CAN : José Peseiro, le « coach démocratique » dont le Nigeria rêvait de se séparer

On doutait des choix de l’entraîneur portugais, pointait ses défaites successives à la tête de sélection nationale… c’est pourtant lui qui a porté les Super Eagles jusqu’à la finale de cette CAN, qui se déroulera dimanche 11 février.

José Peseiro, le coach des Super Eagles, le 7 février 2024. © Issouf SANOGO / AFP

José Peseiro, le coach des Super Eagles, le 7 février 2024. © Issouf SANOGO / AFP

Publié le 9 février 2024 Lecture : 3 minutes.

La fédération nigériane regrettait de ne pas avoir les moyens de le licencier il y a deux mois, et voilà José Peseiro, autoproclamé « coach démocratique », en finale de la Coupe d’Afrique des nations, dimanche 11 février à Abidjan contre la Côte d’Ivoire.

Il est rare qu’un sélectionneur du Nigeria résiste à une telle entame. Arrivé en mai 2022, le Portugais a perdu cinq de ses sept premiers matchs. Puis il a raté les débuts des qualifications au Mondial 2026 en novembre avec deux nuls contre des adversaires largement à la portée des Super Eagles, le Lesotho et le Zimbabwe (1-1 les deux fois). « Si nous avions l’argent (pour payer ses indemnités), nous serions prêts à le démettre de ses fonctions, nous ne sommes pas contents », a lancé en novembre un dirigeant de la fédération nigériane (NFF), Nse Essien.

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Peseiro a continué à préparer son équipe, a titularisé juste avant la CAN un gardien inconnu, Stanley Nwabali, une seule sélection en 2021, où il avait pris quatre buts au Mexique (4-0). Mais son travail a fini par payer. « Jusqu’ici le Nigeria a perdu un seul match de compétition (1-0 en Guinée-Bissau), un match que nous pouvions gagner 5 ou 6 à 1, mais on me parle encore et encore de ce match », se justifie le technicien vainqueur de la demi-finale contre l’Afrique du Sud (1-1, 4 t.a.b. à 2).

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Il a également une théorie sur les matchs de préparation perdus. « Pour évaluer les joueurs, notre équipe nationale a affronté des grosses équipes en matchs amicaux, le Mexique (2-1), l’Équateur (1-0), l’Algérie (1-0), le Portugal (4-0), et à l’extérieur ! » a lancé Peseiro. « Les autres sélections n’affrontent pas d’équipes aussi fortes, et les battent, à domicile », souligne-t-il.

Dans le pays le plus peuplé d’Afrique, avec plus de 210 millions de sélectionneurs potentiels, le rôle de coach national est très exposé. Quand les Super Eagles n’ont pas gagné, la question « Will you resign ? » (« Allez-vous démissionner ? ») ouvre souvent les conférences de presse d’après-match. L’Allemand Berti Vogts avait eu du mal à se faire à ce traitement à la CAN 2008.

Peseiro a aussi été griffé dans la presse locale pour ses méthodes, notamment quand il lui arrive de priver ses joueurs de téléphones portables. « Je peux me mettre en colère si on ne suit pas les règles, mais c’est parce qu’une équipe avec des règles est plus forte », plaide l’ancien coach du Sporting, finaliste de la Coupe de l’UEFA 2005. « Et à propos des téléphones, non, on ne peut pas les emmener sur le terrain. Mais le matin ils peuvent l’avoir », précise-t-il. Peseiro explique juste avoir mis en garde ses joueurs contre l’abus des réseaux sociaux.

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Toucher leur conscience

« S’ils parlent bien de vous, vous pouvez planer, et s’ils parlent mal de vous, vous pouvez vous enterrer », développe-t-il. « Je suis un coach démocratique, j’essaie juste d’être l’entraîneur en chef, j’ai été joueur, pas au niveau de Ola Aina (le défenseur assis à ses côtés en conférence de presse avant la demie), à cette époque quand le coach disait : Fais-le, je le faisais », raconte Peseiro.

« Il est dur avec nous quand c’est nécessaire, estime Ola Aina, mais il compte sur nous, il me semble que c’est équilibré et qu’il nous mène dans la bonne direction ».

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« Mais maintenant c’est différent », reprend Peseiro, « un entraîneur doit partager sa philosophie. Bien sûr à chaque fois c’est moi qui décide, mais si je choisis le meilleur système de jeu, j’ai besoin de comprendre si mes joueurs sont à l’aise avec ». « Je fais des réunions, des réunions collectives, individuelles, je leur demande ce qu’ils pensent du match, de nos règles… Bien sûr je ne leur demande jamais qui doit jouer… » sourit-il.

« J’essaie de toucher leur conscience. J’essaie non pas de les coacher mais de leur parler. Parce que vous croyez qu’ils savent, mais ce sont des gamins (rires) ! À 25 ans j’étais comme eux, et je n’ai pas joué à ce niveau », conclu le coach pas angoissé par la tyrannie du résultat avant de jouer une finale.

(Avec AFP)

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