Nigeria : au moins 28 morts dans des attentats contre des églises
Deux attentats visant des églises au Nigeria ont fait au moins 28 morts le jour de Noël, dimanche, le plus sanglant ayant été revendiqué par la secte islamiste Boko Haram tandis que le gouvernement évoquait une guerre.
"C’est comme si une guerre interne avait été lancée contre le pays. Nous devons vraiment être à la hauteur et faire face", a déclaré le ministre chargé de la police, Caleb Olubolade, qui s’est rendu sur les lieux d’un des attentats.
Ces attaques, condamnées par le Vatican comme le fruit d’une "haine aveugle et absurde", surviennent après deux jours d’affrontements, jeudi et vendredi, entre des membres de Boko Haram et les forces de l’ordre dans le nord-est, qui auraient fait près de cent morts.
L’attentat le plus meurtrier, avec 27 morts selon le dernier bilan en date, s’est produit à l’extérieur d’une église catholique à Madalla, en périphérie d’Abuja, la capitale fédérale.
"Les responsables (des secours) qui les ont comptées m’ont dit que 27 personnes étaient mortes", a déclaré à l’AFP le père Christopher Barde. L’attentat a eu lieu à la fin de la messe de Noël dans l’église Ste Theresa.
Il a été revendiqué par Boko Haram, un groupe qui prône la création d’un Etat islamique au Nigeria et auquel sont imputés la plupart des violences récurrentes dans le nord à majorité musulmane.
Explosions
"Nous sommes responsables de toutes les attaques de ces derniers jours, y compris celle à la bombe contre l’église de Madalla. Nous continuerons à lancer de telles attaques dans le nord du pays dans les prochains jours", a déclaré par téléphone à l’AFP un porte-parole des islamistes, Abul Qaqa.
Un peu plus tard, un second attentat a visé une église évangélique de Jos, épicentre de violences intercommunautaires dans le centre du pays, selon un responsable local et des témoins.
"Une bombe a explosé à l’église Mountain of fire. Un policier qui surveillait l’église a été tué et trois véhicules ont brûlé", a déclaré à l’AFP Pam Ayuba, porte-parole du gouverneur de l’Etat du Plateau, dont Jos est la capitale.
Par ailleurs, trois autres attentats ont secoué le nord-est du Nigeria, ont rapporté des témoins.
Deux explosions ont été rapportées dimanche à Damaturu et une la veille au soir, contre une église, à Gadaka. Les deux villes sont situées dans l’Etat de Yobe, déjà secoué en fin de semaine par la vague d’attaques revendiquée par Boko Haram.
Aucune victime n’avait été signalée dans l’immédiat.
A Madalla, près d’Abuja, l’attentat a provoqué des scènes de chaos et endommagé l’église Ste Theresa.
Des jeunes en colère ont allumé des feux et menacé d’attaquer un commissariat de police des environs. Les policiers ont tiré en l’air pour les disperser et fermé un grand axe routier.
Des trous étaient visibles dans les murs et le toit était très endommagé. Du sang maculait les murs à l’extérieur.
Boko Haram avait revendiqué l’attentat suicide d’août 2011 contre le siège des Nations unies à Abuja, qui avait fait 24 morts.
59 morts au sein de Boko Haram
Le mouvement s’était également attribué la responsabilité d’une vague d’attaques sanglantes la veille de Noel 2010, qui avaient visé plusieurs églises et, avec les représailles, avaient fait des dizaines de morts à Jos.
Jeudi, Damaturu et Potiskum, dans l’Etat de Yobe, et Maiduguri, capitale de l’Etat voisin de Borno, avaient été secouées par des explosions et des tirs jeudi. Les violences se sont poursuivies vendredi.
Ces attaques et les affrontements consécutifs avec soldats et policiers pourraient avoir fait une centaine de morts, ont estimé samedi une source policière et un responsable d’ONG. Le chef d’état-major des armées a lui été cité affirmant que l’armée avait tué 59 membres de la secte.
Le Nigeria, pays pétrolier et le plus peuplé d’Afrique (160 millions d’habitants), compte environ autant de musulmans, plus nombreux dans le nord, que de chrétiens, majoritaires dans le sud.
Les actions menées par Boko Haram sont devenues plus sophistiquées et mortelles ces derniers mois et des observateurs craignent que des membres de la secte aient développé des liens avec la branche maghrébine d’Al-Qaïda.
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