Dakar évaluée pour la première fois par une agence de notation

La ville de Dakar a reçu une note de l’agence de notation financière Bloomfield Investment Corporation. Une première pour une collectivité locale en Afrique de l’Ouest.

L’autoroute à péage Dakar-Diamniado a été inaugurée en août 2013. DR

L’autoroute à péage Dakar-Diamniado a été inaugurée en août 2013. DR

Publié le 22 octobre 2013 Lecture : 3 minutes.

Mis à jour le 22 octobre 2013 : la note attribuée à la ville de Dakar sur le court terme est bien A3 et non AAA comme indiqué précédemment.

L’agence Bloomfield Investment Corporation, basée à Abidjan, vient de finaliser la première notation financière publique de la ville de Dakar. La Capitale du Sénégal devient ainsi la première métropole de l’UEMOA et de la la zone FCFA a se voir attribuer une note. Dakar obtient la note de « BBB+ », qui indique un risque d’investissement modéré, sur le long terme, avec une perspective positive. Sur le court terme, Dakar reçoit la note de A3 qui entre dans la catégorie « note d’investissement », avec une perspective positive. Selon les informations reçues par Jeune Afrique, l’attribution de cette notation est un préalable à l’émission d’obligations de la capitale sénégalaise à la Bourse régionale des valeurs mobilières (BRVM) d’Abidjan en 2014.

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Dakar concentre 75% du chiffre d’affaires des entreprises du Sénégal

Poids économique

Le rapport de Bloomfield Investment note également le poids économique de la ville ainsi que l’état de ses infrastructures. Avec ses 1,1 million d’habitants, Dakar accueille 21% de la population urbaine du Sénégal pour 10% de la population totale. Selon l’agence de notation, la ville représente également 75% du chiffre d’affaires réalisé par les entreprises du Sénégal et concentre 47% de l’espace d’accueil touristique du pays. À lui seul, le port autonome de Dakar totalise environ 95% du trafic commercial du pays.

Pour autant, les analystes de Bloomfield Investment relèvent des insuffisances notables. Ces dernières portent principalement sur « la forte dépendance actuelle des recettes de la ville à des impôts locaux dont elle n’a ni la maîtrise ni la gestion du recouvrement ». Contacté par Jeune Afrique, Youssouf Carius, économiste en chef de l’agence de notation, précise ainsi que « 70% des recettes de fonctionnement de la ville proviennent des impôts locaux, gérés et recouvrés au profit de Dakar par l’État sénégalais ». Ceci se reflète dans « l’incapacité actuelle de la ville à prévoir ses recettes et à faire une planification chiffrée de ses programmes de développement au delà d’un an » poursuit-il.

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Planification

Mais Youssouf Carius se veut optimiste : « La ville de Dakar a entrepris de nombreux efforts, non seulement pour assurer une planification à long terme de ses projets, mais aussi pour améliorer le recouvrement de ses recettes. »

Dakar négocierait actuellement avec l’administration fiscale sénégalaise sur la question des recettes et bénéficie du soutien de l’Agence française de développement (AFD) pour la formation de la ville à la gestion des finances locales. Aussi, Dakar reçoit l’appui du programme PPIAF (Public Private Infrastructure Advisory Facility) de la Banque mondiale pour l’amélioration de son système de gestion financière.

Sources de financement

Pour le directeur de Bloomfield Investment, le choix fait par la ville de Dakar d’une planification à long terme, notamment dans le cadre du Plan directeur d’urbanisme de Dakar Horizon « 2025 », et d’une diversification de ses sources de financement pourrait ouvrir le chemin pour d’autres villes africaines. « Aujourd’hui, lorsque l’on analyse les grands axes stratégiques recommandés par la plupart des organisations internationales – BAD, FMI, USAID et Banque mondiale, entre autres – on s’aperçoit très bien que l’accent est mis sur les collectivités territoriales », explique Youssouf Carius.

« L’approche ‘top-bottom’ du développement centralisé cède le pas à une approche davantage centrée sur la décentralisation, avec des projets conçus et expérimentés au niveau des structures locales avant d’être éventuellement généralisés. Le Sénégal l’a bien compris » conclut-il.

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