Libye : les forces du CNT s’emparent de deux places fortes pro-Kadhafi à Syrte
Les forces du nouveau régime libyen ont réalisé une percée majeure dimanche dans le sud de Syrte, principal bastion des derniers fidèles de Mouammar Kadhafi, en prenant le contrôle de l’université et du centre de conférences Ouagadougou, au prix de combats meurtriers.
A la mi-journée, les combattants du Conseil national de transition (CNT) subissaient cependant un bombardement intensif de la part des forces pro-Kadhafi qui tenaient toujours le centre-ville, selon un journaliste de l’AFP sur place.
"Nous contrôlons le centre Ouagadougou à 100%. La voie est maintenant ouverte pour prendre toute la ville", située à 360 km à l’est de Tripoli, avait affirmé Mohamed al-Fayad, un chef militaire du nouveau régime, avant le début du bombardement pro-Kadhafi.
Selon lui, tout dépendra désormais de la coordination entre les combattants venus de Misrata à l’ouest et ceux venus de Benghazi à l’est, alors que les tirs fratricides augmentent au fur et à mesure que l’étau se resserre.
Prise du centre de conférences Ouagadougou
Construit au sud de Syrte pour accueillir des sommets panafricains et devenu une base pro-Kadhafi, le centre de conférences représentait un objectif majeur des pro-CNT depuis le début de leur offensive sur la ville le 15 septembre.
Il est constitué d’une vaste enceinte avec de nombreux bâtiments autour d’un immense édifice central aux allures de blockhaus.
A la mi-journée, ce bâtiment ultra-moderne était effectivement sous contrôle des pro-CNT, selon le journaliste de l’AFP. Plusieurs combattants s’acharnaient sur les portraits de Mouammar Kadhafi et les drapeaux verts de l’ancien régime.
Sur la grande avenue à l’extérieur du centre de conférence, des dizaines de pro-CNT ont paradé dans leurs véhicules pour célébrer cette percée, avant de se précipiter à couvert quand les forces pro-Kadhafi ont commencé à bombarder.
Quelques heures plus tôt, les forces du nouveau régime avaient pris le contrôle de l’université de Syrte, autre place forte des pro-Kadhafi ravagée par les combats à quelques centaines de mètres au sud-est du centre de conférences, selon le journaliste de l’AFP.
"Les combats ont été difficiles", a raconté un commandant pro-CNT, Nasser Zamoud. "Nous avons libéré la zone des chiens de Kadhafi", a-t-il ajouté alors que des centaines de combattants arpentaient le campus et celui, attenant, de la "nouvelle université", immense chantier avec des dizaines d’immeubles en construction depuis lesquels les tireurs pro-Kadhafi ont fait des ravages.
Sur le front ouest de Syrte, les combattants pro-CNT continuaient de progresser dans un complexe résidentiel de 700 appartements, qu’ils contrôlaient en quasi-totalité, selon un journaliste de l’AFP.
"Nous attendons des renforts, et ensuite nous allons avancer", a déclaré le commandant Ahmed Brasali. "Ce matin, nous avons été attaqués par 10 pro-Kadhafi à pied, qui ont tiré sur nous au lance-roquettes et à la kalachnikov. Nous les avons tous tués".
Combats meurtriers
Aucun bilan complet n’était disponible dans l’immédiat, mais selon le personnel d’un hôpital de campagne à l’ouest de Syrte, 18 combattants pro-CNT ont été tués et près de 300 blessés vendredi et samedi sur le seul front ouest. Un journaliste de l’AFP se trouvant avec des combattants du front est a aussi vu des victimes, sans pouvoir donner de bilan précis.
"Les dernières batailles sont toujours les plus terribles", a estimé samedi Moustapha Abdeljalil, le président du CNT, qui entend proclamer la "libération" du pays à la chute de l’ensemble de la région de Syrte.
Des habitants continuaient de fuir les combats. "Notre appartement a été détruit par un tir de mitrailleuse. Nous vivions dans les escaliers. Nous avons attendu longtemps (avant de fuir) parce que les pro-Kadhafi nous ont dit que si nous partions, ils ne nous laisseraient jamais revenir", a expliqué Nasser Hamid, fuyant avec sa famille.
"Les volontaires pro-Kadhafi disent qu’ils en ont marre, ils ne veulent plus se battre. Ils jettent leurs armes dans les poubelles", a assuré son épouse, Salima Ali Omar.
Selon la Croix-Rouge internationale, plusieurs milliers de civils sont toujours bloqués dans Syrte et seuls quelques médecins sont restés à l’hôpital Ibn Sina, où s’entassent blessés et réfugiés, juste à côté du Centre Ouagadougou.
Plus au sud, les combattants pro-CNT qui assiègent depuis plus d’un mois l’oasis de Bani Walid, autre bastion pro-Kadhafi dans le désert à 170 km au sud-est de Tripoli, ont fait part de leur frustration, assurant avoir reçu l’ordre d’attendre la chute de Syrte avant de lancer une offensive majeure.
Sous une pluie battante qui transformait le sable en boue collante, des combattants désoeuvrés tuaient samedi le temps en prenant le café, AK-47 en bandoulière ou poignard à la ceinture.
"La chute de Syrte est une question de jours. Bani Walid, on ne sait pas", a déclaré Mohamed Swedan, 65 ans, arrivant de Tripoli au volant d’un vieux pick-up chargé de vivres et de médicaments. "Mais les pro-Kadhafi vont perdre ici aussi, ça c’est certain", a-t-il assuré.
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