Constituante tunisienne : « Soyez joyeux, avec vigilance ! » clame Ennahdha
« Gens d’Ennahdha, soyez joyeux, avec vigilance ! » Rached Ghannouchi est tout sourire. Pour son dernier grand meeting, le chef du parti islamiste favori du scrutin de dimanche en Tunisie, s’est offert un bain de foule et savoure l’instant.
"Le peuple veut Ennahdha!" répond une foule en délire, avant d’entamer l’hymne national tunisien. Des milliers de personnes –30.000 selon les organisateurs–, dont de très nombreuses femmes, se sont rassemblées dans un stade de Ben Arous, fief traditionnel des islamistes au sud de Tunis.
Les drapeaux tunisien, libyen, palestinien et égyptien flottent au vent, les téléphones portables filment à tout crin, les visages sont souriants.
Pour son meeting de clôture de campagne, Ennahdha est à la fête. Sûr de sa victoire dimanche –même s’il ne le dit pas explicitement–, magnanime avec les autres partis.
"On va reconnaître les résultats des élections, on va féliciter les gagnants, peu importe le score qu’Ennahdha va obtenir", lance Ghannouchi. "Jusqu’à maintenant, la campagne s’est déroulée de manière acceptable", ajoute celui qui, il y a quelques jours, mettait en garde contre "un risque de manipulation des résultats" et menaçait de faire descendre ses troupes dans la rue en cas de fraude.
"Les femmes sont plus nombreuses que les hommes"
Lorsque Souad Abdelrahim monte à son tour à la tribune, elle est ovationnée. Cette belle femme rousse, cheveux au vent, tailleur pantalon et escarpins, est tête de liste d’Ennahdha à Tunis 2, circonscription englobant les banlieues aisées du nord de la capitale.
"Je suis l’exemple même du fait qu’Ennahdha est un parti politique civil. Les femmes sont plus nombreuses ici que les hommes, alors qu’on ne les voit pas dans les meetings des partis dits modernistes!", lance-t-elle.
"Nous ne voulons pas opprimer les femmes, ni les renvoyer au foyer, ni leur imposer une tenue vestimentaire, nous sommes même pour qu’elles obtiennent des ministères régaliens dans le prochain gouvernement!", martèle Mme Abdelrahim.
"On veut le ministère de l’Education pour bâtir les nouvelles générations de la Tunisie arabe et musulmane", ajoute-t-elle.
A Ben Arous, le parti islamiste, dénoncé par ses opposants comme le maître du "double discours", présente un visage ouvert, modéré, moderne.
"Si nous obtenons la majorité, nous ne voulons pas reproduire la dictature", assure Sahbi Attig, membre du bureau exécutif. "Nous tenons à l’union et au consensus, nous voulons contruire un pouvoir démocratique", ajoute-t-il. Ennahdha a promis un gouvernement d’union nationale même s’il obtient une large majorité dans la future assemblée.
Le public est acquis. "Dieu m’a donné un signe pour voter Ennahdha", sourit Lalifa Kaobi, une femme de 53 ans le visage entouré d’un hidjab.
"Ennahdha est le groupe politique le plus ancien de Tunisie", renchérit Othmani Seifislam, un jeune technicien informatique de 37 ans qui se présente comme un "militant pur et dur" du mouvement.
"C’est le moins mauvais des partis, le seul qui a un vrai programme", estime pour sa part Moncef Benslama, un entrepreneur de 44 ans.
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