RDC : l’opposant Tshisekedi appelle de nouveau à la violence
L’opposant Etienne Tshisekedi, candidat à la présidentielle du 28 novembre en RDC, a réitéré vendredi des propos déjà tenus dimanche et unanimement condamnés, en appelant ses partisans à « casser » des prisons pour libérer des militants et à « terroriser » militaires et policiers.
"Je donne un ultimatum de 48 heures au gouvernement (du président congolais Joseph) Kabila, pour libérer tous nos combattants en prison à Mbuji Mayi, Lubumbashi et à Kinshasa. Sinon, je demande à la base à Kinshasa (…) de se mobiliser et d’aller casser la prison de Makala (à Kinshasa) afin de libérer de force nos combattants arrêtés arbitrairement", a-t-il déclaré lors d’un meeting à Kisangani (nord-est), devant environ 5.000 personnes, a constaté un correspondant de l’AFP.
"Vous avez un pouvoir réel dans ce pays car la voix du peuple c’est la voix de Dieu. S’il arrivait que l’un de vous soit victime de tracasseries inutiles de la part d’un policier, d’un militaire ou de quelqu’un du PPRD (Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie, au pouvoir), mobilisez-vous et prenez-les et terrorisez-les. Même s’ils fuient dans leur camp, il faut les poursuivre", a-t-il ajouté dans un discours de près de deux heures en fin de journée, devant la Grande poste dans le centre-ville.
A plusieurs reprises lors de son discours qui s’est terminé dans l’obscurité vers 20H00 (18H00 GMT), la foule criait "Libérez ! Libérez! Libérez !".
Arrivé jeudi soir à Kisangani, le leader de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS) avait déjà tenu des propos similaires dimanche dans une interview au téléphone depuis l’Afrique du sud où il se trouvait, diffusée à Kinshasa par une télévision d’opposition, qui a été coupée depuis par les autorités.
Il s’était également déclaré "président de la République".
"Qu’ils le terrorisent très fort"
A Kisangani, capitale de la Province orientale, M. Tshisekedi a donné jusqu’à samedi midi au ministre de la Communication et des Médias, Lambert Mende, pour "remettre le signal" de la télévision coupée. "Sinon, les combattants de base à Kinshasa qui me suivent, qu’il aillent au bureau de Mende (…) qu’ils le terrorisent très fort pour qu’il sache qu’au Congo les choses ont changé", a-t-il menacé.
"Vous verrez, il y aura un grand changement dans le pays, ils vous laisseront tranquilles dans vos souffrances, jusqu’au 7 décembre, quand je serai le chef de l’Etat pour développer le pays", a-t-il lancé. Les résultats provisoires de la présidentielle doivent être annoncés le 6 décembre.
A la fin du meeting, des jeunes se sont montrés menaçants envers des policiers en leur lançant: "Osez encore, vous allez voir !", a constaté le correspondant de l’AFP.
Après ses déclarations de dimanche, la Belgique, l’Union européenne, la France, la Grande-Bretagne et l’ONU mais aussi des ONG locales et l’église catholique congolaise avaient condamné les propos du leader de l’UDPS.
Elles avaient aussi exprimé leur inquiétude après des violences entre ses partisans et ceux de la majorité dans plusieurs villes du pays, qui ont émaillé la campagne électorale lancée le 28 octobre.
Ancien ministre et Premier ministre sous Mobutu, puis opposant historique à l’ex-dictateur zaïrois, Etienne Tshisekedi, 78 ans, est l’un des 11 candidats, avec Joseph Kabila, à la présidentielle du 28 novembre qui se tiendra en même temps que les législatives. Les deux scrutins sont à un tour.
Rentré au pays fin 2010 après trois ans d’exil médical notamment en Belgique, il avait boycotté les élections de 2006, les estimant entachées d’irrégularités.
Natif de la province du Kasaï Oriental (centre), il est pour la première fois candidat à la présidentielle.
Selon l’UDPS, M. Tshisekedi doit poursuivre sa campagne samedi à Isiro puis dans d’autres villes de l’est, notamment Goma. Il avait initialement été annoncé ce vendredi à Kinshasa.
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