Nigeria : explosion et tirs près d’une mosquée, quatre morts selon des témoins
Quatre personnes ont été tuées après une explosion et des coups de feu près d’une mosquée à Maiduguri (nord-est), ont indiqué des habitants, information aussitôt démentie par l’armée qui a affirmé que deux personnes avaient été tuées par des voleurs.
Ces violences interviennent alors que le pays est sous tension après une vague d’attentats meurtriers dimanche, le jour de Noël, attribués à la secte islamiste Boko Haram, qui ont fait au moins 49 morts.
Des habitants à Maiduguri ont affirmé à l’AFP qu’une forte explosion avait retenti près d’une mosquée située non loin du marché Monday, après la prière du vendredi. Deux témoins ont dit avoir vu quatre morts.
Un porte-parole d’une force spéciale déployée dans cette ville, contacté par l’AFP, avait dans un premier temps confirmé l’explosion. Il a ensuite démenti fermement cette information, expliquant que des voleurs armés avaient tiré sur trois personnes et étaient actuellement poursuivies par des soldats.
"Après la prière des musulmans de l’après-midi, des voleurs ont fait irruption sur un marché de Maiduguri", a affirmé le lieutenant colonel Hassan Mohammed.
"Alors qu’ils tentaient de voler des commerçants, ils ont tiré sur trois personnes parmi lesquelles deux sont mortes, la troisième grièvement blessée est à l’hôpital", a-t-il déclaré.
Il a cependant jugé que ces assaillants pouvaient appartenir à Boko Haram, une secte particulièrement active dans la ville de Maiduguri.
L’armée dément l’explosion
Selon un responsable d’un organisme de secours dans la ville, qui a requis l’anonymat, "beaucoup d’habitants à Maiduguri ont dit avoir entendu l’explosion (…) mais (l’armée) dément qu’il y ait eu une explosion".
"Une attaque à main armée a eu lieu dans le quartier central d’affaires de Maiduguri et des coups de feu ont été tirés", a-t-il poursuivi, précisant que ce quartier était à 1 km du lieu de l’explosion.
Les autorités et les agences de sécurité au Nigeria sont sous pression et essuient de vives critiques face aux violences répétées de Boko Haram. Elles se sont jusqu’à présent montrées incapables d’empêcher la secte de multiplier depuis des mois des actions de plus en plus sophistiquées et meurtrières en dépit de raids brutaux de l’armée.
Boko Haram a revendiqué les attentats commis à Noël et s’est aussi attribué la responsabilité, entre autres, de l’attentat suicide d’août 2011 contre le siège de l’ONU à Abuja, qui a fait 25 morts.
Crainte d’une escalade des violences
Maiduguri est l’épicentre des violences commises par Boko Haram, un mouvement qui prône l’instauration d’un Etat islamique. Des milliers d’habitants ont fui cette ville depuis des mois.
Les attentats de Noël font craindre une escalade des violences interconfessionnelles au Nigeria, pays le plus peuplé d’Afrique avec 160 millions d’habitants répartis également entre musulmans, majoritaires dans le nord, et chrétiens, plus nombreux dans le sud.
Mardi soir, une bombe artisanale jetée contre une école coranique à Sapele, une ville du delta du Niger (sud), avait fait sept blessés dont six enfants.
Se disant excédés par les violences imputées à Boko Haram, des responsables de la communauté chrétienne du Nigeria ont prévenu que les chrétiens assureraient eux-même leur défense et répliqueraient en cas de nouvelles attaques.
Vendredi, le président Goodluck Jonathan s’est entretenu avec les responsables de la sécurité nationale, qu’il avait déjà convoqués la veille.
Juste avant les attentats de Noël, Boko Haram a revendiqué des attaques coordonnées dans trois villes du nord-est (Maiduguri, Damaturu et Potiskum), le 22 décembre. Ces assauts et les affrontements consécutifs avec les forces de l’ordre ont fait jusqu’à 100 morts selon une source policière et un responsable d’ONG.
Quelque 90.000 personnes se sont depuis déplacées dans Damaturu, fuyant les violences.
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