Législatives en Égypte : participation record, les islamistes donnés gagnants

Les autorités égyptiennes ont salué vendredi soir le taux de participation « historique » aux premières élections législatives de l’après-Moubarak, mais sans être encore en mesure de fournir les résultats par partis de ce scrutin où les islamistes sont donnés largement gagnants.

Manifestation place Tahrir, le 2 décembre 2011 au Caire. © AFP

Manifestation place Tahrir, le 2 décembre 2011 au Caire. © AFP

Publié le 3 décembre 2011 Lecture : 3 minutes.

Le président de la Haute commission électorale (HCE), Abdel Moez Ibrahim, a annoncé devant la presse un taux de participation de 62%, le plus élevé en Égypte "depuis les pharaons jusqu’à aujourd’hui" a-t-il dit.

Mais il s’est déclaré incapable de donner la répartition des voix par partis de la première phase lundi et mardi de cette élection-marathon, alors que les partis islamistes assurent avoir remporté au total près de 70% des suffrages, écrasant les formations libérales et laïques.

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"Ce dossier est trop volumineux, moi, je n’ai plus d’énergie…", a déclaré le chef de la HCE, interrogé sur les résultats des partis politiques en lice, dont l’annonce a déjà été reportée plusieurs fois. Il a renvoyé à la publication "bientôt" sur internet des résultats bruts du vote district par district.

Le responsable égyptien s’est borné à annoncer les noms des candidats élus au premier tour et ceux devant disputer un second tour la semaine prochaine, au titre du tiers des sièges attribués au scrutin uninominal. Il n’a pas donné d’indication pour les deux autres tiers des sièges de députés, qui sont répartis à la proportionnelle.

Le vote de lundi et mardi concernait un tiers des gouvernorats, dont ceux du Caire et d’Alexandrie, les deux plus grandes villes du pays.
Les députés des autres gouvernorats seront élus d’ici au 11 janvier, puis viendra l’élection de la Choura (sénat), jusqu’au 11 mars.

Le futur Parlement devra nommer une commission chargée de rédiger la future Constitution, une mission essentielle pour définir l’équilibre des pouvoirs après le renversement du président Hosni Moubarak en février et la prise du pouvoir par un Conseil militaire.

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Les islamistes crédités à 40%

La presse et plusieurs partis ont cependant déjà révélé les tendances principales, créditant le parti des Frères musulmans "Liberté et Justice" (PLJ) et ses alliés de 40% des voix, le parti salafiste Al-Nour et d’autres formations de cette mouvance intégriste obtenant 20% à 30% des votes.

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La perspective d’avoir un Parlement dominé par des islamistes, dont une grande partie issus de groupes ultra-conservateurs, provoque l’inquiétude des milieux politiques laïques ainsi que de la communauté chrétienne copte (6% à 10% de la population).

Les partis islamistes se sont efforcés de dissiper ces inquiétudes, sans cacher que leur scores élevés les mettaient en position de faire prévaloir leurs idées.
"Les vainqueurs, individus et listes, doivent réaliser qu’un parti ou quelques partis seuls ne pourront pas redresser le pays et qu’il n’y a pas d’alternative à un consensus national fondé sur les intérêts de l’Égypte", a déclaré le numéro deux des Frères musulmans, Khairat al-Chater.

Le porte-parole d’Al-Nour, Mohamed Nour, a quant à lui lancé un message d’apaisement aux Coptes, qui se disent discriminés dans la société égyptienne majoritairement musulmane.

"Toucher un cheveu de la tête d’un Copte est contraire à notre programme", a-t-il déclaré à l’AFP.

Mais un autre salafiste, Hazem Abou Ismaïl, candidat déclaré à la future présidentielle sous l’étiquette d’"indépendant", a estimé que le gouvernement devrait "créer un climat pour faciliter" le port du voile.

"Si les salafistes gagnent, nous n’aurons plus de vie", a affirmé à l’AFP Imed Andraous, un ingénieur informatique copte qui a déjà prévu d’envoyer ses enfants à l’étranger pour finir leurs études. "Mais moi je resterai", a-t-il dit.

Les premières élections organisées dans la foulée du Printemps arabe ont vu émerger des partis islamistes en Tunisie, au Maroc et maintenant en Égypte, au détriment de formations laïques.

Manifestations

Dans le même temps, plusieurs milliers de manifestants se sont rassemblés au Caire, certains pour réclamer la chute du pouvoir militaire sur la place Tahrir, d’autres en soutien aux généraux.

Par ailleurs, les autorités ont fait savoir qu’une dizaine de ministres du gouvernement démissionnaire allaient conserver leur portefeuille au sein du gouvernement de "salut national" qui doit être annoncé samedi par le Premier ministre Kamal el-Ganzouri.

Mohamed Kamel Amr est maintenu à la tête de la diplomatie égyptienne, ainsi que les ministres du Pétrole, de l’Electricité, du Tourisme ou de la Coopération internationale.

M. Ganzouri a été nommé le 25 novembre par l’armée au pouvoir pour remplacer Essam Charaf, qui avait démissionné après des affrontements meurtriers qui ont opposé les forces de l’ordre aux manifestants hostiles au pouvoir militaire.
 

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