Dans le sud de Gaza, un refuge de l’ONU touché par des tirs de chars
Israël a dit « examiner » les opérations en cours pour déterminer l’origine des tirs contre le bâtiment, qui ont fait, le 24 janvier, au moins « neuf morts et 75 blessés », selon l’agence onusienne en charge des réfugiés palestiniens.
La ville de Khan Younès reste ce 25 janvier l’épicentre des affrontements entre l’armée israélienne et le Hamas palestinien dans le sud de Gaza au lendemain de tirs meurtriers et vivement condamnés contre un refuge de l’ONU abritant des personnes déplacées par la guerre. Dans la nuit, des témoins ont fait état de frappes aériennes vers Rafah et de combats à Khan Younès, le ministère de la Santé du Hamas dénombrant au matin de nombreux morts et blessés à travers ce territoire ravagé par des mois de guerre.
L’armée israélienne a indiqué avoir « encerclé » Khan Younès et appelé la population locale à partir à Rafah, plus au sud. Mais les combats rendent dangereux les transports vers cette ville où se massent la majorité des 1,7 million de Palestiniens déjà déplacés par la guerre. Des tirs de chars contre un bâtiment de l’agence onusienne pour les réfugiés palestiniens (Unrwa) à Khan Younès avaient déjà fait le 24 janvier au moins « neuf morts et 75 blessés », a indiqué Thomas White, responsable de l’organisation à Gaza, où des sources médicales et onusiennes craignent que le bilan s’alourdisse.
Philippe Lazzarini, chef de l’Unrwa, a affirmé que le centre d’accueil était « clairement » identifié et que ses coordonnées avaient été « partagées avec les autorités israéliennes ». Il a fustigé « une violation flagrante des règles fondamentales de la guerre ».
Après les tirs meurtriers sur le site de l’ONU, l’armée israélienne a indiqué qu’un « examen » des opérations était en cours, mais qu’elle avait « exclu […] une frappe aérienne ou d’artillerie », évoquant aussi « la possibilité » d’un tir du Hamas. Les États-Unis, premiers alliés d’Israël, ont dit « déplorer » ces tirs et appelé à ce que les sites de l’ONU à Gaza soient « protégés ».
Catastrophe humanitaire
La guerre a été déclenchée par l’attaque du Hamas sur le sol israélien le 7 octobre, qui a entraîné la mort de plus de 1 140 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte à partir de données officielles. Quelque 250 personnes ont été enlevées et emmenées à Gaza, dont une centaine ont été libérées fin novembre lors d’une trêve en échange de prisonniers palestiniens. Selon le même décompte, 132 otages sont toujours dans le territoire, dont 28 seraient morts.
Israël a juré « d’anéantir » le Hamas et a lancé une vaste opération militaire qui a tué 25 700 Palestiniens, en grande majorité des femmes, des enfants et des adolescents, selon le ministère de la Santé du mouvement islamiste. Au 111e jour de la guerre, la situation humanitaire continue de s’aggraver dans le territoire assiégé.
Alors qu’il n’y a plus qu’un seul hôpital à peu près fonctionnel à Gaza, en Europe, Rome et Paris ont annoncé respectivement que cent enfants palestiniens blessés à Gaza seraient soignés dans des hôpitaux italiens et que sept enfants blessés étaient arrivés en France pour y être traités. Parallèlement, des manifestants israéliens ont bloqué le 24 janvier au soir une artère clé de la métropole israélienne de Tel-Aviv pour exhorter le gouvernement du Premier ministre Benyamin Netanyahou à accepter une pause dans les combats, voire un cessez-le-feu.
« Ca suffit ! […] Nous ne voulons pas que les otages nous reviennent sous forme de cadavres, nous en avons assez des bombardements à Gaza, nous en avons assez de voir des enfants morts, nous voulons envoyer un message clair : la population en Israël réclame un accord, réclame la paix », a déclaré Sapir Sluzker Amran, une manifestante.
La Qatar « problématique »
Le Qatar, l’Égypte et les États-Unis tentent actuellement une médiation afin d’en arriver à une nouvelle trêve, plus longue, à Gaza incluant la libération d’otages et de prisonniers. Mais dans un enregistrement obtenu par la chaîne israélienne 12, le Premier ministre israélien a jugé « problématique » le rôle de médiateur du Qatar, pays où est établie la direction politique du Hamas. « Je n’ai aucune illusion à leur égard. Ils ont des moyens de faire pression [sur le Hamas]. Et pourquoi ? Parce qu’ils les financent », a affirmé en hébreu Netanyahou selon cet enregistrement.
Le Qatar s’est dit « consterné » par ces déclarations attribuées au dirigeant, les accusant d’« entraver et saper le processus de médiation, pour des raisons qui semblent servir davantage sa carrière politique » que les « otages israéliens », a souligné dans la nuit le ministère des Affaires étrangères.
Le conflit exacerbe par ailleurs les tensions régionales, notamment au large du Yémen où les rebelles Houthis, proches de l’Iran, ont tiré le 24 janvier des missiles contre deux navires américains, les forçant à rebrousser chemin.
En France, le nombre d’actes antisémites a « explosé » depuis le 7 octobre qui a servi de « catalyseur à la haine », selon un rapport du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif). En trois mois, leur nombre « a égalé celui des trois années précédentes cumulées ».
(avec AFP)
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