En reportant la présidentielle, Macky Sall réveille #FreeSenegal
L’annonce, par le président sénégalais, du report sine die du scrutin a provoqué une vague de colère au Sénégal. Tandis que des heurts ont éclaté à Dakar, la bataille fait rage sur les réseaux sociaux.
En moins de 24 heures, le hashtag #FreeSenegal est remonté en flèche dans les tendances sur X (anciennement Twitter). Un hashtag « en majeure partie couplé au terme “coup d’État” », note le site Afrique Connectées, qui, dès dimanche 4 février, recensait plus de 20 000 tweets à la mi-journée. Vingt-quatre heures plus tard, on pouvait recenser plus de 200 000 tweets portant la mention #FreeSenegal… Et ce, malgré l’annonce de la coupure du réseau internet mobile à la demande des autorités, après les heurts provoqués par l’annonce du report de la présidentielle par Macky Sall.
La raison invoquée ? La diffusion de « plusieurs messages haineux et subversifs relayés sur les réseaux sociaux dans un contexte de menaces de troubles à l’ordre public », argue le ministère sénégalais de la Communication, des Télécommunications et du Numérique dans le communiqué justifiant la coupure des réseaux.
Au Sénégal, l'annonce du report sine die de l'élection présidentielle par @Macky_Sall suscite une forte visibilité ces dernières 24h. Cette actualité relance le hashtag #FreeSenegal, en majeure partie couplé avec le terme "coup d'État" qui apparaît dans +20 000 tweets. #Kebetu pic.twitter.com/lY6xgCJfvy
— Afriques Connectées (@AfriquesConnecT) February 4, 2024
Cette résurgence de #FreeSenegal est tout sauf anodine pour les autorités. En 2021, c’est ce hashtag qui avait accompagné, sur les réseaux sociaux, la contestation pro-Sonko qui avait viré aux émeutes. Dimanche, alors que des heurts entre manifestants et forces de l’ordre secouaient la capitale, plusieurs personnalités de premier plan ont utilisé les réseaux sociaux pour alerter sur leur arrestation. Ce fut notamment le cas de l’ancienne Première ministre de Macky Sall, Aminata « Mimi » Touré, qui a annoncé « en direct » avoir été « embarquée vers la gendarmerie », avant de revenir un peu plus de six heures après sur X pour préciser avoir été arrêtée « sans raison sérieuse » et appeler du même coup à la mobilisation « pour la défense de la démocratie ».
Anta Babacar Ngom, candidate à la présidentielle, a elle aussi utilisé X pour annoncer avoir été interpellée et continuant à diffuser, visiblement depuis les locaux de la police où elle était retenue, des images d’affrontements de ses partisans avec les forces de sécurité. Elle aussi, quelques heures plus tard, a annoncé sa « libération » sur les réseaux sociaux, et appelé à la mobilisation.
Mèmes et « VAR »
Sur les réseaux sociaux, les opposants au report de la présidentielle ne se contentent pas de relayer les appels à manifester. Ils rivalisent également de créativité pour créer les « mèmes » qu’ils espèrent voir devenir viraux. Une photo, très clairement générée par une intelligence artificielle, montrant Macky Sall en uniforme de militaire putschiste fait notamment florès, de X à Facebook en passant par WhatsApp.
Beaucoup utilisent également les réseaux sociaux pour confronter le Macky Sall de février 2024 à celui qui, en 2012, s’élevait résolument contre tout éventuel report des élections. « Le report d’une élection, ce n’est pas possible… Des élections locales, on peut les repousser, ça passe. Des élections législatives, à la limite, ça passe. […] Mais le président de la République ne peut pas prolonger son mandat, c’est impossible », l’entend-on notamment affirmer dans l’un des extraits exhumés par les internautes.
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