Libye : l’Otan et les autorités optimistes, les combattants piétinent

Les forces du nouveau régime libyen ont lancé une vaste opération pour chasser les derniers partisans de Mouammar Kadhafi de leur bastion de Syrte, mais sans succès pour le moment, les loyalistes faisant preuve d’une résistance acharnée.

Un combattant du nouveau régime tire à la mitrailleuse dans une rue de Syrte, le 7 octobre 2011. © AFP

Un combattant du nouveau régime tire à la mitrailleuse dans une rue de Syrte, le 7 octobre 2011. © AFP

Publié le 8 octobre 2011 Lecture : 3 minutes.

Mais pour le commandement de l’Otan, qui a pris la tête de l’opération "Protecteur unifié" en Libye fin mars, le "Guide" en fuite "n’exerce en réalité plus aucun contrôle ni commandement sur les forces (…) loyales", a rapporté un haut responsable américain de la Défense, sous couvert d’anonymat.

Un optimisme que semble partager les nouvelles autorités libyennes, qui jugent "la fin de la guerre très proche".

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Pas de progression à Syrte

"Il existe encore des poches de résistance mais cela ne va pas durer", a assuré vendredi Jallal al-Digheily, ministre de la Défense du Conseil national de transition (CNT), en référence à Syrte et à Bani Walid.

Sur le terrain, toutefois, la progression des forces du CNT n’était pas vraiment sensible à Syrte, à 360 kilomètres à l’est de Tripoli.

Les violents combats de rue, présentés comme une "grosse opération" par les pro-CNT, ont fait rage vendredi dans le centre de la ville côtière, en particulier autour du Centre de conférence Ouagadougou, rectangle de béton en forme d’énorme blockhaus, ancien haut-lieu des sommets panafricains devenu place forte des pro-Kadhafi.
Mais en fin de journée, le commandant pro-CNT Nasser Abou Zian a reconnu l’échec de l’offensive sur le Centre de conférence, la plupart des combattants ayant dû se retirer sous le feu des roquettes et des tireurs embusqués.

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"On leur tape dessus depuis des jours: à la roquette, au char, au canon, rien ne bouge. C’est à peine si la peinture est égratignée", a déploré dans la soirée le servant d’une mitrailleuse.

Aucun bilan n’était disponible pour l’ensemble de la ville, mais le Conseil militaire de Misrata, chargé du front ouest de la ville, a annoncé 11 morts et 193 blessés sur ce front.
Selon plusieurs combattants toutefois, l’offensive a permis la prise d’un complexe de 700 appartements près du Centre de conférence. Elle a également été l’occasion d’une démonstration de force des pro-CNT, qui ont poussé de tous côtés dans un effort coordonné, depuis l’ouest, le sud et l’est, afin d’acculer les pro-Kadhafi vers la mer, avec le soutien aérien de l’Otan.

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Mais à mesure que l’étau se resserre, les tirs fratricides augmentent. A plusieurs reprises vendredi, des combattants ont reçu l’ordre d’arrêter de tirer parce qu’ils touchaient d’autres pro-CNT quelques kilomètres plus loin, selon un journaliste de l’AFP.

Résistance opiniâtre

Samedi, une tempête de sable empêchant toute visibilité a provoqué une interruption des combats sur le front ouest de la ville, selon un journaliste de l’AFP sur place.
Plus au sud, à Bani Walid, vaste oasis au relief accidenté à 170 kilomètres au sud-est de Tripoli, les fidèles de l’ancien "Guide" en fuite opposaient eux aussi une résistance toujours opiniâtre, que les pro-CNT tentaient à nouveau de contourner en négociant avec les tribus de la ville.

Selon le commandant pro-CNT Omar Fifao, une délégation a été chargée de discuter avec des représentants des tribus. La rencontre devait avoir lieu vendredi ou samedi, en dehors de la ville.

"Nous avons demandé une réunion afin de pouvoir entrer à Bani Walid sans combat, mais s’il n’y a pas d’accord, nous n’aurons d’autre choix que d’attaquer", a-t-il déclaré à l’AFP, en évoquant un délai de "deux jours".

Des milliers d’habitants de Bani Walid ont fui la ville depuis plusieurs semaines, mais l’exode se poursuit. Selon le commandant Omar Binma, "entre 50 et 80 voitures transportant des familles sortent tous les jours de Bani Walid".

Malgré les combats, la relance de la production pétrolière libyenne, qui était de 1,6 million de barils par jour (b/j) avant le conflit lancé le 15 février et avait quasiment cessé, semble efficace, avec déjà 350.000 b/j, selon le Middle East Economic Survey (MEES).
 

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