Côte d’Ivoire : un squelette découvert pourrait être celui du journaliste franco-canadien Kieffer

Un squelette a été découvert vendredi dans un village de l’ouest de la Côte d’Ivoire qui pourrait être celui du journaliste franco-canadien Guy-André Kieffer, disparu en avril 2004 à Abidjan, a-t-on appris de source proche du dossier.

Guy André Kieffer enquêtait sur la filière café-cacao lorsqu’il a disparu, en 2004. © D.R.

Guy André Kieffer enquêtait sur la filière café-cacao lorsqu’il a disparu, en 2004. © D.R.

Publié le 7 janvier 2012 Lecture : 3 minutes.

Un squelette a été découvert vendredi dans un village de l’ouest de la Côte d’Ivoire qui pourrait être celui du journaliste franco-canadien Guy-André Kieffer, disparu en avril 2004 à Abidjan, a-t-on appris de source proche du dossier.

"Un squelette a été découvert vendredi dans la région d’Issia (environ 360 km à l’ouest d’Abidjan), en présence du juge français Patrick Ramaël. Les éléments d’enquête donnent à penser qu’il pourrait s’agir du corps de Guy-André Kieffer", a indiqué à l’AFP cette source, sans préciser le nom du village où il a été trouvé. "Des prélèvements ont été effectués en vue d’analyses ADN", a-t-on ajouté.

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Les tests ADN vont être faits "le plus rapidement possible", a déclaré à l’AFP Me Alexis Gublin, avocat de Bernard Kieffer, frère de Guy-André, confirmant une information de la chaîne française France 3. Ces analyses pourraient être réalisées par un laboratoire spécialisé français en moins de 24 heures dès réception des prélèvements recueillis sur le squelette, selon une autre source proche du dossier à Paris.

Arrivé le 2 janvier à Abidjan, le juge Ramaël "a entrepris des fouilles ce matin sur la foi d’informations qu’il a obtenues voilà quelque temps. Il a trouvé un corps à l’endroit exact l’informateur l’avait indiqué. Il se pourrait au vu de ces informations que ce soit le corps de mon frère", a indiqué Bernard Kieffer sur France 3. "Il semblerait que la personne qui a informé le juge a vu le corps au moment où il a été enterré à cet endroit-là. C’était un Blanc, il ne savait pas qui c’était. Mais il l’a reconnu quelques jours après, quand il a vu les photos de mon frère dans la presse", a-t-il raconté.

Le journaliste indépendant avait disparu le 16 avril 2004 sur un parking de la capitale économique ivoirienne alors qu’il avait rendez-vous avec Michel Legré, beau-frère de Simone Gbagbo, l’épouse de l’ancien président ivoirien Laurent Gbagbo. Guy-André Kieffer enquêtait sur des malversations, notamment dans la filière cacao, dont le pays est premier producteur mondial.

Des proches de Gbagbo visés par l’enquête

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L’enquête menée en France s’est orientée vers des cercles proches du pouvoir de Laurent Gbagbo, arrêté le 11 avril 2011 après une crise postélectorale de quatre mois, qui a fait quelque 3.000 morts. Le squelette a été découvert "près d’un cours d’eau, il était enterré sous la pile d’un pont", a affirmé Bernard Kieffer à l’AFP.

Sous le régime déchu, "le juge n’avait pu aller vérifier le témoignage (sur l’emplacement du squelette) car c’était en pleine zone contrôlée par le camp Gbagbo", dans une région comptant de nombreux partisans de l’ex-chef d’Etat, notamment de son ethnie bété, a-t-il ajouté.

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"Pour le moment, on attend… Si c’est lui, ce serait un soulagement de pouvoir commencer à pouvoir faire un deuil. Pour la suite, il faudra savoir qui est derrière (cet assassinat)", a dit à l’AFP Me Chantal Hounkpattin, avocate d’Osange Silou Kieffer, l’épouse du journaliste et mère de leurs deux enfants.

Le juge Ramaël avait entendu en avril 2009 à Abidjan Simone Gbagbo et l’ex-ministre de l’Economie Paul-Antoine Bohoun Bouabré. Ils avaient réfuté tout lien avec cette affaire. Le dernier déplacement du magistrat français en Côte d’Ivoire remonte à novembre 2011. Il avait alors entendu une quinzaine d’ex-membres de la sécurité de M. Gbagbo dans le cadre de ses enquêtes sur l’affaire Kieffer et le rapt de Xavier Ghelber, un avocat parisien en mission d’audit sur la filière cacao pour le compte de l’Union européenne, brièvement enlevé par des hommes en armes le 7 novembre 2004 à l’hôtel Ivoire d’Abidjan.

Tous deux en détention, Patrice Baï, ancien chef de la sécurité rapprochée de M. Gbagbo, et le commandant Anselme Séka Yapo, qui assumait la même fonction auprès de Mme Gbagbo, avaient été auditionnés.

Soupçonné d’avoir dirigé le commando responsable de la disparition du journaliste, le capitaine Jean-Tony Oulaï a été arrêté fin décembre 2011 par des militaires ivoiriens à Abidjan. Il avait été libéré en avril 2010 après deux ans et demi de détention provisoire en France, et avait ensuite regagné la Côte d’Ivoire.

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