Tunisie – Libye : la presse française et la peur de l’islamisme
Devant l’avance des islamistes d’Ennahdha aux premières élections libres en Tunisie le dimanche 23 octobre et l’annonce de l’instauration de la charia en Libye, la presse française s’inquiètent de la montée de l’islamisme.
Il n’a donc fallu que quelques jours pour que la presse française change son fusil d’épaule. Devant la large avance des islamistes d’Ennahdha aux premières élections libres en Tunisie dimanche et l’instauration de la charia en Libye les éditorialistes de la presse française s’inquiètent, au point presque de revoir leur soutien jusque-là inconditionnel au printemps arabe.
"Automne islamiste ?"
Les louanges caressant le courage des révolutionnaires ont cédé la place à la peur de l’islamisme et de l’ « obscurantisme ».
« Une fois de plus, une consultation électorale, jugée libre et sans incidents, débouche, dans un pays arabe, sur une victoire indiscutable des islamistes », affirme Pierre Rousselin dans Le Figaro. Pour Nicolas Demorand de Libération, « la fin des dictatures du monde arabe risque d’installer l’islam politique au pouvoir », car, selon lui, « aspirer à la liberté ne suscite pas magiquement une société sécularisée ».
« Chacun voit bien le danger que peut représenter un groupe parlementaire islamiste tout-puissant » en Tunisie, même « si les responsables d’Ennahdha ont pris soin de se désolidariser des récentes exactions de mouvements islamistes, comme les salafistes », écrit Jean-Emmanuel Ducoin dans L’Humanité.
La question de l’islamisme passionne également les éditorialistes des parutions régionales. Michel Vagner de l’Est Républicain pose la question : « Le printemps arabe n’a-t-il été que le prélude à un automne islamiste ? » « C’était pourtant, sinon attendu, du moins prévisible », ajoute-t-il. « Le printemps arabe qui s’éternisait depuis des mois, a connu dimanche deux coups de semonce : le temps pourrait fort se gâter », estime Patrick Fluckiger de l’Alsace.
Commentaires plus nuancés
Jacques Guyon de La Charente Libre se demande si Nicolas Sarkozy et David Cameron ont été « assez naïfs pour croire qu’une démocratie allait naître franco de port du largage des bombes alliées sur les troupes Kadhafistes? » « N’a-t-on pas rejoué à la roulette russe ? » s’interroge-t-il.
« Pour les Occidentaux, l’arbre démocratie a caché la forêt islamique » note Hervé Cannet dans La Nouvelle République du Centre-ouest. Très sévère, Olivier Picard des Dernières Nouvelles d’Alsace, juge que « aveuglés par la manne pétrolière à récupérer, ni Paris, ni Londres, ni Washington n’ont vraiment réfléchi sérieusement à l’après-Kadhafi ».
Quelques oiseaux rares sont malgré tout plus nuancés. Jean Levallois de La Presse de la Manche optimiste évoque l’Histoire de France car, selon lui, « cela veut dire, comme pour la Révolution française, qu’il pourra y avoir bien des bouleversements et des rebondissements pendant les prochains mois et les prochaines années ».
Dans La Croix, Dominique Quinio reconnaît que « malgré ces points d’alerte, il ne saurait être question de regretter que des tyrans soient tombés ».
(Avec AFP)
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