La Syrie et l’Irak dénoncent les frappes américaines sur leurs territoires

Damas et Bagdad ont dénoncé samedi les frappes américaines nocturnes visant des forces d’élite iraniennes et des groupes pro-iraniens dans les deux pays, en représailles à la mort de trois soldats américains dans une attaque en Jordanie fin janvier.

Le président américain Joe Biden et la Première dame, Jill Biden, assistent à l’arrivée aux États-Unis des corps des trois soldats américains tués lors de l’attaque du 28 janvier en Jordanie, à Dover, Delaware, le 2 février 2024.

Le président américain Joe Biden et la Première dame, Jill Biden, assistent à l’arrivée aux États-Unis des corps des trois soldats américains tués lors de l’attaque du 28 janvier en Jordanie, à Dover, Delaware, le 2 février 2024.

Publié le 3 février 2024 Lecture : 3 minutes.

« Notre riposte a commencé aujourd’hui. Elle continuera selon le calendrier et aux endroits que nous déciderons », a averti le président américain, Joe Biden. L’intervention militaire américaine dans la nuit de vendredi à samedi en Syrie et en Irak a duré trente minutes environ et a été « un succès », selon la Maison Blanche, qui a assuré à nouveau ne pas vouloir d’une « guerre » avec l’Iran.

Les Etats-Unis ont promis d’autres frappes en riposte à l’attaque le 28 janvier sur une base en Jordanie, près des frontières syrienne et irakienne, qui a coûté la vie à trois militaires américains, attaque attribuée par Washington à des groupes soutenus par l’Iran. « Les États-Unis ne veulent de conflit ni au Moyen-Orient ni ailleurs dans le monde. Mais que ceux qui veulent nous faire du mal le sachent bien : si vous touchez à un Américain, nous répondrons », a prévenu plus tôt le président américain dans un communiqué.

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L’Iran a « condamné avec force » les frappes américaines et dénoncé « une violation de la souveraineté de la Syrie et de l’Irak », tandis que le mouvement palestinien Hamas a estimé qu’elles mettaient « de l’huile sur le feu ». À un moment où les tensions dans la région sont déjà très fortes en raison de la guerre entre Israël et le Hamas à Gaza, la Syrie et l’Irak se sont joints à l’Iran, reprochant à Washington de compromettre la stabilité au Moyen-Orient.

« Violation de la souveraineté »

Au moins 23 combattants pro-iraniens, incluant neuf Syriens et six Irakiens, ont été tués dans l’est de la Syrie, selon l ‘Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH). En Irak, 16 personnes parmi lesquelles des civils ont été tuées, a annoncé samedi le gouvernement irakien. Le bilan pourrait toutefois être plus lourd, le Hachd al-Chaabi irakien, coalition de groupes armés pro-iraniens, formés d’ex-paramilitaires intégrés aux forces régulières, annonçant dans ses seuls rangs un bilan de « 16 martyrs et 36 blessés ».

Les représailles américaines contribuent à « attiser le conflit au Moyen-Orient de manière extrêmement dangereuse », a réagi dans un communiqué le ministère syrien des Affaires étrangères. Le gouvernement irakien a, lui, fustigé une « violation de la souveraineté irakienne ». De son côté, Moscou a accusé les États-Unis de « semer le chaos » au Moyen-Orient.

Un total de 85 cibles sur sept sites différents (quatre en Syrie et trois en Irak) ont été visées dans la nuit de vendredi à samedi, a indiqué John Kirby, porte-parole du Conseil de sécurité nationale de la Maison Blanche. Ces frappes ont entraîné « la mort d’un certain nombre de civils et de soldats, des blessures chez d’autres et des dégâts importants », selon l’armée syrienne. « L’occupation de certaines parties du territoire syrien par les forces américaines ne peut plus durer », a-t-elle ajouté.

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L’Irak a estimé pour sa part que la présence sur son sol d’une coalition internationale antijihadiste menée par Washington était « devenue une menace pour la sécurité et la stabilité » du pays. La diplomatie irakienne a fait savoir qu’elle allait convoquer le chargé d’affaires américain à Bagdad pour lui remettre une « lettre officielle de protestation ».

Multiplication des attaques

Quelque 900 soldats américains sont déployés en Syrie et 2 500 en Irak voisin dans le cadre de la coalition créée pour combattre le groupe État islamique lorsque ce dernier contrôlait des pans entiers de territoires syrien et irakien. La défaite de l’EI en Syrie a été proclamée en 2019 (et en Irak en 2017), mais la coalition est restée dans le pays pour lutter contre des cellules jihadistes qui continuent d’y mener des attaques.

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La Maison Blanche a assuré que les États-Unis avaient « prévenu le gouvernement irakien avant les frappes », ce que Bagdad a démenti samedi. L’armée américaine est passée à l’acte peu après le retour solennel aux États-Unis des corps des trois militaires américains tués, auquel a assisté le président Joe Biden.

Depuis la mi-octobre, plus de 165 frappes de drones et tirs de roquettes ont visé les forces américaines déployées avec la coalition antijihadiste en Irak et en Syrie, mais aucun militaire américain n’avait été tué jusqu’à l’attaque du 28 janvier. Revendiquées pour la plupart par une nébuleuse de combattants issus des groupes pro-iraniens qui se fait appeler Résistance islamique en Irak, ces attaques se sont multipliées peu après le début de la guerre à Gaza le 7 octobre entre le Hamas et Israël, proche allié des États-Unis.

(avec AFP)

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