Nigeria : affrontements intercommunautaires, état d’urgence contre Boko Haram

Des affrontements intercommunautaires ont fait une cinquantaine de morts ce weekend dans le Sud du Nigeria alors que le président Goodluck Jonathan a décrété l’état d’urgence dans d’autres zones pour mettre fin aux violences attribuées à la secte islamiste Boko Haram.

Goodluck Jonathan (D) en visite dans une église endommagée près d’Abuja le 31 décembre 2011. © AFP

Goodluck Jonathan (D) en visite dans une église endommagée près d’Abuja le 31 décembre 2011. © AFP

Publié le 1 janvier 2012 Lecture : 3 minutes.

"Quelque 50 personnes ont été tuées samedi quand un groupe d’habitants de la communauté d’Ezza a attaqué des membres de la communauté voisine d’Ezilo à propos d’un différend foncier", a déclaré un porte-parole du gouvernement de l’Etat d’Ebonyi, dans le Sud-Est du Nigeria.

Onyekachi Eni a souligné que ces affrontements, liés à un litige remontant à 2008, n’étaient pas liés aux dernières violences interconfessionnelles qui ont frappé le pays pour Noël.

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Le porte-parole de la police de l’Etat d’Ebonyi a estimé le bilan à une quarantaine de morts. "Mais nous ne pouvons pas avoir une idée précise car beaucoup de corps ont été retrouvés en morceaux dans la brousse", a dit John Elu.

Les affrontements dus à des conflits fonciers sont fréquents au Nigeria, particulièrement entre éleveurs et cultivateurs.

Montée des violences

Mais le pays le plus peuplé d’Afrique est aussi miné par une montée des violences attribuées aux islamistes de Boko Haram. Le groupe a revendiqué une série d’attentats qui visaient notamment des églises chrétiennes pour la messe de Noel et ont fait près de cinquante morts.

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Mis sous la pression d’endiguer les attentats et attaques qui se sont multipliés, faisant des centaines de morts en 2011, le président Johathan, a décrété samedi l’état d’urgence dans des zones du nord et du centre et annoncé la fermeture des frontières dans les régions les plus touchées par les violences.

"Alors que la recherche de solutions durables est en cours, il est devenu impératif de prendre les mesures nécessaires au retour à la normale dans le pays et en particulier dans les zones affectées. En conséquence, j’ai déclaré l’état d’urgence dans certaines zones" des Etats de Yobe, de Borno, du Plateau et du Niger (nord-est et centre-ouest du pays), a-t-il déclaré à la télévision.

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Le président nigérian a ajouté avoir "ordonné la fermeture des frontières avec les pays voisins des zones en proie aux violences et demandé le contrôle des activités terroristes transfrontalières." Ces mesures concernent le Niger, le Cameroun et le Tchad. Elles sont nécessaires "car les terroristes ont su tirer profit de la situation pour frapper le Nigeria avant de se replier hors de portée de notre système judiciaire", a expliqué M. Jonathan.

"Cancer"

Le président s’était auparavant rendu à l’église catholique de Ste Thérèse, à Madalla, près de la capitale Abuja, où 44 personnes ont été tuées le jour de Noël dans un attentat à la bombe à la sortie de la messe de la nativité.

Il a comparé Boko Haram à une tumeur mortelle qu’il a promis de détruire. La secte "était d’abord un groupe inoffensif qui a grossi comme un cancer. Et le Nigeria, étant le corps, ils veulent le tuer. Mais personne ne les laissera faire", a-t-il affirmé. "Certains exploitent la situation à leur avantage. Mais une attaque terroriste visant n’importe quelle partie de la nation est une attaque contre nous tous. Tous ensemble, nous allons les contrôler puis les écraser", a ajouté M. Jonathan.

Ces déclarations sont les plus dures prononcées récemment par le président nigérian à l’encontre de Boko Haram et de ses actions depuis 2009.

Les évêques catholiques ont appelé samedi le président Jonathan à faire appel "à des experts étrangers pour aider les agents de sécurité à en finir immédiatement avec la menace Boko Haram" et la communauté chrétienne a menacé dans la semaine de recourir à l’auto-défense si les violences se poursuivaient dans un pays divisé entre un Nord pauvre à dominante musulmane et un Sud plus riche, surtout chrétien et animiste.

Ces derniers mois, Boko Haram a revendiqué de nombreuses attaques, dont l’attentat suicide d’août 2011 contre le siège de l’ONU à Abuja qui avait tué 25 personnes.

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