Les chrétiens du Nigeria craignent un retour à la guerre civile

Les responsables des chrétiens du Nigeria ont averti que la multiplication d’attaques d’islamistes contre des églises et des fidèles, qualifiées de « nettoyage religieux » et qui ont fait des dizaines de morts, pourrait mener à une guerre civile comme dans les années 60.

Un garde inspecte une voiture devant une église dans la région de Lagos le 8 janvier 2011. © Pius Utomi Ekpei/AFP

Un garde inspecte une voiture devant une église dans la région de Lagos le 8 janvier 2011. © Pius Utomi Ekpei/AFP

Publié le 8 janvier 2012 Lecture : 3 minutes.

Les responsables des chrétiens du Nigeria ont averti que la multiplication d’attaques d’islamistes contre des églises et des fidèles, qualifiées de "nettoyage religieux" et qui ont fait des dizaines de morts, pourrait mener à une guerre civile comme dans les années 60.

Depuis Noël, six attaques ont visé des chrétiens faisant plus de 80 morts. La majorité d’entre elles ont été revendiquées par le mouvement islamiste Boko Haram, qui veut imposer la charia (loi islamique) dans l’ensemble du pays, le plus peuplé d’Afrique avec 160 millions d’habitants. "Ce type d’évènements nous rappelle les débuts de la guerre civile qui a eu lieu au Nigeria", a déclaré samedi Ayo Oritsejafor, chef de l’Association chrétienne du Nigeria (CAN), regroupant protestants et catholiques.

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Il faisait allusion à la sanglante guerre sécessionniste du Biafra qui avait fait environ un million de morts de 1967 à 1970.

Dans la capitale fédérale Abuja, les fidèles étaient fouillées dimanche et devaient passer dans des portiques détecteurs de métaux avant d’entrer dans les églises. Ces mesures de sécurité ont déjà été mises en place il y a plusieurs semaines. Dans la capitale économique, Lagos, qui n’a pas pour le moment été frappée par des attaques anti-chrétiennes, des conseils de prudence ont été donnés aux fidèles.

Convoquée d’urgence samedi, une réunion de responsables chrétiens a conclu que "le schéma de ces tueries nous fait effectivement penser à un nettoyage ethnique et religieux systématique", avait ajouté M. Oritsejafor. "Nous avons le droit légitime de nous défendre (…) quoiqu’il en coûte", a-t-il averti.

Attentats et affrontements se sont multipliés, faisant une trentaine de morts dans plusieurs Etats du Nord-Est après l’expiration mercredi soir d’un ultimatum des islamistes exigeant que les chrétiens quittent le Nord du pays, majoritairement musulman.

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Joueurs de poker tués

Cette escalade meurtrière fait craindre une guerre des religions dans un pays qui compte autant de chrétiens que de musulmans. Les premiers sont majoritaires dans le sud et les second dans le nord.

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Dans l’Etat d’Adamawa (nord-est), les autorités ont réagi aux violences en imposant samedi un couvre-feu de 24 heures. C’est dans cet Etat qu’a eu lieu l’attaque la plus meurtrière des derniers jours avec la mort de 17 personnes vendredi à Mubi, selon des témoins, lors d’un rassemblement de chrétiens en deuil. La police a établi le bilan à 12 morts.

Une autre attaque a été perpétrée vendredi soir par des hommes armés dans une église de Yola, capitale du même Etat d’Adamawa, faisant au moins 10 morts parmi les fidèles, selon un responsable chrétien. Toujours dans le Nord, une autre attaque avait fait six morts, d’après des témoins, jeudi, parmi des fidèles réunis en prière dans une église de la ville de Gombe, dans l’Etat voisin éponyme.

Et samedi soir, des islamistes présumés ont tué trois chrétiens qui jouaient au poker près d’une église dans le nord-est du Nigeria. L’attaque a eu lieu dans la ville de Biu, dans l’Etat de Borno. Cette zone est une des régions placées sous état d’urgence depuis le 31 décembre. Deux hommes à bord d’une moto, membres présumés du mouvement islamiste Boko Haram, ont tiré sur un groupe de Chrétiens jouant au poker dans un hôtel abandonné près d’une église, dans la banlieue de la ville. Trois fidèles ont été tués et sept blessés.

Les dernières attaques "sont l’une des conséquences de la fin de notre ultimatum" demandant aux chrétiens de partir des régions où ils sont en minorité, avait déclaré vendredi à la presse Abul Qaqa, porte-parole de Boko Haram.

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