Nigeria : au moins huit nouveaux morts après de nouvelles attaques revendiquées par Boko Haram

La secte islamiste Boko Haram a revendiqué une dernière série d’attaques ayant visé des chrétiens au Nigeria et qui ont fait plus d’une vingtaine de morts depuis vendredi, deux jours après l’expiration de son ultimatum aux chrétiens pour qu’ils quittent le Nord du pays.

Video fournie le 21 octobre 2010 par la secte Boko Haram montrant 7 membres de la secte. © AFP

Video fournie le 21 octobre 2010 par la secte Boko Haram montrant 7 membres de la secte. © AFP

Publié le 7 janvier 2012 Lecture : 3 minutes.

La secte islamiste Boko Haram a revendiqué une dernière série d’attaques ayant visé des chrétiens au Nigeria et qui ont fait plus d’une vingtaine de morts depuis vendredi, deux jours après l’expiration de son ultimatum aux chrétiens pour qu’ils quittent le Nord du pays.

La plus violente de ces attaques a fait 17 morts vendredi à Mubi, dans l’Etat d’Adamawa (nord-est), quand des hommes armés ont ouvert le feu sur un rassemblement de chrétiens, selon des témoins. Les victimes étaient venues rendre visite à des proches de deux à cinq personnes assassinées la veille par des inconnus.

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Toujours dans le nord du pays, une autre attaque a visé jeudi soir des fidèles réunis en prière dans une église de la localité de Gombe. Les assaillants ont ouvert le feu sur les fidèles, tuant six personnes, selon des témoins. Une autre attaque, qui n’a pas été revendiquée, a été perpétrée vendredi soir par des hommes armés dans une église à Yola, capitale de l’Etat d’Adawama (nord-est du Nigeria), faisant au moins huit morts et un nombre de blessés indéterminé parmi les fidèles, selon une source hospitalière.

"Ces attaques sont l’une des conséquences de la fin de notre ultimatum", a déclaré à la presse par téléphone Abul Qaqa, un homme qui s’est déjà exprimé plusieurs fois au nom de Boko Haram.

Boko Haram exige la libération de tous ses membres actuellement détenus

L’ultimatum, fixé par ce même porte-parole et qui avait expiré mercredi soir, ordonnait aux chrétiens vivant dans le nord du Nigeria de quitter cette partie du pays majoritairement musulman. Le sud du Nigeria, une nation de 160 millions d’habitants, est lui à dominante chrétienne. Cependant, des millions de musulmans vivent dans le sud et des millions de chrétiens dans le nord.

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Dernier incident en date, des hommes armés ont attaqué vendredi en fin d’après-midi à l’arme automatique un commissariat de Potiskum, ville du nord-est régulièrement la cible des attaques des islamistes. Au cri de "Allah Akbar" (Dieu est grand), un groupe d’assaillants a encerclé le commissariat et ouvert le feu de façon indiscriminée sur le bâtiment, ont indiqué des habitants. Aucun bilan n’était encore disponible vendredi soir.

Dans sa déclaration à la presse de vendredi, le porte-parole de Boko Haram a posé comme condition à la fin de ces attaques que le gouvernement central libère tous les membres de l’organisation actuellement détenus.

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De nombreuses attaques ont été imputées par les autorités à la secte islamiste qui multiplie depuis des mois des actions meurtrières.
Boko Haram a notamment déjà revendiqué l’attentat suicide d’août 2011 contre le QG de l’ONU dans la capitale Abuja qui a fait 25 morts. Ses opérations semblent avoir pris une nouvelle dimension avec une vague d’attentats le jour de Noël (49 morts) visant en particulier des églises.
Beaucoup craignent une flambée de violences interconfessionnelles. Des responsables chrétiens ont menacé récemment de se défendre si des chrétiens étaient à nouveau visés.

"Nous n’appelons pas les chrétiens à la vengeance mais nous les appelons à se mettre en alerte et à se protéger, à protéger leurs familles et leurs biens contre ces attaques", a réagi vendredi le chef de la principale organisation chrétienne du nord, la CAN.

"Nous pouvons frapper partout où nous voulons"

Le président Goodluck Jonathan a décrété le 31 décembre l’état d’urgence dans des Etats du centre et du nord-est concernées par les violences de Boko Haram, mais cela n’a pas empêché de nouvelles attaques.

Les localités de Mubi et Gombe, où ont eu lieu les trois attaques meurtrières menées depuis jeudi soir, ne sont pas dans des régions concernées par cet état d’urgence. "Nous pouvons frapper partout où nous voulons", a-t-il menacé. Mercredi soir, des explosions avaient secoué deux villes du nord-est où la mesure est en vigueur. Elles n’avaient pas fait de morts mais avaient été également revendiquées par Boko Haram.

Le Nigeria est d’autant plus sous tension actuellement que le président a annoncé la suppression le 1er janvier des subventions des prix du carburant. La mesure, largement impopulaire, a fait plus que doubler les prix de l’essence.

Des manifestations de Nigérians en colère, parfois dispersées à coups de matraque ou de gaz lacrymogènes, ont lieu chaque jour à travers le pays.
Boko Haram a affirmé vouloir une application stricte de la charia dans le pays. La secte avait lancé une insurrection en 2009, violemment réprimées par l’armée, faisant environ 800 morts.

On sait peu de choses sur le groupe qui serait divisé en plusieurs factions, dont une ayant des liens politiques et une autre une idéologie islamiste très dure. Certains le soupçonnent de liens avec la branche maghrébine d’Al-Qaïda, mais aucune preuve n’a été apportée.

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