La Libye capable de pardonner aux combattants de Kadhafi
Le chef des nouvelles autorités libyennes, Moustapha Abdeljalil, a lancé samedi un appel à la réconciliation nationale, en assurant que la Libye était capable de pardonner aux membres des forces de Mouammar Kadhafi ayant combattu les rebelles.
Le chef des nouvelles autorités libyennes, Moustapha Abdeljalil, a lancé samedi un appel à la réconciliation nationale, en assurant que la Libye était capable de pardonner aux membres des forces de Mouammar Kadhafi ayant combattu les rebelles. "Nous sommes capables de pardon et de tolérance", a-t-il déclaré à l’ouverture d’une conférence à Tripoli sur la justice et la réconciliation, la première de ce type depuis que le Conseil national de transition (CNT, ex-rébellion) a déclaré le 23 octobre la libération totale de la Libye.
"Nous sommes capables d’absorber nos frères qui ont combattu les révolutionnaires (…) et nous sommes aussi capables d’absorber tous ceux qui ont commis un acte ou une parole à l’encontre de cette révolution. La tolérance et la réconciliation sont un principe musulman", a-t-il ajouté. Des représentants de tribus et de plusieurs villes de Libye, ainsi que le ministre d’Etat qatari aux Affaires étrangères Khaled al-Attiya et le chef du parti islamiste tunisien Ennahdha, Rached Ghannouchi, ont participé à la conférence.
Le Premier ministre libyen Abdel Rahim al-Kib a souligné que la réconciliation nationale était "une condition essentielle à la construction des institutions constitutionnelles de l’Etat". "L’avenir ne peut être construit avec la vengeance pour base", a-t-il souligné, en appelant à "l’activation (…) d’une justice transitionnelle" devant mener à la réconciliation. Car se réconcilier ne signifie pas tout pardonner et les Libyens ayant commis des actes de torture, des viols, des meurtres et ayant volé de l’argent public "doivent rendre des comptes" devant la justice, a-t-il dit.
Le "problème" Bani Walid
Le soulèvement à la mi-février contre le régime de Mouammar Kadhafi, au pouvoir depuis 1969 et tué en octobre, s’est transformé en un conflit meurtrier qui a déchiré le pays, avec d’un côté les forces du dirigeant libyen et de l’autre les révolutionnaires, appuyés à partir de la fin mars par l’Otan. Mais des rancoeurs et des méfiances subsistent. Des habitants de Bani Walid (170 km au sud-est de Tripoli) réclament ainsi vengeance après des violences et des pillages, tandis que beaucoup de Libyens accusent des résidents de la ville d’être restés pro-Kadhafi.
Des observateurs et organisations de défense des droits de l’Homme ont appelé les nouveaux dirigeants libyens à mettre en place un plan pour gagner la confiance des villes qui étaient des bastions de Mouammar Kadhafi, comme Syrte et Bani Walid. "La question de la réconciliation nationale est extrêmement importante (…). C’est un problème à Bani Walid", a indiqué à l’AFP Mahmoud Werfelli, porte-parole du conseil local de la ville, en marge de la conférence.
Mais Ali Sallabi, un chef islamiste qui a aidé à financer et à armer la rébellion, a estimé que toute la Libye devait être reconstruite, pas seulement Syrte ou Bani Walid. "Nous devons reconstruire Misrata, Ajdabiya, Zenten, toutes les villes. Syrte est juste l’une d’entre elles. Nous devons être équitables avec tout le monde", a-t-il affirmé à l’AFP. "Nous sommes déjà en contact avec les gens à Syrte et Bani Walid pour les efforts de réconciliation", a-t-il toutefois ajouté.
Le gouvernement de M. al-Kib, formé il y a près de trois semaines, s’est engagé à soutenir les efforts du CNT "pour parvenir à la réconciliation nationale". Le cabinet est aussi sous pression pour assurer la sécurité dans les rues et dissoudre les milices armées des ex-révolutionnaires qui font la loi dans le pays depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en août.
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