Des heurts à Dakar, au Sénégal, Aminata Touré arrêtée
Des heurts ont éclaté dimanche 4 février à Dakar entre forces de sécurité et manifestants protestant contre le report de la présidentielle annoncé la veille par le chef de l’État, Macky Sall.
Les gendarmes ont déclenché un tir nourri de grenades lacrymogènes contre des centaines d’hommes et de femmes de tous âges qui, drapeau du Sénégal à la main ou maillot de l’équipe nationale de foot sur le dos, convergeaient vers un rond-point où plusieurs candidats d’opposition leur avaient donné rendez-vous.
Les gendarmes, déployés en grand nombre, se sont enfoncés à pied ou en pick-up dans les quartiers voisins à la poursuite des manifestants en fuite. Ils ont alors essuyé des jets de pierres. Des jeunes scandant « Macky Sall dictateur ! » ont dressé des barrages avec des moyens de fortune et incendié des pneus.
Les forces de sécurité ont aussi tiré des grenades lacrymogènes sur les nombreux partisans de Khalifa Sall qui s’étaient rassemblés près du quartier général de leur candidat. Plusieurs femmes ont été victimes de malaise sous l’effet des gaz.
Aminata « Mimi » Touré arrêtée
L’opposante et ancienne Première ministre Aminata « Mimi » Touré, autre farouche adversaire de l’ajournement, a été arrêtée lors d’un des rassemblements, a indiqué le député d’opposition Guy Marius Sagna.
Une candidate à la présidentielle, Anta Babacar Ngom, aurait également été interpellée. Des images publiées sur les réseaux sociaux la montrent aux prises avec des membres des forces de sécurité.
Un autre candidat, Daouda Ndiaye, a posté sur les réseaux sociaux un message où il assure avoir été « brutalisé » par les forces de l’ordre, et rapporte que certains de ses collaborateurs ont été « arrêtés ».
Plusieurs candidats d’opposition ont annoncé à la presse leur décision d’ignorer le report de la présidentielle et de maintenir le lancement de leur campagne.
Ce sont les premiers troubles consécutifs à l’annonce par le président Sall du report du scrutin du 25 février. L’annonce a suscité un tollé et fait craindre un accès de fièvre dans un pays qui a connu différents épisodes de troubles meurtriers depuis 2021.
Vers une bataille à l’Assemblée ?
C’est la première fois depuis 1963 qu’une présidentielle au suffrage universel direct est reportée au Sénégal, qui n’a jamais connu de coup d’État.
Macky Sall a invoqué le conflit qui a éclaté entre le Conseil constitutionnel et l’Assemblée nationale après la validation définitive par la juridiction de vingt candidatures et l’élimination de plusieurs d’autres.
Les députés doivent se réunir ce lundi 5 février afin d’examiner une proposition de loi pour le report de la présidentielle de six mois. Le texte doit être approuvé par trois cinquièmes des 165 députés pour être validé. Ce débat s’annonce comme un autre temps fort de la crise politique en cours.
À l’initiative de Karim Wade, dont la candidature a été recalée et qui a remis en question l’intégrité de deux juges constitutionnels tout en réclamant le report de l’élection, l’Assemblée avait approuvé la semaine dernière la création d’une commission d’enquête sur les conditions de validation des candidatures.
Contre toute attente, des députés du camp présidentiel ont soutenu la démarche. Elle a provoqué une vive querelle sur la séparation des pouvoirs, mais aussi nourri le soupçon d’un plan pour ajourner la présidentielle et éviter une défaite. Le candidat du pouvoir, le Premier ministre Amadou Ba, fait face à des dissidents dans son propre camp.
(Avec AFP)
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