« Le gouvernement de la République exprime son indignation et proteste vivement contre cette grave méprise inacceptable et intolérable commise par un média de l’envergure de TV5 Monde », a déploré le ministère des Communications à la radio-télévision d’État camerounaise.

Mardi 23 janvier au soir, la chaîne francophone internationale a diffusé dans son journal un tableau récapitulatif des matches de la Coupe d’Afrique des nations. Au nom du pays était accolé le drapeau blanc aux rayures bleu clair, orné d’une colombe entourée d’étoiles, de l’« Ambazonie », l’État unilatéralement proclamé par les rebelles anglophones dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest.

« Un étrange emblème ne correspondant en rien au drapeau du Cameroun », signalent les autorités qui qualifient de « terroristes » les groupes armés indépendantistes établis dans ces régions. Un conflit y a éclaté fin 2016. Depuis, le gouvernement y dépêche massivement des troupes et les civils sont durement touchés par les affrontements entre séparatistes et armée régulière. Le conflit a fait plus de 6 000 morts et forcé plus d’un million de personnes à se déplacer, selon l’ONG International Crisis Group.

TV5 Monde reconnaît un « manque de vigilance »

Dans son communiqué, le gouvernement camerounais exige une « rectification sans délai de ce fâcheux impair » qui « sème la confusion dans l’esprit de l’opinion nationale et internationale » et indique avoir pris des dispositions auprès de la chaîne pour « prévenir toute récidive de cette nature ».

Reconnaissant un « manque de vigilance dans la chaîne de production », TV5 Monde a présenté « ses plus sincères excuses » au Cameroun, mais aussi à la Guinée, dont le drapeau était également erroné dans le tableau et indique avoir « reconnu cette défaillance » à plusieurs reprises à l’antenne. Le communiqué de la chaîne insiste sur « l’émotion » particulière provoquée par son erreur au Cameroun et annonce qu’elle veillera « scrupuleusement à utiliser le seul et unique drapeau »: vert, rouge, jaune frappé d’une étoile jaune.

L’affaire n’a cependant pas manqué d’être récupérée par certains milieux anti-occidentaux, notamment par l’activiste Nathalie Yamb. Celle-ci, mettant en doute la version de la chaîne francophone, a ainsi tenté de populariser sur les réseaux sociaux le hashtag #TV5Dégage. Demandant l’interdiction de TV5, elle a aussitôt accusé la France d’être derrière un prétendu complot, qui prévoirait selon elle « la scission depuis des lustres » « du Mali avec l’Azawad et du Cameroun avec les sécessionnistes « ambazoniens ».

(Avec AFP)