Libye : des pro-Kadhafi arrêtés à Tripoli, reprise des combats à Syrte
Une opération de ratissage a été lancée par les nouvelles autorités libyennes après les combats meurtriers entre pro et anti Kadhafi dont ont été le théatre plusieurs quartiers de Tripoli vendredi. Des fidèles de l’ancien « guide » libyens qui resistent toujours dans la ville de Syrte, où les combats ont repris samedi.
Le nouveau pouvoir en Libye a lancé samedi une vaste opération de ratissage dans plusieurs quartiers de Tripoli au lendemain de combats meurtriers entre pro et anti-Kadhafi, au moment où ses forces piétinaient à Syrte malgré un mois de siège.
Pour la première fois depuis la chute de la prise de Tripoli le 23 août, des partisans de l’ex-leader en fuite Mouammar Kadhafi ont déclenché vendredi des affrontements avec les forces du Conseil national de transition (CNT), issu de la rébellion, dans plusieurs quartiers de la capitale libyenne.
Les combats ont duré quelques heures et fait trois morts et une trentaine de blessés, selon le CNT. Les combattants ont ensuite procédé à des perquisitions de plusieurs maisons dans le quartier d’Abou Slim, connu pour sa fidélité à l’ancien régime, à la recherche d’armes et de "cellules dormantes".
Abdelhakim Belhaj, le chef du Conseil militaire de Tripoli, a promis la "fermeté" contre les pro-Kadhafi. Les affrontements avaient éclaté après une manifestation des pro-Kadhafi à l’appel d’un animateur pro-Kadhafi qui s’était exprimé sur la chaîne Arraï basée en Syrie qui défend la cause du régime déchu.
27 combattants pro-Kadhafi arrêtés
Selon Abdelrazak Al-Aradi, vice-président du comité sécuritaire du CNT à Tripoli, une cinquantaine d’hommes armés, partisans du dirigeant déchu sont "derrière les incidents" d’Abou Slim et vingt-sept d’entre eux, dont quatre "mercenaires africains", ont été arrêtés.
Parallèlement, les combattants du nouveau régime s’efforcaient toujours de déloger de Syrte, à 360 km à l’est de Tripoli, les derniers fidèles à Mouammar Kadhafi.
Les combats ont repris le matin dans le nord-ouest de la ville, dans les quartiers "Dollar" et "N°2", où sont retranchés les partisans de l’ex-régime qui font preuve depuis plusieurs jours d’une résistance inattendue face aux combattants du CNT.
"Il y a eu des affrontements toute la nuit à l’arme légère et aux roquettes. Ce matin, nous avons envoyé davantage d’hommes" dans ces deux quartiers, a expliqué à un l’AFP Faraj al-Wafi, un combattant de la brigade de la "Libye libre".
Les pro-Kadhafi "nous attaquent à l’arme légère et à la roquette. Nous utilisons également des lance-roquettes et quelques chars", a-t-il ajouté, alors qu’un journaliste de l’AFP a fait état à la mi-journée d’échanges de tirs réguliers, même si la riposte des pro-Kadhafi restait peu intense.
Les combattants du nouveau pouvoir, qui avaient présenté en début de semaine comme imminente la prise de Syrte, région d’origine de Mouammar Kadhafi, font face à chaque offensive à de violentes ripostes qui stoppent leur progression.
La chute de Syrte capitale pour la "libération totale" du pays
Le CNT attend la chute de cette ville-symbole pour proclamer la "libération totale" du pays et former un gouvernement chargé de gérer la transition. Mais l’amateurisme de ses combattants les empêchent d’appliquer une tactique ordonnée face à la poignée de loyalistes.
Les chefs des front Est et Ouest ont tenu une réunion à Syrte pour tenter d’établir une stratégie face à la résistance des pro-Kadhafi. "La résistance dans les deux quartiers est forte car nous pensons qu’il y a quatre à cinq personnes importantes à l’intérieur", a justifié un chef des opérations sur le front Est, Wassim ben Hamaibi, à l’issue de la réunion.
"Nous sommes sûrs que (un des fils de Kadhafi) Mouatassim et (le ministre de la Défense) Aboubakr Younès sont à l’intérieur", a-t-il ajouté. "Nous voulons les capturer vivants pour qu’ils passent devant la justice, plutôt que de les tuer, c’est pour cela que nous ne nous engageons pas dans une attaque massive".
Des informations contradictoires circulent régulièrement parmi le CNT sur la présence de proches de M. Kadhafi dans les deux derniers bastions de Syrte et Bani Walid, à 170 km au sud-est de Tripoli. Mercredi, la capture de Mouatassim Kadhafi à Syrte avait été annoncée, avant d’être finalement démentie.
Par ailleurs, les forces du CNT assiégeaient toujours l’oasis de Bani Walid, où les combats sont suspendus pour préparer la prochaine offensive contre les 1.500 hommes pro-Kadhafi toujours présents dans la ville, selon des commandants.
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