Liberia : prières et animations partisanes clôturent la campagne électorale

Prières et animations de partisans marquaient dimanche le dernier jour de la campagne pour les élections présidentielle et parlementaires au Liberia, bouleversée par l’attribution du prix Nobel de la paix à Ellen Johnson Sirleaf, présidente sortante en quête d’un second mandat.

Ellen Johnson Sirleaf, présidente sortante du Liberia, le 8 octobre 2011 lors d’un meeting à Monro © AFP

Ellen Johnson Sirleaf, présidente sortante du Liberia, le 8 octobre 2011 lors d’un meeting à Monro © AFP

Publié le 9 octobre 2011 Lecture : 3 minutes.

Des groupes de militants de plusieurs partis étaient visibles dans les rues à Monrovia dès les premières heures de la journée, qui doit boucler une opération de conquête des électeurs lancée il y a quatre mois, le 5 juillet.

A l’extérieur de la résidence de Mme Sirleaf, surveillée par des policiers, une petite foule était rassemblée, jouant de la trompette, du tambour et dansant, en attendant le dernier meeting de campagne de la présidente sortante, élue en 2005 et en lice face à 15 autres candidats à la présidentielle de mardi. Près de 1,8 million de Libériens sont appelés à voter.

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Selon des journalistes de l’AFP, la police libérienne et les forces de la Mission des Nations unies au Liberia (Minul, 8.000 hommes) patrouillent dans la capitale. Elles sont aussi déployées dans les régions pour sécuriser les élections de mardi, dans un pays traumatisé par deux guerres civiles, de 1989 à 2003, qui ont fait 250.000 morts, des centaines de milliers de blessés et détruit ses principales infrastructures et son économie.

Sur un terrain pelé où des jeunes ont l’habitude de jouer au football à Monrovia, des femmes, toutes de blanc vêtues, étaient visibles en train de prier, sans distinction de religion, indifférentes aux conditions météorologiques changeantes en cette saison des pluies.

"Nous prions pour la Nation"

Certaines expliquent qu’elles ont régulièrement participé à ces séances de prières à l’appel d’un mouvement pacifique féminin qui a contribué à mettre fin au conflit.

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"Nous jeûnons et prions pour la Nation, le Liberia est tout ce que nous avons", a déclaré Margaret Malley, 69 ans, membre de ce mouvement co-fondé par Leymah Gbowee, Libérienne co-lauréate du prix Nobel de la paix avec la présidente Sirleaf et la Yéménite Tawakkol Karman.

Mme Gbowee, qui réside habituellement à Accra, est arrivée dimanche en milieu de journée à Monrovia, et s’est jointe à elles, chantant et dansant avant de prôner des élections apaisées.

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Son prix Nobel fait l’unanimité dans le pays, mais pas celui de la présidente sortante: les opposants de Mme Sirleaf ont estimé qu’elle ne méritait pas ce prix, d’autres Libériens y ont vu une tentative de fausser le jeu électoral en sa faveur, à quelques jours des scrutins.

Ellen Johnson Sirleaf est plus appréciée à l’étranger que dans son pays, qu’elle a, notamment, tenté de reconstruire avec l’appui des bailleurs de fonds internationaux. Mais elle n’arrive pas à se départir des critiques sur le soutien financier qu’elle avait apporté au début des années 1990 au chef de guerre Charles Taylor, président de 1997 à 2003, à qui elle s’est ensuite opposée.

Winston Tubman, 70 ans, candidat du Congrès pour le changement démocratique (CDC), son adversaire le plus sérieux, lui reproche particulièrement son échec pour la réconciliation.

"Ce que la présidente aurait pu faire est d’essayer d’unifier le pays, panser les plaies, présenter des excuses, exprimer un remords pour ce qui s’est passé", mais il n’en a rien été cela, a déclaré M. Tubman dans un entretien avec l’AFP samedi.

Pour lui, la stabilité et la paix actuelles au Liberia n’est pas le fait de Mme Sirleaf, mais de "la présence internationale et de l’énorme et coûteuse force de l’ONU qui est toujours là".

Mme Sirleaf a réfuté les critiques sur son prix, assurant tout ignorer de la sélection et du calendrier du comité du Nobel. Elle a invité ses opposants à la rejoindre pour réaliser la "vraie réconciliation". Devant sa résidence, ses partisans ont écrit sur un panneau: "Tant de choses réalisées. Tant de choses encore à faire. Beaucoup à perdre".
 

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