Tunisie : pour Moncef Marzouki, les Français sont « ceux qui comprennent le moins le monde arabe »
Les Français, « prisonniers d’une doxa au sujet de l’islam », sont « souvent ceux qui comprennent le moins le monde arabe », déplore dimanche le nouveau président tunisien Moncef Marzouki pour qui les craintes des Occidentaux à l’égard des islamistes d’Ennahda sont « absurdes ».
![Le président tunisien Moncef Marzouki le 22 novembre 2011. © AFP](https://prod.cdn-medias.jeuneafrique.com/cdn-cgi/image/q=auto,f=auto,metadata=none,width=1215,fit=cover/https://prod.cdn-medias.jeuneafrique.com/medias/2011/12/18/018122011111950000000marzoukf.jpg)
Le président tunisien Moncef Marzouki le 22 novembre 2011. © AFP
"J’ai très peu apprécié des considérations culturalistes, pour ne pas dire racistes, formulées à Paris par certains, dont l’ancien ministre des Affaires étrangères Hubert Védrine qui se demande si l’Occident doit exporter sa démocratie. Comme si la démocratie était propre aux pays occidentaux", fustige M. Marzouki dans un entretien au Journal du Dimanche.
"L’esprit colonial, c’est terminé. La Révolution de janvier 2011 nous a donné la démocratie, la République et finalement l’indépendance", ajoute-t-il.
L’ancien opposant de gauche et défenseur des droits de l’homme, longtemps exilé en France, estime que "les craintes à l’égard d’Ennadha sont absurdes".
Un parti "démocrate islamiste"
"Notre société recèle une partie conservatrice et une autre moderne. L’expression politique du conservatisme, c’est l’islamisme. Vous avez des partis démocrates-chrétiens en Europe, nous avons un parti démocrate islamiste", juge-t-il.
M. Marzouki défend "le bon contrat de gouvernement" conclu avec les islamistes qui "pour la première fois acceptent la démocratie et les droits de l’homme".
"J’ai aidé à rapprocher les islamistes de la démocratie et des droits de l’homme; eux m’ont influencé en me persuadant que vous ne pouvez pas réformer ce pays sans prendre en considération la religion et l’histoire", assure-t-il.
Moncef Marzouki a nommé officiellement mercredi l’islamiste Hamadi Jebali, le numéro deux du parti Ennahda, au poste de chef de gouvernement.
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