Attentat de Marrakech : peine capitale pour le principal accusé

Le procès des auteurs présumés de l’attentat à la bombe de Marrakech en avril, qui a fait 17 morts dont onze étrangers, a connu son épilogue vendredi avec la condamnation à la peine capitale du principal accusé et à la perpétuité pour son complice.

Un proche d’un des accusés du procès de l’attentat de Marrakech sort de l’audience au tribunal. © AFP

Un proche d’un des accusés du procès de l’attentat de Marrakech sort de l’audience au tribunal. © AFP

Publié le 29 octobre 2011 Lecture : 3 minutes.

Mais les peines à quelques années de prison –prononcées à l’issue d’une longue délibération de cinq heures et demi de la cour du tribunal anti-terroriste de Salé (près de Rabat) — a provoqué la colère des familles des huit victimes françaises dont certaines ont crié au scandale.

Le principal accusé, le Marocain Adil Al-Atmani a été condamné à mort, et son complice Hakim Dah à la prison à perpétuité.

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Toujours inscrite dans le code pénal – mais en voie d’être formellement supprimée –la peine de mort n’est plus appliquée au Maroc depuis 1992. La nouvelle constitution votée en juillet prévoit pour la première fois explicitement le "droit à la vie".

Un homme tranquille

Quatre des sept autres accusés ont été condamné à quatre ans de prison et trois à deux ans. Les dix accusés ont dix jours jours pour interjeter appel. L’attentat particulièrement sanglant a fait 17 morts, dont huit Français, trois Suisses et trois Marocains ainsi que plusieurs blessés.

Dès l’énoncé du verdict, la soeur d’Al-Atmani s’est mise à protester à haute voix dans la salle d’audience empêchant le juge de poursuivre sa lecture, avant de perdre connaissance.

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Al-Atmani, un cordonnier de Safi (150 km au sud de Casablanca) a commis l’attentat, selon des témoins, en s’introduisant dans le café Argana au coeur de la célèbre place Jamâa El Fna à Marrakech, haut lieu du tourisme marocain, portant une perruque et des lunettes de soleil. Il s’était servi d’un gros sac à dos chargé d’explosifs qu’il a actionnés quelques minutes après avoir quitté le café.

Le principal accusé, un homme tranquille et indifférent

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Selon la police, une puce de téléphone portable découverte dans le café soufflé par l’explosion actionnée à distance a permis de remonter jusqu’à lui.

Les condamnations à quelques années de prison des complices a provoqué la colère des familles des victimes françaises.

Colère des familles des victimes

"C’est scandaleux" s’est écrié Jacques Sombret, qui vit à Marseille (sud de la France), soulignant que certains des accusés ont même remercié la cour pour la sentence. "Le monde va rire de votre justice; le Maroc m’a trahi", a ajouté l’homme en colère dont la fille de 40 ans est morte dans l’attentat laissant deux enfants derrière elle.

L’avocat du principal accusé, Me Abdelrahman Abideddihne a quant à lui dénoncé la condamnation à mort de son client qui avait reconnu sa responsabilité dans l’attentat au cours de l’enquête avant de se récuser au premier jour du procès.

"Je m’étonne que la justice continue de prononcer des peines de mort alors que le royaume l’a aboli de facto. Cette sentence figure encore dans la loi, mais il ne faut plus la prononcer dès lors que l’on s’achemine vers sa suppression", a-t-il dit à l’AFP.

Avant l’énoncé du verdict, les neuf accusés ont tous pris la parole pour redire qu’ils n’avaient aucun lien avec le Jihad et avec le terrorisme, et clamer leur innocence.

"Je suis innocent"

"Je n’ai aucun lien avec cet attentat. Je suis innocent (…) et le résultat de ce procès va nous permettre d’établir si le Maroc est vraiment sur la voie des réformes", a lancé Adil Al-Atmani qui était le premier à prendre la parole.

Celui-ci a paru tout au long du procès tranquille et relativement indifférent aux débat tandis que les autres suspects, tous jeunes, passaient leur temps à communiquer avec leurs proches installés à l’arrière de la salle d’audience, à proximité du box des accusés.

Selon le parquet, les principaux accusés étaient des personnes "qui ont avoué avoir adhéré au courant jihadiste" et "aux idées d’Al-Qaïda au Maghreb, après leurs séjours en 2005 en Irak, en Syrie, en Tchétchénie, au Mali, en Algérie et en Mauritanie".

Selon l’acte d’accusation, les prévenus sont coupables d’avoir "porté gravement atteinte à l’ordre public, assassinat avec préméditation (..) et appartenance à un groupe religieux interdit"

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