Otages au Mali : l’armée renforcée dans le Nord, contacts avec les ravisseurs
L’armée du Mali a renforcé sa présence dans le Nord où cinq Européens ont été enlevés par Al-Qaïda au Maghreb, et des « contacts » ont lieu avec les ravisseurs, annonce faite vendredi au moment où se tient à Tombouctou (nord) un festival auquel participent des Occidentaux.
"Des hommes, du matériel, plus de 200 véhicules, ont été déployés par l’armée malienne dans le Nord", a affirmé une source administrative, information confirmée par un officier malien selon lequel les soldats étaient vendredi à Tinzaouatène (ou Tinzawaten, nord-est), proche de la frontière algérienne, "pour sécuriser (le) pays".
Dans le dispositif en place, deux avions de combat MIG sont positionnés à l’aéroport de Gao (nord-est), et deux autres petits avions font des vols de reconnaissance à partir de Tombouctou (nord-ouest), a constaté un journaliste de l’AFP.
"Après avoir déployé un important renfort sur le terrain, l’armée malienne a convoyé hier (jeudi) dans le nord est du Mali, notamment dans le secteur de Tinzaouatène, un ravitaillement militaire et alimentaire pour 500 soldats" environ, a indiqué à l’AFP une source indépendante présente sur le terrain.
Ces mouvements ont dissuadé un groupe de Touareg d’affronter l’armée dans la localité de Zakac, traversée par les soldats sur leur route pour Tinzaouatène, selon ce témoin et une source militaire.
"Nos troupes ont été défiées par des hommes armés qui étaient à Zakac (…). Mais nous avions les moyens qu’il fallait, et le groupe s’est dispersé lors de notre passage", a expliqué la source militaire.
Menaces en cas d’intervention
Le ministre malien de la Sécurité, le général Sadio (bien Sadio) Gassama, a affirmé à Tombouctou que "le gouvernement dégagera tous les moyens nécessaires pour assurer la sécurité des biens et des personnes dans le nord du Mali. L’Etat sera de plus en plus présent".
Il a dit avoir inauguré "deux brigades de gendarmerie" dans la région de Tombouctou, où trois des cinq otages – un Suédois, un Sud-africain ayant également la nationalité britannique et un Néerlandais – ont été enlevés le 25 novembre, au lendemain du rapt de deux Français à Hombori (nord). Un otage allemand se trouvant avec les trois autres Européens à Tombouctou, qui avait résisté à son enlèvement, a été abattu.
Ces cinq enlèvements ont été revendiqués par Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) qui a menacé jeudi de tuer les otages.
Faisant état "d’opération militaire" en préparation, Aqmi a écrit dans un communiqué: "Nous adressons un avertissement à la France, le Royaume-Uni, la Hollande (Pays-Bas) et la Suède : s’ils autorisent cette opération, cela signifie la mort de leurs ressortissants et une atteinte à leur vie, dont ils ont la responsabilité".
Sécurité des touristes garantie
Le ministre Gassama a cependant affirmé que "des contacts de négociations" sont pris par son gouvernement concernant les otages.
Ces annonces sont faites au moment où se tient dans la périphérie de Tombouctou un festival culturel, le "Festival au désert", ouvert jeudi et qui s’achève samedi.
Bravant les risques d’enlèvement, plusieurs Occidentaux y participaient, selon le journaliste de l’AFP. "Je suis rassuré que le Festival au désert se tienne avec la participation de touristes étrangers dont la sécurité est garantie", a affirmé le général Gassama.
L’instabilité provoquée par les activités d’Aqmi dans le nord du Mali, où elle possède des bases, a été renforcée par le retour de Libye de plusieurs centaines d’ex-rebelles touareg maliens qui avaient combattu aux côtés des forces du leader libyen déchu Mouammar Kadhafi.
Le déploiement de l’armée malienne dans le Nord est aussi destiné à contrer les activités de groupes d’ex-rebelles touareg qui refusent la main tendue du gouvernement, comme d’autres l’ont fait, affirmant vouloir "la paix" au Mali. Ils ont quitté précipitamment Tinzaouatène lors de l’arrivée récente des troupes gouvernementales, d’après une source militaire malienne.
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