Le quartier d’affaires de Dubaï (Dubai International Financial Centre, DIFC). © Montage JA; Olivier Martin Gambier/Artedia/Bridgeman
Le quartier d’affaires de Dubaï (Dubai International Financial Centre, DIFC). © Montage JA; Olivier Martin Gambier/Artedia/Bridgeman

[Série] Qui sont les Marocains des Émirats ?

Banquiers, stars de la finance, avocats d’affaires, chercheurs, startupeurs, PDG d’entreprises cotées en Bourse, journalistes… Les Marocains installés aux Émirats arabes unis se distinguent par la qualité et la diversité de leur profil. Et s’y sentent comme chez eux. JA est allé à leur rencontre à Dubaï et à Abou Dhabi.
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Publié le 2 février 2024 Lecture : 4 minutes.

Le quartier d’affaires de Dubaï (Dubai International Financial Centre, DIFC). © Montage JA; Olivier Martin Gambier/Artedia/Bridgeman
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Heureux comme un Marocain aux Émirats

Banquiers, stars de la finance, avocats d’affaires, chercheurs, startupeurs, PDG d’entreprises cotées en Bourse, journalistes… Les Marocains installés aux Émirats arabes unis se distinguent par la qualité et la diversité de leur profil. Et s’y sentent comme chez eux. JA est allé à leur rencontre à Dubaï et à Abou Dhabi.

Sommaire

Sur les 9,5 millions d’habitants que comptent les Émirats arabes unis (EAU), plus de 90 % sont des étrangers. Parmi ces immigrés, les Anglais, les Indiens ou encore les Libanais tiennent le haut du pavé depuis des décennies, mais la communauté marocaine se distingue de plus en plus. Non par le nombre, qui ne dépasse pas les 100 000 individus, mais par la qualité et la diversité des profils de ses représentants : banquiers, stars de la finance, avocats d’affaires, scientifiques, startupeurs, PDG d’entreprises cotées en Bourse, journalistes, présentateurs télés…

Très appréciés pour la solidité de leur formation, effectuée dans les meilleurs établissements européens ou américains, pour leurs compétences, qui s’appuient sur une expérience internationale acquise généralement dans des firmes d’envergure à Paris, à Londres, à New York ou au Luxembourg, mais aussi pour leur capacité à naviguer entre plusieurs cultures – arabe, anglo-saxonne, française, voire espagnole ou africaine –, ils sont de plus en plus sollicités pour travailler sur des sujets délicats ou stratégiques pour les Émirats en raison de leur discrétion et de leur loyauté. À l’instar de Sofia Lasky, conseillère financière depuis près de vingt ans de Cheikh Tahnoun Ben Zayed Al Nahyan, frère cadet de Mohammed Ben Zayed (MBZ, président des EAU et émir d’Abou Dabi depuis 2022) et numéro deux du pays, chargé de la sécurité (et de l’argent de la famille).

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Ces profils de haut niveau viennent s’ajouter à ceux des primo-immigrants marocains, dont l’arrivée aux Émirats a coïncidé avec la création de cet État du Golfe, il y a un demi-siècle. À l’époque, Cheikh Zayed, très proche du roi Hassan II, avait sollicité ce dernier pour mettre en place plusieurs institution nécessaires au fonctionnement du nouvel État, dont celles touchant à la sécurité. Le général Laânigri (ancien patron de la Direction de surveillance du territoire, DST) avait alors été spécialement dépêché, ainsi que de nombreuses personnes qui travaillent aujourd’hui encore au sein de la garde émiratie ou dans la police, mais aussi dans l’agriculture.

Alors qu’elle aurait pu décider d’œuvrer en Europe ou en Amérique du Nord, cette nouvelle élite marocaine a fait le choix de s’installer aux Émirats. Et pas seulement pour l’attractivité des salaires ou la fiscalité avantageuse qu’offre la région. Le premier argument qui ressort lorsque l’on interroge ces Marocains « successful« , c’est la qualité de vie. Comprendre : le soleil, la mer, les maisons spacieuses, des établissements scolaires d’excellent niveau, des aides ménagères et des nounous compétentes et à des tarifs accessibles… Mais aussi et surtout la sécurité : ici, nous dit-on, on ne verrouille pas sa voiture, on peut s’endormir en laissant la porte de sa maison ouverte, on ne s’inquiète pas quand les enfants jouent dehors… Tout est sous contrôle comme nulle part ailleurs. Personne ne s’aviserait de commettre un délit tant les autorités veillent au grain.

Et, au-delà de ces aspects somme toute concrets, un élément revient de manière récurrente dans le discours de ces élites : « le sentiment d’être chez soi », que, tout en n’étant pas au Maroc, on ne ressent pas vraiment de rupture… Alors qu’en Europe, en France tout particulièrement, où beaucoup de cadres supérieurs marocains vivant actuellement à Dubaï sont passés, les problématiques identitaires sont devenues trop prégnantes. « Nous sommes renvoyés systématiquement à nos origines ou à notre religion. C’est très lourd. Aux Émirats, on peut être soi-même, que l’on soit pratiquant ou non, sans craindre le regard de l’autre. Ce qui compte, ce sont les compétences. C’est important pour nous, mais aussi pour nos enfants, qui grandissent ainsi dans une atmosphère multiculturelle et inclusive, apprennent l’arabe à l’école, ne sont pas stigmatisés… Sans compter qu’avec la langue et la culture arabes, la nostalgie, le sentiment d’exil sont très atténués. Résultat, on se sent chez nous, et cela n’a pas de prix », témoignent des Marocains rencontrés à Abou Dhabi et Dubaï.

Opportunités de carrière

Outre ces aspects sociétaux, il y a un autre avantage important dans la vie d’expatrié aux Émirats : la solide croissance que connaît le pays et les multiples possibilités d’évolution qu’il offre. Là aussi, on ne peut s’empêcher de faire la comparaison avec l’Occident, l’Europe tout particulièrement, décrite comme un continent certes développé, mais qui stagne, et où les opportunités pour entreprendre, construire une carrière, gravir l’échelle sociale se font de plus en plus rares. Tout le contraire des Émirats qui, avec le développement fulgurant de ses infrastructures physiques et technologiques, offrent une liberté d’entreprendre qui n’a rien à envier aux meilleures places financières mondiales, une attractivité certaine pour les investissements directs étrangers, des opportunités pour ses habitants et ceux qui souhaitent venir y vivre, travailler, mener des projets…

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Les cadres au potentiel élevé sont certes choyés en matière de rémunération, avec primes, bonus et avantages en tout genre, mais en contrepartie, ils doivent travailler dur. Ici, nous dit-on, on ne vous fait pas de cadeaux : il faut travailler, travailler et travailler. Une valeur qui est très appréciée par la société et les décideurs émiratis, qui sont loin d’être naïfs. Et qu’ils tiennent à valoriser pour attirer les meilleurs et les garder.

Jeune Afrique est allé à la rencontre des représentants de la diaspora marocaine aux Émirats, encore relativement méconnue, mais qui incarne à sa manière l’excellence des relations entre Rabat et Abou Dhabi.

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Tous les épisodes de notre série :

Épisode 1 – Aux Émirats, ces marocains stars de la finance

Épisode 2 – Entrepreneurs marocains : les Émirats, terre d’opportunités

Épisode 3 – Diaspora marocaine : l’eldorado émirati

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Heureux comme un Marocain aux Émirats EP. 4

Diaspora marocaine : l’eldorado émirati