Tunisie : répétition grandeur nature avant le scrutin du 23 octobre

Dans un contexte d’activisme parfois violent de groupes salafistes, la commission électorale tunisienne organisait dimanche un vote blanc, sept jours avant l’élection d’une assemblée constituante.

Des manifestants à Tunis le 14 janvier 2011. © AFP

Des manifestants à Tunis le 14 janvier 2011. © AFP

Publié le 16 octobre 2011 Lecture : 3 minutes.

Constituante tunisienne : les enjeux d’une élection historique
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Constituante tunisienne : les enjeux d’une élection historique

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La commission électorale tunisienne organisait dimanche un vote blanc, répétition générale avant l’élection d’une assemblée constituante, scrutin historique neuf mois après une révolution populaire qui a donné le coup d’envoi du "printemps arabe".

L’Instance supérieure indépendante des élections (Isie) a choisi le bureau de vote de La Fayette, quartier central de la capitale et première circonscription de Tunis, où quelque 80 listes s’affrontent. "Ce test nous permettra de voir s’il y a des failles et de les combler pour garantir un déroulement du vote dans les meilleures conditions possibles", explique Larbi Chouika, un des 16 membres de l’Isie, soulagé du bon déroulement du "scrutin".

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Une soixantaine d’électeurs découvrent les bulletins, une grande feuille — entre les formats A4 et A3 — portant noms, logos des listes et une case blanche à cocher (ou pas). Pédagogues, les agents électoraux guident les votants sur le "chemin" de la démocratie: C’est Basma, 35 ans, qui la première glisse son bulletin dans l’urne, après contrôle d’identité et passage dans l’isoloir, l’index gauche trempé d’une encre bleue indélébile 48 heures.

Sous l’oeil d’une grappe de journaliste, elle joue le jeu avec sérieux. "J’ai l’impression que j’ai vraiment voté", dit-elle, et refuse de dévoiler son choix. "C’est personnel".

L’ivresse des possibles

Pour la première fois depuis des décennies, les Tunisiens sont dans l’incertitude. Le père de l’indépendance Habib Bourguiba s’était octroyé une présidence à vie et son successeur Zine El-Abidine Ben Ali avait surpris en 2009 en ne totalisant que 89,6% des voix, son plus mauvais score…

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Le soulèvement populaire né en décembre 2010 dans le centre déshérité du pays et qui a emporté le président Ben Ali le 14 janvier dernier a plongé la Tunisie, petit pays touristique allié de l’occident, dans l’inconu. Après neuf mois d’une période de transition difficile, marquée par une grogne sociale permanente et des flambées de violence, les électeurs trancheront pour de bon dimanche prochain, face à plus de 1.500 listes constituées par des partis ou des personnalité indépendantes, pour élire les 217 membres (dont 19 à l’étranger) de la future assemblée.

Elle aura pour tâche de rédiger une nouvelle constitution et de former un exécutif qui gouvernera jusqu’aux prochaines élections générales. Toute l’architecture du scrutin repose sur l’Isie, qui organise le vote et donnera les résultats, le ministère de l’Intérieur, responsable de décennies de bourrages de urnes étant écarté du processus.

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La fin de campagne a été marquée par l’activisme parfois violent de groupes salafistes, des fondamentalistes prônant une application littérale de la charia, qui ont rassemblé vendredi à Tunis des milliers de manifestants venus réclamer le respect des valeurs de l’islam.

Ennahda donné favori du scrutin

Le grand parti islamiste Ennahda, donné favori du scrutin dans les derniers sondages de septembre, a condamné toute violence et tenté de se démarquer des extrémistes. Pour des observateurs, Ennahda devrait profiter d’un débat imposé sur l’identité arabo-musulmane de la Tunisie, pays ancré depuis des siècles dans une pratique tolérante et ouverte de l’islam.

Le score d’Ennadha dépendra en grande partie du rapport de force entre un pôle conservateur et religieux et un pôle moderniste, attaché aux acquis de la femme (droit au divorce et à l’avortement, interdiction de la polygamie) et à la défense de la laïcité. Pour ne "pas laisser la rue aux barbus", militants des droits de l’homme et laïcs ont appelé via facebook à une manifestation dimanche après-midi à Tunis.

Dans un café de la grande avenue Bourguiba, trois jeunes femmes sont perplexes. Aucune n’a encore de certitude à une semaine du vote. Leïla ne veut pas des islamistes qui "veulent nous imposer leur loi", Fayza est tentée par Ennahda, "qui a les mains propres", Rym veut des "gens responsables" mais n’est pas sûre d’aller voter.

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