Congo – RDC : les déplacés de Dongo hésitent encore à rentrer chez eux

Alors que le conflit interethnique de la région du Dongo (RDC) a pris fin en 2010, des dizaines de milliers de réfugiés au Congo-Brazzaville ont encore peur de rentrer chez eux.

Une femme attend avec son enfant à l’hôpital de Dongo (RDC), le 20 fevier 2009. © AFP

Une femme attend avec son enfant à l’hôpital de Dongo (RDC), le 20 fevier 2009. © AFP

Publié le 13 octobre 2011 Lecture : 3 minutes.

Malgré le retour de la paix, des dizaines de milliers de réfugiés au Congo-Brazzaville, doutant encore de la sécurité, hésitent à rentrer chez eux, en République démocratique du Congo (RDC) voisine, d’où ils avaient fui un violent conflit intercommunautaire fin 2009.

Femmes et enfants pour la plupart, quelque 106 000 Congolais de RDC avaient traversé la rivière Oubangui pour fuir les combats qui sévissaient dans la région de Dongo, épicentre d’un conflit entre Enyele et Munzaya. Lié à la gestion d’étangs poissonneux, celui-ci avait éclaté en octobre 2009 dans la province de l’Équateur (nord-ouest de la RDC).

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Pour tenter de convaincre les indécis, quatre représentants des réfugiés sont allés eux-mêmes constater la situation dans cette région. « J’ai vu que la vie avait repris parce que beaucoup sont retournés et le marché est opérationnel de 6h à 22h. Ce sont des indices qui me convainquent que les retournés vivent en paix », explique Delphine Mokola, l’une des émissaires, lors d’une restitution de la mission devant quelques centaines de réfugiés à Bétou, dans l’extrême nord du Congo-Brazzaville.

Quelques 200 000 déplacés

Le conflit, qui a fait au moins 270 morts -dont une centaine uniquement à Dongo- et poussé quelque 200.000 personnes à fuir, s’est achevé en avril 2010 après s’être propagé à une partie de l’Equateur. Enyele et Munzaya ont signé un pacte de non-agression en mars et, lors d’une récente visite à Betou, le ministre de l’Intérieur de la RDC a appelé ses compatriotes à rentrer, arguant du retour à la paix.

Presque tous les déplacés internes et les 20.000 réfugiés en Centrafrique sont rentrés, mais 130.000 exilés vivent toujours dans la province de la Likouala au Congo-Brazzaville.Interrogés par le Haut-commissariat aux réfugiés (HCR) de l’ONU mi-2010 sur leur intention de rentrer, 80% des réfugiés avaient répondu « oui », à condition que la paix et la sécurité soient rétablies.

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Cependant, des craintes subsistent. « Est-ce qu’il y a une vraie réconciliation entre toutes les ethnies, même celles qui n’ont pas signé le pacte? Je n’y vois pas clair », questionne timidement une réfugiée vêtue d’un tee-shirt du HCR. « Il y a eu réconciliation au niveau des aînés mais il faut impliquer aussi les jeunes qui ont participé aux violences », fait remarquer avec véhémence un jeune réfugié, avant d’être accusé par le sous-préfet de Bétou, Dominique Ingamba, d’avoir participé au conflit.

Ignorer les  "rumeurs"

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Le représentant local de la Commission nationale d’assistance aux réfugiés, Bernard Dounga, se veut rassurant: il faut ignorer les « rumeurs » de « vengeance » et éviter « tout ce qui intoxique les pensées des uns et des autres », plaide-t-il auprès des réfugiés.

Mais certains réfugiés restent méfiants. « J’ai 65 ans. Par deux fois, des événements m’ont poussé à partir. Les deux fois, tous mes biens, je les ai perdus », raconte un homme, lunettes de soleil sur le nez. « Je ne peux plus retourner » en RDC, même si au Congo « je ne suis pas à l’aise, je ne mange pas bien, je ne dors pas bien… » conclut-il, applaudi par une partie de l’assistance.

« Jusqu’à très récemment, les réfugiés disaient encore ne pas être sûrs du retour de la sécurité et de la paix en Equateur, mais cela commence à changer », assure Céline Schmitt, porte-parole du HCR en RDC.

Plus d’un millier de réfugiés sont ainsi déjà revenus spontanément à Dongo et chaque semaine en arrivent d’autres, selon le HCR qui prépare avec les deux Congo une opération de rapatriement « volontaire », initialement prévue en avril mais ajournée pour des raisons sécuritaires et logistiques.

Ghislain, lui, a fui son pays trois fois, mais il est déterminé à rentrer. « J’aime mon pays, il a toujours fallu que j’y retourne. Mille fois réfugié, mille fois rapatrié ! ».
 

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