Madagascar : feuille de route signée, Ravalomana autorisé à rentrer

Les groupements politiques malgaches ont de façon inattendue signé à Antananarivo dans la nuit de vendredi à samedi une feuille de route de sortie de crise élaborée par la SADC, document qui permet théoriquement le retour du président évincé Marc Ravalomanana, en exil en Afrique du Sud, a constaté l’AFP.

Marc Ravalomanana est sous le coup de trois condamnations de la justice malgache. © AFP

Marc Ravalomanana est sous le coup de trois condamnations de la justice malgache. © AFP

Publié le 17 septembre 2011 Lecture : 3 minutes.

Les groupements politiques malgaches ont de façon inattendue signé à Antananarivo dans la nuit de vendredi à samedi une feuille de route de sortie de crise élaborée par la SADC, document qui permet théoriquement le retour du président évincé Marc Ravalomanana, en exil en Afrique du Sud, a constaté l’AFP.

Les mouvances des anciens présidents Ravalomanana et Zafy ont signé ce document, ce qu’elles avaient refusé de faire en mars dernier quand huit groupes politiques avaient paraphé une première version de cette feuille de route. La mouvance Ratsiraka a quant à elle réservé sa réponse.

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Alors que la Troïka de la SADC (Communauté des Etats d’Afrique australe) était dans la capitale malgache depuis mercredi, la situation a pu être débloquée grâce à un accord sur le sort de M. Ravalomanana.

Longues tractations

Après un amendement pris en juin par le sommet des chefs d’Etat de la SADC, prévoyant le retour "sans conditions" des exilés politiques, dont M. Ravalomanana, les explications du secrétaire exécutif de l’organisation Tomasz Salomao avaient créé le trouble.

Dans une lettre aux leaders politiques malgaches que l’AFP s’est procuré, M. Salomao a finalement reconnu qu’il n’avait pas donné une "interprétation précise" de la décision prise à Sandton (Afrique du Sud).

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Après de longues tractations, le régime de transition d’Andry Rajoelina a ainsi accepté de se plier à cette exigence, alors qu’il avait affiché sa détermination à ne pas laisser revenir M. Ravalomanana dans l’immédiat.

Incertitudes

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Ce dernier est toutefois sous le coup de trois condamnations par la justice malgache depuis qu’il a quitté le pouvoir, notamment à une peine aux travaux forcés pour la tuerie qui s’était déroulé devant le palais présidentiel en février 2009, faisant 36 morts.

Le retour de M. Ravalomanana reste donc encore incertain, même si son représentant Mamy Rakotoarivelo a affirmé à l’AFP penser "raisonnablement qu’il pourra revenir dès lors que les nouvelles institutions de la transition seront mises en place."

"M. Ravalomanana n’est pas un téméraire, il sait que l’armée (malgache) n’est pas du tout favorable à son retour", remarque au contraire Evariste Marson, signataire pour l’UDR-C (Union des démocrates et républicains – changement, l’une des deux plateformes soutenant officiellement M. Rajoelina).

Contacté par l’AFP, M. Marson reconnaît que jusqu’à vendredi en début de soirée, l’option d’une "rupture" avec la SADC était envisagée. "Nous sommes restés fermes envers elle, et l’annexe à la feuille de route permet ainsi à l’Etat malgache d’exercer sa souveraineté ", assure-t-il.

Début du processus

Cette "note explicative" qui a favorisé l’acceptation du document par le régime rappelle que la SADC ne pourra s’ingérer en matière de justice ou d’amnistie. Par ailleurs, la feuille de route prévoit un partage du pouvoir jusqu’à l’organisation d’élections législatives et présidentielle, M. Rajoelina demeurant président de la transition.

"Dire que la mouvance Ravalomanana est complètement satisfaite serait mentir, mais nous avons placé d’abord les intérêts supérieurs de la nation en taisant une partie de nos demandes d’amendements ", a concédé M. Rakotoarivelo. "C’est le début du processus, et non la fin", a prévenu dans son discours de clôture le vice-ministre sud-africain des Affaires étrangères Marius Fransman, qui dirigeait la Troïka de la SADC.

"C’est un succès pour les Malgaches, qui ont prouvé qu’ils étaient capables de réagir d’un commun accord, et aussi pour la SADC, c’est un beau retournement de dernière minute ", à pour sa part commenté à l’AFP Philippe Willaert, chargé d’affaire par intérim de délégation de l’Union européenne.

Des appuis financiers et techniques des bailleurs de fonds sont prévus par le document pour l’organisation des élections, tout comme la " suspension et levée progressive des sanctions " au fur et à mesure du bon déroulement du processus, et la "possibilité de reprendre l’aide et la coopération au développement".

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