Gaza : l’ONU met en garde Israël contre les « conséquences » d’un assaut sur Rafah

Alors que le secrétaire d’État américain Antony Blinken termine sa tournée au Moyen-Orient dans l’objectif de négocier une nouvelle trêve entre Tel-Aviv et le Hamas, les craintes s’accentuent pour les plus d’un million de Palestiniens coincés dans le sud de Gaza, où Tsahal veut lancer une nouvelle offensive.

Plus de 1,3 millions de Palestiniens sont réfugiés à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, à la suite des bombardements et assauts israéliens sur le nord et le centre du territoire palestinien. © AFP.

Plus de 1,3 millions de Palestiniens sont réfugiés à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, à la suite des bombardements et assauts israéliens sur le nord et le centre du territoire palestinien. © AFP.

Publié le 8 février 2024 Lecture : 4 minutes.

Israël enverra-t-il ses troupes sur Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, à la frontière fermée avec l’Égypte ? Alors que s’y entassent 1,3 million de Palestiniens, dont la grande majorité sont des personnes déplacées par les affrontements des derniers mois, le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou, a dit avoir ordonné le 7 février à l’armée israélienne de « préparer » une offensive contre la ville.

Après une première phase de son déploiement qui se concentrait dans le nord du territoire palestinien, l’armée israélienne a progressé vers le centre et le sud de Gaza, notamment dans la ville de Khan Younès, épicentre ces dernières semaines de combats acharnés et de raids aériens continus.

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Dans la nuit du 7 au 8 février, des témoins et des sources hospitalières ont d’ailleurs fait état de frappes mortelles dans le sud de la bande de Gaza, notamment à Rafah, le ministère de la Santé du Hamas dénombrant au total 109 morts sur cette très courte période.

Blinken appelle Israël à « protéger » les civils

Dans le même temps, le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, boucle ce 8 février sa tournée au Moyen-Orient par un entretien avec le chef de l’opposition israélienne, Yaïr Lapid, après des discussions séparées la veille avec le Netanyahou et le président palestinien, Mahmoud Abbas. Si le secrétaire d’État a plaidé pour une trêve permettant l’acheminement de davantage d’aide humanitaire et la libération des otages, il a aussi exhorté son allié israélien à « protéger » les civils dans la poursuite de ses opérations militaires.

Le secrétaire général de l’ONU, António Guterres, a mis en garde contre les « conséquences régionales incalculables » d’un éventuel assaut sur Rafah qui « augmenterait de façon exponentielle ce qui est déjà un cauchemar humanitaire ».

« En ce qui concerne Rafah […] Israël a la responsabilité et l’obligation de faire tout ce qui est possible pour s’assurer que les civils soient protégés et qu’ils aient accès à l’aide dont ils ont besoin », a déclaré de son côté Blinken.

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« Les Israéliens ont été déshumanisés de la façon la plus horrible qui soit le 7 octobre et les otages ont été déshumanisés chaque jour depuis. Mais cela ne peut servir de caution pour déshumaniser les autres. La majorité écrasante de la population de Gaza n’a rien à voir avec les attaques du 7 octobre », a-t-il ajouté.

Échange de prisonniers pour une nouvelle trêve

Pour sa cinquième tournée dans la région depuis le début de la guerre, Blinken a soutenu une proposition de trêve élaborée par des responsables américains, qataris et égyptiens fin janvier à Paris, à laquelle le Hamas a répondu. S’il a estimé que des éléments de la réponse du Hamas étaient « inacceptables », Blinken a dit néanmoins espérer une seconde trêve après celle d’une semaine en novembre qui avait notamment favorisé la libération d’otages à Gaza et de prisonniers palestiniens détenus en Israël.

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Or, l’Égypte et le Qatar parrainent « un nouveau cycle de négociations » qui débute jeudi au Caire et vise à obtenir « le calme dans la bande de Gaza » ainsi qu’un échange de prisonniers palestiniens et d’otages israéliens, a annoncé un responsable égyptien. Et le Hamas a précisé le 8 février au matin qu’une délégation menée par Khalil al-Hayya, haut responsable de son bureau politique, est attendue en matinée au Caire.

À Tel-Aviv, la veille, des otages libérés se sont réunis pour implorer le gouvernement Netanyahu de négocier un accord en vue de la libération des personnes toujours entre les mains du Hamas à Gaza. « J’y suis restée 52 jours. Pourquoi moi, une jeune fille de 16 ans, ai-je dû vivre un tel cauchemar ? […] Je suis peut-être vivante et je respire, mais mon âme a été tuée. Et tous ceux qui sont là-bas sont tués chaque jour à nouveau », a lancé Sahar Calderon, dont le père est toujours détenu à Gaza.

Risque de dérapage du conflit

La guerre à Gaza exacerbe par ailleurs les tensions au Moyen-Orient entre d’un côté Israël et ses alliés, dont Washington, et de l’autre l’Iran et son « axe de la résistance » qui comprend, outre le Hamas, le Hezbollah libanais, des milices irakiennes et les rebelles Houthis au Yémen.

Un haut commandant des Brigades du Hezbollah, influent groupe armé irakien pro-Iran, a été tué le 7 février au soir par une frappe américaine visant son véhicule à Bagdad, Washington l’accusant d’être impliqué dans la planification des attaques visant ses soldats au Moyen-Orient

Pour Comfort Ero, présidente de l’International Crisis Group (ICG), le risque de dérapage reste bien présent : « Je pense que les trois grands – l’Iran, Israël et les États-Unis – ne veulent pas d’escalade. Mais nous constatons également que nous nous rapprochons chaque jour un peu plus d’une erreur de calcul majeure. »

(avec AFP)

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