L’ONU appelle à garantir les activités de son agence à Gaza

L’agence onusienne pour les réfugiés palestiniens (Unrwa) est au cœur d’une polémique depuis qu’une dizaine de ses membres sont suspectés d’avoir participé à l’attaque du Hamas en Israël le 7 octobre dernier.

Une manifestation de soutien à la Palestine, à Madrid, en Espagne, le 27 janvier 2024. © JAVIER SORIANO / AFP

Une manifestation de soutien à la Palestine, à Madrid, en Espagne, le 27 janvier 2024. © JAVIER SORIANO / AFP

Publié le 28 janvier 2024 Lecture : 3 minutes.

Le chef des Nations unies a appelé le 28 janvier à garantir la poursuite des opérations de l’agence onusienne pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), au centre d’une polémique liée à l’attaque du 7 octobre perpétrée par le Hamas depuis la bande de Gaza, où l’armée israélienne poursuit son offensive sur la ville de Khan Younès. Au moins 129 personnes ont été tuées dans la nuit dans le territoire palestinien, cible de frappes aériennes et de tirs de l’artillerie israélienne.

À New York, António Guterres a appelé les pays donateurs ayant suspendu leur financement à l’Unrwa à « au moins garantir » la poursuite de ses opérations, essentielles à deux millions de personnes dans le petit territoire assiégé et surpeuplé. « Deux millions de civils à Gaza dépendent de l’aide critique de l’Unrwa pour leur survie au quotidien mais le financement actuel de l’Unrwa ne lui permettra pas de répondre à tous les besoins en février », a-t-il insisté.

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Plusieurs pays, dont les États-Unis et l’Allemagne, les deux plus grands contributeurs, ont suspendu toute aide additionnelle à l’Unrwa après l’annonce vendredi que douze de ses employés étaient suspectés d’avoir participé à l’attaque sanglante du Hamas dans le sud d’Israël le 7 octobre.

Guterres dans le viseur d’Israël

Cette attaque sans précédent a entraîné la mort d’environ 1 140 personnes en Israël, majoritairement des civils. En riposte, Israël a lancé une vaste opération militaire ayant fait 26 422 morts, en grande majorité des femmes, enfants et adolescents, selon un bilan communiqué dimanche par le ministère de la Santé du Hamas. Israël a juré d’« anéantir » le mouvement islamiste, classé terroriste par les États-Unis, l’Union européenne et Israël.

António Guterres a confirmé que 12 employés de l’Unrwa étaient concernés par ces « accusations extrêmement graves » qui font l’objet d’une enquête interne de l’ONU. L’agence s’est séparée de neuf d’entre eux, un est « confirmé mort », et les identités de deux autres sont « en train d’être clarifiées », a-t-il précisé. « Les présumés actes abjects de ces employés doivent avoir des conséquences » mais ne devraient pas pénaliser « les dizaines de milliers d’hommes et de femmes qui travaillent » pour l’agence onusienne, a-t-il souligné.

L’ambassadeur israélien à l’ONU, Gilad Erdan, a accusé António Guterres d’avoir choisi d’ignorer « les preuves » de l’implication de l’Unrwa dans « l’incitation et le terrorisme ».

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« Conditions de désespoir »

Un refuge de l’Unrwa avait été la cible de tirs meurtriers mercredi à Khan Younès. Considérée par Israël comme une place forte du Hamas, la grande ville du sud de Gaza est désormais au cœur de la guerre.

Des « combats intenses » s’y sont poursuivis dimanche, a indiqué l’armée israélienne qui a éliminé « des terroristes et saisi d’importantes quantités d’armes ». Les combats ont notamment lieu aux abords des deux principaux hôpitaux de la ville, Nasser et al-Amal. Environ 350 patients et 5 000 personnes déplacées se trouvaient samedi à l’hôpital Nasser, « à court de carburant, nourriture et fournitures », selon Tedros Adhanom Ghebreyesus, le directeur général de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS).

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Au sud de Khan Younès, plus de 1,3 million de Gazaouis déplacés sont massés à Rafah, acculés, dans des « conditions de désespoir », contre la frontière fermée avec l’Égypte, selon l’ONU. Les rues où s’écoulent les eaux usées sont remplies de centaines de milliers de tentes, abris dérisoires contre les pluies diluviennes qui se sont abattues ces derniers jours. La ville n’est pas non plus épargnée par les bombes.

Relance des discussions

Alors que la guerre, à son 114e jour, ne connaît aucun répit, le Qatar, l’Égypte et les États-Unis doivent relancer les discussions pour parvenir à une nouvelle trêve, qui inclurait la libération d’otages israéliens contre des prisonniers palestiniens. Quelque 250 personnes ont été enlevées en Israël pendant l’attaque du 7 octobre et emmenées à Gaza, dont une centaine libérées fin novembre durant une trêve. Selon les autorités israéliennes, 132 otages sont toujours détenus dans la bande de Gaza, dont 28 présumés morts.

Le directeur de la CIA, le service de renseignement américain, va rencontrer « dans les tout prochains jours à Paris » ses homologues israélien et égyptien, ainsi que le Premier ministre qatari, pour tenter de conclure un accord, selon une source sécuritaire.

Plusieurs milliers de personnes ont participé samedi soir à des rassemblements en Israël, notamment dans le centre de Tel-Aviv, pour demander le retour des otages et la démission du gouvernement en vue de nouvelles élections. Mais dans une allocution télévisée, le Premier ministre Benjamin Netanyahu a répété sa détermination : « si nous n’éliminons pas les terroristes du Hamas […] le prochain massacre n’est qu’une question de temps ».

(Avec AFP)

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