Présidentielle au Liberia : volte-face de l’opposition qui ira au second tour
L’opposition libérienne, qui avait rejeté samedi les résultats du 1er tour de la présidentielle du 11 octobre plaçant en tête la sortante Ellen Johnson Sirleaf, a finalement décidé dimanche de participer à un second tour entre Mme Sirleaf et son rival Winston Tubman.
Cette volte-face constitue un soulagement au Liberia où l’annonce du rejet des résultats avait suscité de graves inquiétudes dans un pays encore traumatisé par 14 ans de guerres civiles (1989-2003) ayant fait quelque 250.000 morts.
"Nous allons pleinement prendre part au second tour, mais nous n’accepterons plus aucun acte de fraude", a déclaré à l’AFP Merlie Kermu, directeur de campagne de Prince Johnson, arrivé 3ème au premier tour derrière Mme Sirleaf et Winston Tubman, affirmant parler au nom des 9 partis qui avaient rejeté les résultats.
"Il y aura un second tour"
"Nous avons décidé de nous assurer que tout le processus (électoral) est vraiment démocratique et espérons que la communauté internationale va nous aider de manière positive pour éviter des problèmes", a-t-il ajouté.
Cette participation au second tour, prévu le 8 novembre, a été confirmée par Winston Tubman dans une déclaration à la BBC.
"Nous allons participer au 2ème tour parce que nous croyons que les chiffres qui sont sortis ne permettent à personne de gagner le premier tour", a-t-il dit, ajoutant: "par conséquent, on doit maintenant se concentrer sur le second tour et nous commençons à rassembler nos partisans".
Samedi, neuf partis d’opposition, dont ceux de MM. Tubman et Johnson, avaient rejeté les résultats "truqués" et "par conséquent nuls et non avenus","donnés par la Commission électorale nationale (NEC).
Ils dénonçaient "l’action calculée et délibérée de la NEC de truquer ces élections en faveur de la présidente Johnson Sirleaf et du Parti de l’unité (UP)", son parti.
Dans la matinée, Musa Bility, directeur de campagne de l’UP avait admis que Mme Sirleaf, première présidente élue d’Afrique en 2005 et prix Nobel de la paix 2011, ne pouvait plus obtenir la majorité absolue qui lui permettrait de l’emporter au premier tour.
"Pour nous, il y aura un second tour", avait-il dit, même si M. Tubman et son parti, le Congrès pour le changement démocratique (CDC), "veulent se retirer".
Les derniers chiffres donnés dimanche par la commission électorale, portant sur 96,7% des bulletins dépouillés, plaçaient Mme Sirleaf en tête de la présidentielle avec 44% des voix, devant Winston Tubman (32,2%) et l’ex-chef de guerre Prince Johnson (11,8%). Le taux de participation est de 71,4%.
A Monrovia, la Mission de l’ONU au Liberia (Minul), composée de quelque 8.000 hommes, a renforcé sa vigilance par crainte de débordements avant un rassemblement de l’opposition, prévu dimanche, mais finalement reporté.
Mercenaires
L’ONU s’inquiète en particulier de l’attitude de mercenaires libériens et ivoiriens ayant combattu en Côte d’Ivoire lors du conflit qui a suivi le second tour de la présidentielle de novembre 2010 dans ce pays voisin, et qui sont rentrés au Liberia avec des armes.
Les frontières terrestres avec les trois voisins- Côte d’Ivoire, Guinée et Sierra-Leone – ont été fermées samedi jusqu’à nouvel ordre.
De nombreux habitants de la capitale ont en outre fait provision de nourriture et autres produits de base, craignant que le rejet des résultats par l’opposition ne provoque des incidents.
Des pasteurs et des imams ont dirigé des prières pour la paix dans les églises, temples et mosquées de la ville.
Les nombreux observateurs internationaux qui ont surveillé les scrutins du 11 octobre avaient tous salué leur caractère pacifique et la mobilisation d’électeurs qui, par leur vote massif, avaient exprimé leur volonté de ne plus connaître la guerre.
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