Soudan : l’armée annonce avoir tué Khalil Ibrahim, chef rebelle du JEM

L’armée soudanaise a affirmé avoir tué dimanche Khalil Ibrahim, le chef d’un des plus importants groupes rebelles du Darfour, une région de l’ouest du Soudan, trois jours après l’annonce par ce groupe qu’il marchait sur Khartoum pour renverser le régime.

Khalil Ibrahim, leader du JEM, le 17 février 2009 à Doha, au Qatar. © AFP

Khalil Ibrahim, leader du JEM, le 17 février 2009 à Doha, au Qatar. © AFP

Publié le 25 décembre 2011 Lecture : 3 minutes.

"L’armée soudanaise annonce qu’elle a tué Khalil Ibrahim dans des combats ce jour dans l’ouest de la ville de Wadbanda, au Kordofan-Nord", près de la frontière avec le Darfour-Sud, a rapporté l’agence de presse officielle Suna.

Ibrahim dirigeait le Mouvement pour la justice et l’égalité (JEM), le plus militarisé des groupes rebelles du Darfour, ravagée depuis plusieurs années par une guerre civile. L’information n’a pas pu être confirmée auprès de dirigeants du JEM. Mais une source proche d ce groupe a indiqué: "Je suis quasiment sûr que c’est vrai".

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Le gouverneur de la province du Kordofan-Nord a indiqué sur la télévision d’État que des véhicules de rebelles avaient été vus en train de brûler après les affrontements. Vendredi, le porte-parole de l’armée, Sawarmi Khaled Saad, avait indiqué qu’un groupe appartenant à Khalil Ibrahim avait attaqué des civils dans cette région et visé des chefs locaux en pillant leurs propriétés.

Faire tomber le régime

Le JEM avait affirmé jeudi que ses troupes avaient commencé à se déplacer du Darfour vers l’Est, en direction de Khartoum. Gibril Adam Bilal, un porte-parole du JEM, affirmait que les rebelles avaient atteint En Nahoud, à quelque 120 km à l’est du Darfour, dans l’Etat du Kordofan-Nord, et continuaient d’avancer dans le but de faire tomber le régime du président Omar el-Béchir.

Khalil Ibrahim avait soutenu le coup d’Etat du président el-Béchir en juin 1989, avant de tourner le dos au gouvernement et de fonder à la fin des années 1990 un groupe de dissidents dénonçant la "domination" des Arabes sur la vie politique et économique.
Exilé aux Pays-Bas, Khalil Ibrahim avait annoncé la formation du JEM, de tendance islamiste, dont la base est limitée à la branche Kobe des Zaghawas, groupe ethnique présent au Soudan et au Tchad.

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Le JEM a refusé de signer l’accord de paix du Darfour de mai 2006, estimant que "les mesures sur le partage des ressources et du pouvoir ne répondaient pas de façon adéquate aux causes profondes qui avaient mené à la rébellion: l’inéquité structurelle entre le centre (Khartoum) et les régions périphériques" comme le Darfour, selon International Crisis Group (ICG).

Accord de paix

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Le gouvernement soudanais a signé en juillet un accord de paix à Doha avec une coalition de petites factions darfouries rebelles, le Mouvement de libération pour la justice (LJM). Les principaux groupes armés au Darfour, le JEM et les factions de Armée de libération du Soudan (SLA) dirigées par Minni Minnawi et Abdelwahid Nour, ne l’ont pas signé.

D’une centaine d’hommes à ses débuts, le JEM compterait aujourd’hui quelques milliers de combattants. En mai 2008, plus de 200 personnes avaient été tuées lorsque des rebelles du JEM avaient traversé plus de 1.000 km de désert pour attaquer Omdurman, la ville jumelle de Khartoum, liée à la capitale par un pont sur le Nil. Plusieurs rebelles ont été jugés et condamnés à mort pour cette attaque.

A la télévision d’Etat, le porte-parole de l’armée Sawarmi Khaled Saad a indiqué que les forces gouvernementales avaient tué, lors d’affrontements, Khalil Ibrahim et un "groupe de ses chefs" au moment où le chef rebelle entreprenait de se rendre au Soudan du Sud.

Le Sud du pays est devenu indépendant en juillet après un référendum en janvier, après des décennies de guerre civile avec le Nord. Mais les tensions restent très vives. Khartoum accuse les autorités sud-soudanaises de soutenir les rebelles nord-soudanais, ce que Juba dément, accusant à son tour Khartoum d’armer les milices rebelles actives au sud de la frontière.

Au moins 300.000 personnes ont été tuées et 1,8 million déplacées depuis le début en 2003 de la guerre au Darfour entre des groupes rebelles autochtones et le régime de Khartoum, selon une estimation des Nations unies.

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