Tam Sir, l’homme qui a mis un « coup du marteau » à la CAN
Son tube est devenu l’hymne de la CAN et résonne désormais bien au-delà des frontières de la Côte d’Ivoire. Rencontre avec le jeune arrangeur de 25 ans qui, en quelques semaines seulement, a connu un succès fulgurant.
Côte d’Ivoire : une nouvelle donne
Six mois après la nomination du gouvernement Beugré Mambé et à dix-huit mois de la présidentielle, pour tous les partis, c’est l’heure des comptes et de la pré-campagne. Ont-ils tiré les leçons des élections locales de septembre 2023 ? Alassane Ouattara va-t-il se présenter ou va-t-il désigner un dauphin ? La candidature de Tidjane Thiam peut-elle rebattre les cartes ? Le parti de Laurent Gbagbo, qui reste inéligible, peut-il remobiliser ses militants et les électeurs ? De l’hypothèse d’un quatrième mandat d’ADO à l’éventuel retour de Guillaume Soro, voyage à travers un paysage politique et un pays en pleine mutation.
La chanson sur laquelle les Éléphants de Côte d’Ivoire ont dansé après leur victoire in extremis contre les Aigles du Mali en quart de finale ? « Coup du marteau ». Celle des « dance cams », lorsque les caméras du stade se braquent sur des supporters choisis au hasard, pendant la mi-temps, pour les mettre au défi de danser ? « Coup du marteau ». Celle qui résonne partout, à travers le pays, depuis le début de la Coupe d’Afrique des nations (CAN) ? « Coup du marteau ».
Devenu la bande-son incontestée de l’événement, le morceau a largement éclipsé l’hymne officiel de la compétition, « Akwaba », du groupe de zouglou Magic System avec la star nigériane Yemi Alade et le rappeur égyptien Mohamed Ramadan en featuring. À tel point que même le président Alassane Ouattara a fait son entrée sur ses notes lors de la cérémonie d’ouverture, le 13 janvier, au stade d’Ébimpé.
« Bang bang bang ». Derrière ce « coup de marteau » se cache un tout jeune arrangeur et beatmaker ivoirien, Tam Sir. À tout juste 25 ans, il a déjà une riche expérience dans l’industrie musicale ivoirienne. Kiff no beat, DJ Arafat, Didi B, Roseline Layo, Josey, Kerozen, Dobet Gnahoré… Plusieurs grands artistes ivoiriens ont collaboré avec Tam Sir, qui s’est imposé ces dernières années comme un faiseur de hits. « À la base, ce n’est pas un son pour la CAN, je voulais faire une chanson pour les fêtes de fin d’année. À Abidjan, faire une chanson qui marche bien en décembre équivaut à un tube d’été en France ou en Europe », confie l’arrangeur à Jeune Afrique.
C’est pour cette raison que son « Coup du marteau » est sorti dès le 8 décembre sur les plateformes musicales, avant tous les autres morceaux prévus pour la CAN. Sa popularité a grandi de manière exponentielle pendant deux mois, et le clip cumule désormais plus de 20 millions de vues sur YouTube.
Musicalement et visuellement, il reprend les ingrédients du rap ivoire et ceux qui ont fait le succès du coupé-décalé à l’ancienne, avec un hommage explicite à son créateur, feu Douk Saga, et des acteurs vêtus des maillots des différentes sélections africaines qualifiées pour la CAN 2023.
« Tout le monde danse dessus à chaque victoire »
Ce 1er février, Tamsir Junior Njock, qui a choisi son seul prénom comme nom de scène, est à l’Institut français d’Abidjan. Vêtu d’un pantalon extra-large d’une griffe ivoirienne et d’une chemise à motifs, le jeune artiste à l’agenda très chargé assure « vivre normalement » malgré le succès. « Je ne réalise pas encore. Mes parents m’ont appris à garder les pieds sur terre. Mais je suis content de ce qui m’arrive, ça n’arrive pas tous les jours ! » s’enthousiasme-t-il.
Avec sa chorégraphie ponctuée de jeux de reins, « le coup du marteau » a conquis les fans ivoiriens et a même dépassé les frontières de la Côte d’Ivoire. « Tout le monde danse dessus à chaque victoire, que ce soit les Camerounais, les Congolais, les Sénégalais ou les Cap-Verdiens… C’est devenu le son de la célébration des victoires », poursuit Tam Sir.
La recette de ce succès ? « Ma musique est entraînante. Elle bouge du début à la fin. Nous sommes sur un BPM [battement par musique] de 152, un tempo qui va et qui maintient le pied jusqu’à la fin du morceau, explique l’arrangeur. J’ai réuni des artistes de la Team Paiya tels que Ste Milano, Taz Boy, PSK qui font du “maïmouna” [une variante très dansante du rap ivoire] et un artiste de la Team de Poy, Renard Barakissa, qui fait du “biama” [évolution contemporaine du coupé-décalé]. Sans oublier la petite touche orientale que j’ai ajoutée à la fin, car j’aime aussi les musiques arabes comme le raï. J’ai voulu montrer la diversité de l’Afrique en général et de la Côte d’Ivoire en particulier. » Le morceau répond aussi aux codes de la CAN, avec son refrain martial et le son des vuvuzelas.
Le « coup du marteau » a vite acquis une grande popularité sur les réseaux sociaux, en particulier sur TikTok. Plusieurs vidéos de challenges ont été réalisées sur la chanson. Des stars tout comme des anonymes se sont prêtés au jeu. Parmi eux, Marie-Antoinette Katoto, l’attaquante du PSG, qui a récemment accompli la chorégraphie de « coup du marteau » pour célébrer un de ses buts, ou encore le rappeur américain Chris Brown, qui a dansé sur le morceau dans un bar parisien lors d’un récent séjour en France.
@chougustoze Chris brown danse coup de marteau#danse #chrisbrown #tiktok
♬ son original - Missié opreto
Bientôt L’Olympia
En 2019, l’arrangeur et beatmaker Tam Sir s’était déjà essayé à la chanson avec « Tchoukoutainde », à laquelle il avait invité à participer des artistes de la scène rap ivoire de l’époque. Le titre avait eu un certain succès en Côte d’Ivoire, mais il avait ensuite disparu des plateformes à la suite d’un piratage de la page YouTube du label Africa Mindset, l’ex-label du rappeur Didi B, dont il est très proche.
« Ça m’avait donné un coup de mou », avoue Tam Sir. Entre-temps, l’arrangeur a contribué au succès de nombreux artistes. « C’est l’un des arrangeurs les plus demandés du pays, et clairement un bosseur acharné, qui passe ses nuits au studio d’enregistrement à créer, affirme le chercheur Léo Montaz. Il a une capacité folle à composer à partir des percussions, son instrument de prédilection, et à trouver le gimmick qui transforme les morceaux en véritables succès populaires. »
Fort du succès de son « coup du marteau », Tam Sir se dit confiant sur son avenir musical. « C’est Dieu qui m’a donné, il va encore donner », prédit-il. Le 15 février, il sera sur la scène de L’Olympia, à Paris, en première partie du concert de Didi B, et promet un EP pour juin.
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