Liberia : derniers meetings pour Mme Sirleaf, seule en lice pour la présidentielle
La présidente libérienne Ellen Johnson Sirleaf tenait dimanche ses derniers meetings à Monrovia avant le second tour de la présidentielle de mardi, où elle sera seule en lice après le retrait de son rival Winston Tubman, qui a appelé ses partisans à boycotter le scrutin.
La présidente libérienne Ellen Johnson Sirleaf tenait dimanche ses derniers meetings à Monrovia avant le second tour de la présidentielle de mardi, où elle sera seule en lice après le retrait de son rival Winston Tubman, qui a appelé ses partisans à boycotter le scrutin.
La décision de M. Tubman inquiète la communauté internationale qui craint qu’elle ne provoque une reprise des violences dans ce pays se relevant doucement de guerres civiles qui, de 1989 à 2003, ont tué quelque 250.000 personnes et ruiné l’économie libérienne. La situation était calme dimanche matin à Monrovia, où de nombreuses personnes élégamment vêtues allaient prier pour la paix dans les mosquées, les temples et les églises de la ville. Mais, contrairement à ce qui a précédé le premier tour de la présidentielle du 11 octobre, aucune manifestation de joie particulière de partisans des différents partis et candidats, dansant et chantant dans les rues, n’était visible.
Ellen Johnson Sirleaf, 73 ans, prix Nobel de la paix 2011, devait tenir plusieurs réunions publiques dans différents quartiers de Monrovia pour motiver ses partisans et exhorter les électeurs à aller voter mardi en dépit de l’appel de M. Tubman à boycotter le scrutin. M. Tubman et son parti, le Congrès pour le changement démocratique (CDC), disent craindre que ce second tour ne soit entaché de fraudes semblables à celles qu’ils ont dénoncées au premier tour.
Mme Sirleaf a accusé son rival "de violer la Constitution" en appelant les électeurs à ne pas voter mardi parce qu’il "craint la défaite", ce à quoi Winston Tubman a répondu que le "droit de ne pas voter" est aussi reconnu par la Constitution. Il l’a accusée d’avoir utilisé "les ressources de l’Etat" pendant sa campagne, mais aussi pour acheter le ralliement d’autres opposants au second tour.
"Un mauvais signal"
Les sympathisants du CDC ont commencé dimanche à la mi-journée à se rassembler devant le siège du parti, comme ils l’avaient fait samedi et comme ils entendent le faire les jours suivants pour exprimer leur soutien à leur dirigeant. Lundi, le CDC a appelé à une manifestation dans les rues de Monrovia qui fait craindre des débordements.
Le retrait de Winston Tubman, économiste et diplomate de 70 ans, ainsi que son appel à boycotter l’élection suscitent de nombreuses inquiétudes à l’étranger. "Nous sommes très préoccupés, c’est un mauvais signal", a affirmé Speciosa Wadira Kazibwe, ancienne vice-présidente ougandaise et chef de la mission des observateurs de l’Union africaine (UA).
"Les leaders politiques doivent être prêts à gagner ou à perdre" une élection, a-t-elle ajouté en exhortant "les Libériens à aller voter" en dépit de l’appel de M. Tubman. La Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) s’est également inquiétée de la prise de position de M. Tubman qui "porte atteinte à l’élection et au processus démocratique" au Liberia. Le chef de l’ONU Ban Ki-moon a exhorté "tous les Libériens de ne pas recourir à la force malgré les divergences politiques" et les Etats-Unis se sont dits "profondément déçus" par l’appel de M. Tubman à boycotter le second tour, estimant que ses accusations de fraudes "ne sont pas justifiées".
Au premier tour de la présidentielle, Mme Sirleaf est arrivée en tête avec 43,9% des voix contre 32,7% à M. Tubman. Le parti présidentiel, le Parti de l’unité (UP) a également remporté le plus grand nombre de sièges à l’Assemblée nationale et au Sénat. Ces scrutins, marqués par une forte participation (71%), s’étaient déroulés dans le calme et avaient été salués par l’ensemble des observateurs, nationaux et internationaux, comme "libres et transparents".
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