifosis. Il proteste auprès de l’arbitre, quitte le terrain, provoque une suspension du match de quelques minutes et réagit à chaud sur les antennes de la télévision italienne. Si l’incident n’est pas inédit – Samuel Umtiti et Romelu Lukaku en ont été victimes ces douze derniers mois dans cette même Italie -, l’intransigeance immédiate et médiatisée du portier français oblige, cette fois, les acteurs du football à prendre position de façon plus instantanée et musclée : Kylian Mbappé, Antoine Griezmann, Didier Deschamps et même Gianni Infantino…
La goutte d’eau et le vase ?
Il y a loin pourtant de la coupe de l’indignation aux lèvres de l’éradication du racisme dans les stades. Bien infertiles semblent les stories bisounours, en mode actors studio, les posts saisis en majuscules, les avalanches d’emojis de poings levés et la convocation de citations philosophiques copiées-collées sur un moteur de recherche. Au lendemain de l’incident du Stadio Friuli, sur les réseaux sociaux, Mike Maignan pointe l’inefficacité des « communiqués », « campagnes de publicité » et autres « protocoles » qui n’ébranlent en rien le fléau. Il met à l’index toute la chaîne d’un « système » qui, s’il ne prend pas « ses responsabilités », sera « aussi complice ».
Rien de neuf au pays du ballon rond, qui charrie tout autant le fairplay sportif ou l’enthousiasme intergénérationnel que le racisme ou l’homophobie ? Plus que d’habitude, l’affaire Mike Maignan semble résonner médiatiquement. Et les acteurs du foot rappellent qu’il existe des solutions.
Appliquer les règlements
L’évidence est d’abord de sanctionner individuellement, dans des arènes où la prolifération de caméras permet une video assistant referee (VAR), tout autant sur la pelouse que dans les gradins. Un individu de 46 ans ayant insulté Mike Maignan aurait déjà été identifié par les forces de l’ordre et banni à vie du stade par l’Udinese.
Pour dissuader les ventriloques qui réussissent à éructer sans être vus, des spécialistes suggèrent de châtier les clubs. Au-delà des interruptions temporaires ou définitives des matchs, le président de la FIFA plaidait, dans la soirée de samedi, pour la mise en place d’une « défaite sur tapis vert automatique » pour une équipe dont les supporters proféreraient des injures à caractère raciste.
Échaudées, les cibles de bananes et autres vociférations animales attendront de voir si les tenants des cordons de la bourse du foot contemporain achèteront la paix sociale et imposeront la politique de l’autruche.
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